Internet et élections
Les candidats investissent les réseaux
Après le Web, le téléphone portable s’est mis à l’heure de la campagne avec les chats SMS. Le candidat Chevènement a inauguré le concept le 6 février dernier, suivi par Alain Madelin. D’autres prétendants à l’Elysée devraient se lancer dans l’aventure du SMS. Opération de marketing ou véritable outil de démocratie participative ?
Fini, le temps des poignées de mains sur les marchés et dans les meetings? Le seul endroit où l’on peut espérer rencontrer et dialoguer avec le futur président de la France sont les réseaux. Si les municipales ont institutionnalisé le bavardage avec les chats et les forums sur le Net. Les présidentielles devraient, elles, consacrer le «clavardage» – comme disent les Québecois- avec les SMS (Short Message Service) sur le mobile. L’Internet n’est plus le seul outil interactif où les citoyens sont invités à donner à débattre. Les politiques font preuve cette fois-ci d’imagination et communiquent de façon ludique via les chats SMS. Rapides, discrets et peu onéreux, les SMS sont à la mode. Plusieurs millions de ces petites messages circulent tous les mois en France sur le Web et sur les mobiles. Définitivement entrés dans les mœurs, ils véhiculent un nouveau mode de pensée et un argot de tribu. Un adolescent sur cinq n’utilise son portable que pour envoyer ces télémessages, ou pour converser, en tout anonymat, avec d’autres possesseurs de téléphones mobiles ou via le réseau Internet.
Les politiques ont compris l’intérêt du phénomène pour faire circuler leurs idées parmi les jeunes. Le SMS comme l’Internet ne fera la différence au scrutin, mais mérite que l’on s’y attarde. Pour le moment, seuls Jean-Pierre Chevènement et Alain Madelin ont répondu aux appels recensés par texto (un produit SFR). Le prochain sur la liste est Noël Mamère. D’autres politiques devraient suivre. Selon la société Freever qui a mis en place la plate-forme de chat SMS, le public a répondu présent, principalement des jeunes de 16 à 24 ans. 40 000 questions auraient été posées à Jean-Pierre Chevènement par un public pas toujours en âge de voter, et qui ne correspond pas au profil de son électorat supposé. Alain Madelin a affirmé avoir reçu 89 000 messages texto par téléphones mobiles. Des spécialistes se sont penchés sur ces résultats et les ont contesté. Il n’y a aucune preuve sur la validité des chiffres annoncés par le candidat de Démocratie Libérale.
«Meuf», «keuf»…
Les thèmes abordés lors de ces opérations ont évidemment une connotation jeune: la légalisation du cannabis, les rave parties, le chômage, l’environnement et la mondialisation. On constate que les questions posées par SMS ou sur un chat via le Net sont très proches des questions que l’on soumet aux candidats lors de leurs passages à la télévision. Il n’y a pas également de grandes différences dans les réponses qui sont données. Seule la forme change: des questions un peu plus directes, des réponses par abréviations, onomatopées ou par signes (écriture phonétique). Jean-Pierre Chevènement a, par exemple, utilisé lors sa session de chat, les mots «meuf» ou «keuf». Opération de marketing auprès des jeunes ou véritable effort pour engager un débat avec les citoyens? On peut s’interroger sur l’apport de ces opérations très médiatisées, qui deviennent un passage obligé, pour les politiques comme l’est Internet.
Tous les candidats sont aujourd’hui présents sur la Toile. Il faut disposer d’une adresse web que l’on s’appelle Jacques Chirac, Lionel Jospin, Jean-Pierre Chevènement, Robert Hue ou Noël Mamère. Rien de révolutionnaire… On découvre des sites conventionnels bien fournis en données: le programme du candidat, son journal de campagne, des communiqués de presse, des photos et biographies. Par rapport aux municipales, les sites sont plus rafraîchis, les forums remplis. Avec des services plus ou moins ajoutés. Par exemple, le site de Noël Mamère propose une lettre de diffusion pour suivre sa campagne, Jean-Marie Le Pen des vidéos de ses meetings et celui de Christine Boutin, son agenda en ligne. Mais on ne peut pas attendre de la part des candidats un investissement disproportionné par rapport aux perspectives de rentabilité. La gestion d’e-mails, la vidéo coûte très cher. Aux Etats-Unis, les deux favoris ont dépensé près de dix millions de dollars à la seule collecte d’adresses et à leur exploitation diverse et variée.
