Pays-Bas
Le chef de l’extrême droite assassiné
L’assassinat du leader d’extrême droite Pim Fortuyn provoque une vague d’indignation et d’émotion aux Pays-Bas et en Europe
Politique ou non, l’assassinat du leader populiste plonge les Pays-Bas dans la consternation. Les Hollandais cultivaient cette différence qui faisait de leur pays un territoire à part, un havre de tolérance et d’humanisme à l’abri de toutes ces dérives qui affectent «les autres», Américains et Européens du sud: un pays où le Premier ministre n’a pas besoin d’une escorte pour se déplacer. Le réveil est douloureux. Les réactions enregistrées au lendemain de cette tragique disparition décrivent un peuple en état de choc. Non pas que Pim Fortuyn fut un dirigeant politique aimé et respecté de l’ensemble de ses concitoyens. Mais ce n’est pas sur ce terrain de la terreur armée que les formations politiques entendaient mener leur combat contre lui, mais sur celui du débat d’idées. Curieusement, en dépit de son fond de commerce populiste et xénophobe, de ses prises de positions contre l’islam, les immigrés et les drogués, ce professeur de sociologie de 54 ans au crâne rasé échappait aux qualificatifs ordinaires de «raciste» et «fasciste» plus volontiers en circulation là où l’extrême droite enregistre des scores honorables. Peut-être en raison de son homosexualité affichée et de ses prises de position en faveur de la tolérance dont il estimait qu’elle était justement menacée par les Musulmans. D’ailleurs lui-même refusait toute comparaison avec des personnages comme Jean-Marie Le Pen, dont il condamnait l’antisémitisme.
Des démocraties inquiètes et des militants éplorés
Sur le plan politique, son charisme avait récemment valu à son ancien mouvement, le Leefbaar Nederland («Pays-Bas vivables»), de se hisser jusqu’à la scène politique nationale, après avoir obtenu un succès significatif à Rotterdam lors des élections municipales du mois de mars, en enregistrant 35% des suffrages. Mais, apparemment, ses prises de positions radicales et aux limites de l’insulte contre les immigrés, essentiellement contre les Marocains et les Turcs, avaient fini par incommoder ses amis. Tant et si bien qu’il quitta la formation pour s’engager sous son propre nom, au sein de la Ljist Pim Fortuyn, dans le combat pour les législatives de la mi-mai.
L’émotion soulevée par cette disparition est telle que les autorités néerlandaises se sont interrogées un moment sur la question de repousser la date des élections. Finalement elles se tiendront bien, comme prévu, le 15 mai. Mais cette émotion est également perceptible dans les autres pays européens où cet épisode renvoie à ses propres affaires politiques. Les questions de sécurité, d’immigration, de nationalité, les thèmes développés par Pim Fortuyn et ses amis figurent parmi les thèmes de campagne de bon nombre de pays de l’Union européenne où les idées d’extrême droite s’affichent désormais sans retenue. Et le spectre d’une dégradation des mœurs politiques et du recours à la violence, là où devraient prévaloir les arguments, provoquent une vive inquiétude. La presse européenne et les réactions officielles s’en font l’écho.
L’agresseur présumé de Pim Fortuyn a été arrêté peu après l’assassinat. Selon un responsable du ministère de la Justice, cet homme, âgé de 32 ans, serait un proche de la mouvance écologiste. Son acte laisse des démocrates inquiets et des militants éplorés, parmi lesquels le numéro deux de la Ljist Pim Fortuyn, Joao Varela, un Cap-verdien noir qui a déclaré avoir perdu une sorte de «père».
A écouter également:
René Terster, journaliste au quotidien néerlandais Het Parol, explique l'importante émotion des Hollandais devant l'assassinat du leader d'extrême droite Pim Fortuyn (Invité de la rédaction, 7 mai 2002).
Des démocraties inquiètes et des militants éplorés
Sur le plan politique, son charisme avait récemment valu à son ancien mouvement, le Leefbaar Nederland («Pays-Bas vivables»), de se hisser jusqu’à la scène politique nationale, après avoir obtenu un succès significatif à Rotterdam lors des élections municipales du mois de mars, en enregistrant 35% des suffrages. Mais, apparemment, ses prises de positions radicales et aux limites de l’insulte contre les immigrés, essentiellement contre les Marocains et les Turcs, avaient fini par incommoder ses amis. Tant et si bien qu’il quitta la formation pour s’engager sous son propre nom, au sein de la Ljist Pim Fortuyn, dans le combat pour les législatives de la mi-mai.
L’émotion soulevée par cette disparition est telle que les autorités néerlandaises se sont interrogées un moment sur la question de repousser la date des élections. Finalement elles se tiendront bien, comme prévu, le 15 mai. Mais cette émotion est également perceptible dans les autres pays européens où cet épisode renvoie à ses propres affaires politiques. Les questions de sécurité, d’immigration, de nationalité, les thèmes développés par Pim Fortuyn et ses amis figurent parmi les thèmes de campagne de bon nombre de pays de l’Union européenne où les idées d’extrême droite s’affichent désormais sans retenue. Et le spectre d’une dégradation des mœurs politiques et du recours à la violence, là où devraient prévaloir les arguments, provoquent une vive inquiétude. La presse européenne et les réactions officielles s’en font l’écho.
L’agresseur présumé de Pim Fortuyn a été arrêté peu après l’assassinat. Selon un responsable du ministère de la Justice, cet homme, âgé de 32 ans, serait un proche de la mouvance écologiste. Son acte laisse des démocrates inquiets et des militants éplorés, parmi lesquels le numéro deux de la Ljist Pim Fortuyn, Joao Varela, un Cap-verdien noir qui a déclaré avoir perdu une sorte de «père».
A écouter également:
René Terster, journaliste au quotidien néerlandais Het Parol, explique l'importante émotion des Hollandais devant l'assassinat du leader d'extrême droite Pim Fortuyn (Invité de la rédaction, 7 mai 2002).par Georges Abou
Article publié le 07/05/2002
