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Guinée-Bissau

Entre Bissau et Banjul, le torchon brûle

Entre la Guinée-Bissau et la Gambie, rien ne va plus. Les relations entre les deux pays seraient même «franchement exécrables». C’est du moins l’avis du colonel Domingo Barros, Directeur général de la Sûreté nationale de Guinée-Bissau, actuellement en visite à Dakar.
de notre correspondant à Dakar

Les autorités de la Guinée-Bissau, le président Kumba Yalla en tête, accusent la Gambie du président Yaya Jammey, «d’abriter et d’entraîner 650 hommes» proches du défunt général Ansoumane Mané. Selon le colonel Barros, ces éléments, tous proches de Mané qui «avaient fui» Bissau après la tentative de coup d’Etat des 22 et 23 novembre 2000, «ont le soutien politique, financier et militaire des autorités gambiennes». Ces hommes seraient dirigés par l’ex-chef du protocole de Mané, le commandant Idrissa Diallo et auraient comme bailleur de fonds, la propre épouse du général défunt.

Le colonel Barros cite également parmi les dissidents, le lieutenant colonel Alang Camara, l’ex-ministre de la Défense, Benente, ainsi que l’ex-procureur de la République, Amine Saad. Ces deux derniers avaient été arrêtés suite à une autre tentative de coup d’Etat, le 2 décembre 2001, puis libérés en mars 2002. Ils sont en liberté provisoire à Bissau mais seraient de mèche avec les futurs «putschistes». Pour les autorités de Bissau, l’objectif des ces éléments qui s’entraînent actuellement en Gambie, «est d’envahir Bissau pour destituer le régime légalement élu». Les autorités gambiennes, par la voix du ministre de l’Intérieur, ont vigoureusement rejeté toutes ces accusations.

Combattre le front des rebelles

Mais les autorités bissau-guinéennes n’en démordent pas. Elles surenchérissent en affirmant que certains «officiers» de ce groupe de dissidents auraient séjourné, ces derniers temps, quelques semaines en Libye avant de rallier Banjul, la capitale gambienne. A ces partisans d’Ansoumane Mané, se sont joints des éléments de l’ex-chef d’état major du mouvement rebelle MFDC (Mouvement des forces démocratique de Casamance), Salif Sadio. Il aurait pris ses quartiers dans un village gambien, Diéné, proche de la frontière sénégalaise. Selon l’émissaire du président Kumba Yalla, une coalition d’intérêts s’est établie entre des éléments de l’armée bissau-guinéenne restés fidèles à Ansumane Mané et des dissidents du MFDC. A cette collusion de «rebelles» le président Kumba Yalla veut opposer la fermeté et les actions concertées des gouvernements guinéen et sénégalais. La visite du colonel Barros à Dakar s’inscrit dans cette démarche.

«Salif Sadio, depuis qu’il a été chassé du maquis, s’est réfugié en Gambie et cherche à torpiller les efforts de paix en Casamance», affirment les autorités bissau-guinéennes qui rappellent aussi à leurs interlocuteurs sénégalais que Salif Sadio était un proche du général Ansoumane Mané, qui le protégeait, avant que l’aile favorable à l’Abbé Diamacoune Senghor, chef historique du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), ne prenne les rênes du mouvement indépendantiste. Les autorités bissau-guinéennes ont à cœur de faire cause commune avec les Sénégalais pour venir à bout de leurs dissidences respectives qui «déstabilisent la région».



par Demba  Ndiaye

Article publié le 20/06/2002