Le petit plus est le dialogue que les candidats établissent avec les citoyens-internautes. Les prétendants à l’Elysée ont pris conscience que près d’un électeur sur deux, est connectée au travail ou à domicile. D’où des gros efforts de leur part. François Bayrou a ajouté de la vidéo à ses sessions de chat du vendredi. Mais nul doute, Alain Madelin est celui qui s’est le mieux approprié l’outil dans sa campagne comme l’explique Frédéric Van-Batten, webmaster éditorial de Franceelections2002, un site généraliste sur les élections sur le Web: «Très motivé par les TIC, Alain Madelin dialogue souvent en chat avec les internautes en direct et répond aux e-mails. Son site permet par exemple de lui verser un don grâce au paiement en ligne. Il a été l’un des premiers à proposer en ligne un jeu «Présidentielle poursuite» et des cartes de vœux à l’effigie du candidat.» Il y a cette année de présidentielles contrairement aux municipales une effervescence de la «Net campagne» à travers les sites parodiques, les sites parallèles, les sites officieux et la presse en ligne. Cela dit, comme le souligne François Freby, le fondateur du site l’Observatoire de la Net campagne: «une parole bien placée devant les caméras lors du salon de l’agriculture suffit peut-être à déplacer autant de voix que trois mois de Net campagne avec une équipe et une agence Web.»
Les politiques ont compris l’intérêt du phénomène pour faire circuler leurs idées parmi les jeunes. Le SMS comme l’Internet ne fera la différence au scrutin, mais mérite que l’on s’y attarde. Pour le moment, seuls Jean-Pierre Chevènement et Alain Madelin ont répondu aux appels recensés par texto (un produit SFR). Le prochain sur la liste est Noël Mamère. D’autres politiques devraient suivre. Selon la société Freever qui a mis en place la plate-forme de chat SMS, le public a répondu présent, principalement des jeunes de 16 à 24 ans. 40 000 questions auraient été posées à Jean-Pierre Chevènement par un public pas toujours en âge de voter, et qui ne correspond pas au profil de son électorat supposé. Alain Madelin a affirmé avoir reçu 89 000 messages texto par téléphones mobiles. Des spécialistes se sont penchés sur ces résultats et les ont contesté. Il n’y a aucune preuve sur la validité des chiffres annoncés par le candidat de Démocratie Libérale.
«Meuf», «keuf»…
Les thèmes abordés lors de ces opérations ont évidemment une connotation jeune: la légalisation du cannabis, les rave parties, le chômage, l’environnement et la mondialisation. On constate que les questions posées par SMS ou sur un chat via le Net sont très proches des questions que l’on soumet aux candidats lors de leurs passages à la télévision. Il n’y a pas également de grandes différences dans les réponses qui sont données. Seule la forme change: des questions un peu plus directes, des réponses par abréviations, onomatopées ou par signes (écriture phonétique). Jean-Pierre Chevènement a, par exemple, utilisé lors sa session de chat, les mots «meuf» ou «keuf». Opération de marketing auprès des jeunes ou véritable effort pour engager un débat avec les citoyens? On peut s’interroger sur l’apport de ces opérations très médiatisées, qui deviennent un passage obligé, pour les politiques comme l’est Internet.
Tous les candidats sont aujourd’hui présents sur la Toile. Il faut disposer d’une adresse web que l’on s’appelle Jacques Chirac, Lionel Jospin, Jean-Pierre Chevènement, Robert Hue ou Noël Mamère. Rien de révolutionnaire… On découvre des sites conventionnels bien fournis en données: le programme du candidat, son journal de campagne, des communiqués de presse, des photos et biographies. Par rapport aux municipales, les sites sont plus rafraîchis, les forums remplis. Avec des services plus ou moins ajoutés. Par exemple, le site de Noël Mamère propose une lettre de diffusion pour suivre sa campagne, Jean-Marie Le Pen des vidéos de ses meetings et celui de Christine Boutin, son agenda en ligne. Mais on ne peut pas attendre de la part des candidats un investissement disproportionné par rapport aux perspectives de rentabilité. La gestion d’e-mails, la vidéo coûte très cher. Aux Etats-Unis, les deux favoris ont dépensé près de dix millions de dollars à la seule collecte d’adresses et à leur exploitation diverse et variée.
Le petit plus est le dialogue que les candidats établissent avec les citoyens-internautes. Les prétendants à l’Elysée ont pris conscience que près d’un électeur sur deux, est connectée au travail ou à domicile. D’où des gros efforts de leur part. François Bayrou a ajouté de la vidéo à ses sessions de chat du vendredi. Mais nul doute, Alain Madelin est celui qui s’est le mieux approprié l’outil dans sa campagne comme l’explique Frédéric Van-Batten, webmaster éditorial de Franceelections2002, un site généraliste sur les élections sur le Web: «Très motivé par les TIC, Alain Madelin dialogue souvent en chat avec les internautes en direct et répond aux e-mails. Son site permet par exemple de lui verser un don grâce au paiement en ligne. Il a été l’un des premiers à proposer en ligne un jeu «Présidentielle poursuite» et des cartes de vœux à l’effigie du candidat.» Il y a cette année de présidentielles contrairement aux municipales une effervescence de la «Net campagne» à travers les sites parodiques, les sites parallèles, les sites officieux et la presse en ligne. Cela dit, comme le souligne François Freby, le fondateur du site l’Observatoire de la Net campagne: «une parole bien placée devant les caméras lors du salon de l’agriculture suffit peut-être à déplacer autant de voix que trois mois de Net campagne avec une équipe et une agence Web.»
par Myriam Berber
Article publié le 14/03/2002
