Entreprises
Jean-Marie Messier dans la tempête
Le temps risque de paraître bien court à Jean-Marie Messier, PDG de Vivendi Universal, jusqu’au 24 avril, date du conseil d’administration et de l’assemblée générale des actionnaires du deuxième groupe mondial de communication. D’ici là, en effet, il doit tenter de remettre de l’ordre dans le groupe et ses filiales afin de restaurer la confiance des administrateurs et des marchés financiers.
A peine arrivé à Paris pour préparer les échéances du 24 avril pour son groupe, Jean-Marie Messier a dû régler la crise ouverte à Canal+ par la démission de Denis Olivennes, le directeur général de la chaîne de télévision par abonnement. La désignation de son successeur devait servir de baromètre à l’intensité des désaccords entre le PDG de Vivendi Universal et Pierre Lescure, le président de Canal+.
Sur ce point la démonstration a été rapide : J2M a annoncé que Xavier Couture, actuellement directeur de l’antenne de TF1, prenait la présidence du directoire de Canal +, en remplacement de Pierre Lescure qui quittera ses fonctions le 24 avril lors de l'Assemblée générale des actionnaires.
Celui qui fut le chouchou des boursiers et l’idole de la presse économique lors de la constitution, en décembre 2000, du groupe Vivendi Universal (VU) affronte depuis plusieurs semaines une sévère tempête : chute accélérée des cours de bourse, annonce de mauvais résultats pour 2001, tangage dans les filiales comme Vivendi Environnement ou Canal+. La déstabilisation de J2M est en jeu et on ne recule plus désormais devant l’hypothèse de son départ.
Il est vrai que plus personne ne comprend exactement la stratégie de Jean-Marie Messier dont le groupe, né dans la distribution d’eau, s’est lancé dans une politique d’expansion à bride abattue dans les télécoms et les médias. A n’importe quel prix, diraient ses détracteurs, puisqu’il a fallu récemment prendre en compte dans le bilan de l’entreprise, l’écart entre le prix payé pour acquérir Canal+ ou Seagram et leur valeur réelle, c’est-à-dire l’amortissement dit de survaleur.
Cette stratégie d’achat d’actifs à partir du noyau dur de l’ex-Générale des eaux a entraîné une forte augmentation de l’endettement du groupe qui est passé à près de 29 milliards d’euros en 2001 alors que la dette était nulle à la constitution du groupe il y a moins de 18 mois. Le montant de cette dette inquiète les marchés, notamment les fonds spéculatifs anglo-saxons, qui n’ont guère tardé à sanctionner le titre, passé au-dessous des 40 euros, soit une baisse de plus du tiers depuis janvier et de 75% depuis 2000.
D’où l’idée désendetter le groupe en cédant rapidement quelques actifs, tels la chaîne de multiplexes
United Cinemas International (UCI) ou, selon une rumeur persistante, Vivendi Environnement. Or, Vivendi Environnement spécialisée dans les services d’eau, propreté, énergie et transports représente encore la moitié du chiffre d’affaires du groupe VU.
Mise sous tutelle ?
Dans cette ambiance, les administrateurs et actionnaires du groupe ne manqueront pas de demander des comptes au PDG de Vivendi Universal. Lequel vient de s’engager à ne pas percevoir de complément de rémunérations sous forme de stock-options en 2002 si le cours de bourse ne remontait pas à 60 euros d’ici septembre prochain.
D’autant que le recentrage du groupe sur les médias, parfois qualifié de boulimique, ne va pas sans critiques, en France, sur le risque de concentration toujours plus grande des industries culturelles au détriment de la diversité. En décembre dernier J2M s’était attiré les foudres des milieux culturels en proclamant la fin de l’exception culturelle française. De plus, selon le quotidien le Monde un membre éminent du conseil d’administration de VU, Claude Bébear, président du conseil de surveillance d’Axa a entrepris de rassembler autour de lui les administrateurs français du groupe afin de présenter une position commune le 24 avril. Cela pourrait être la mise sous contrôle du PDG sous forme d’encadrement de ses pouvoirs ou d’un conseil de surveillance. Ou, encore, le départ de Jean-Marie Messier qui pourrait mal supporter cette tutelle.
Sur ce point la démonstration a été rapide : J2M a annoncé que Xavier Couture, actuellement directeur de l’antenne de TF1, prenait la présidence du directoire de Canal +, en remplacement de Pierre Lescure qui quittera ses fonctions le 24 avril lors de l'Assemblée générale des actionnaires.
Celui qui fut le chouchou des boursiers et l’idole de la presse économique lors de la constitution, en décembre 2000, du groupe Vivendi Universal (VU) affronte depuis plusieurs semaines une sévère tempête : chute accélérée des cours de bourse, annonce de mauvais résultats pour 2001, tangage dans les filiales comme Vivendi Environnement ou Canal+. La déstabilisation de J2M est en jeu et on ne recule plus désormais devant l’hypothèse de son départ.
Il est vrai que plus personne ne comprend exactement la stratégie de Jean-Marie Messier dont le groupe, né dans la distribution d’eau, s’est lancé dans une politique d’expansion à bride abattue dans les télécoms et les médias. A n’importe quel prix, diraient ses détracteurs, puisqu’il a fallu récemment prendre en compte dans le bilan de l’entreprise, l’écart entre le prix payé pour acquérir Canal+ ou Seagram et leur valeur réelle, c’est-à-dire l’amortissement dit de survaleur.
Cette stratégie d’achat d’actifs à partir du noyau dur de l’ex-Générale des eaux a entraîné une forte augmentation de l’endettement du groupe qui est passé à près de 29 milliards d’euros en 2001 alors que la dette était nulle à la constitution du groupe il y a moins de 18 mois. Le montant de cette dette inquiète les marchés, notamment les fonds spéculatifs anglo-saxons, qui n’ont guère tardé à sanctionner le titre, passé au-dessous des 40 euros, soit une baisse de plus du tiers depuis janvier et de 75% depuis 2000.
D’où l’idée désendetter le groupe en cédant rapidement quelques actifs, tels la chaîne de multiplexes
United Cinemas International (UCI) ou, selon une rumeur persistante, Vivendi Environnement. Or, Vivendi Environnement spécialisée dans les services d’eau, propreté, énergie et transports représente encore la moitié du chiffre d’affaires du groupe VU.
Mise sous tutelle ?
Dans cette ambiance, les administrateurs et actionnaires du groupe ne manqueront pas de demander des comptes au PDG de Vivendi Universal. Lequel vient de s’engager à ne pas percevoir de complément de rémunérations sous forme de stock-options en 2002 si le cours de bourse ne remontait pas à 60 euros d’ici septembre prochain.
D’autant que le recentrage du groupe sur les médias, parfois qualifié de boulimique, ne va pas sans critiques, en France, sur le risque de concentration toujours plus grande des industries culturelles au détriment de la diversité. En décembre dernier J2M s’était attiré les foudres des milieux culturels en proclamant la fin de l’exception culturelle française. De plus, selon le quotidien le Monde un membre éminent du conseil d’administration de VU, Claude Bébear, président du conseil de surveillance d’Axa a entrepris de rassembler autour de lui les administrateurs français du groupe afin de présenter une position commune le 24 avril. Cela pourrait être la mise sous contrôle du PDG sous forme d’encadrement de ses pouvoirs ou d’un conseil de surveillance. Ou, encore, le départ de Jean-Marie Messier qui pourrait mal supporter cette tutelle.
par Francine Quentin
Article publié le 16/04/2002