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Enfants-soldats

Démobiliser les enfants-soldats

Non à l’utilisation d’enfants-soldats dans les conflits! Un traité vient d’interdire cette pratique. Adopté le 25 mai 2000 par l'assemblée générale de l'ONU, le texte proscrit la participation d'enfants âgés de moins de 18 ans dans des conflits armés. Même si c’est un premier pas dans la lutte contre cette pratique, la plupart des pays concernés n’ont toujours pas ratifié le texte et sur le terrain, en Afrique notamment, les petits soldats sont toujours enrôlés de force.
Ce texte est entré en vigueur après avoir été signé par 96 pays et ratifié par quatorze autres: le Canada, le Bangladesh, le Sri Lanka, Andorre, Panama, l’Islande, le Vietnam, le Vatican, la République démocratique du Congo, la Nouvelle Zélande, la République tchèque, le Kenya, Monaco et la Roumanie.

Autant dire que manquent à l’appel les principaux pays utilisant les enfants comme ressources guerrières et chair à canon à bon marché. C’est pourquoi à Genève, Mary Robinson, le Haut commissaire pour les droits de l’Homme, a exhorté les 82 pays signataires à ratifier rapidement ce traité. «Nous appelons tous les gouvernements et les groupes armés à mettre fin au recrutement militaire des enfants de moins de 18 ans et à réhabiliter les enfants-soldats enrôlés actuellement», a-t-elle dit.

Car sur le terrain on estime toujours à quelque 300.000 le nombre d’enfants qui combattent dans plus d’une trentaine de pays, au sein de forces gouvernementales, milices ou groupes rebelles. Une coalition de 500 ONG s’est également mobilisée pour lutter contre cette pratique. Elle affirme que si la situation semble s’être améliorée au Moyen-Orient et en Amérique latine (à l’exception de la Colombie où l’on cite le chiffre de 400.000 enfants utilisées par les forces armées révolutionnaires), elle s’est dégradée, voire a empiré en Asie et en Afrique.

L’enfance traumatisée

Outre le Soudan, l’exemple qui vient aussitôt à l’esprit est celui du Liberia, petit pays d’Afrique de l’Ouest, enlisé dans une interminable guerre civile. L’Unicef a exprimé sa préoccupation après la remobilisation d’une partie des 15.000 enfants libériens utilisés par les factions rivales entre 1990 et 1997.

La plupart des enfants soldats utilisés dans les divers pays ont entre quinze et dix-huit ans et leur recrutement débute parfois à l’âge de sept ans. «J’ai rencontré en Sierra Leone, en Colombie certains d’entre eux, a expliqué Mary Robinson. J’ai vu combien leur sort était horrible et brutal. Ils ne sont pas volontaires mais poussés vers la ligne de front».

Toujours en Afrique, l’AFP a recueilli un témoignage de Napoléon, un ex-enfant soldat soudanais recruté en Ethiopie à l’âge de onze ans dans un camp militaire de la SPLA, l’Armée de libération des peuples du Soudan. Aujourd’hui âgé de 28 ans, il explique qu’il y a suivi un entraînement pendant six mois avant de changer de camp. Après sept années d’entraînement à la guerre, il s’est retrouvé à la tête de quelque 200 autres enfants. L’apprentissage consistait à la pose de mines, l’assassinat et l’infiltration d’ennemis. Mais comme tous ses compagnons qui s’en sont sortis, Napoléon reste discret sur son passé et préfère taire certains souvenirs: «Il y a des expériences dont je ne veux pas parler, des images qui restent gravées dans mon cerveau».



par Sylvie  Berruet (avec AFP)

Article publié le 14/02/2002

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