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Electronique grand public

Ces magnétoscopes qui ignorent la pub

Une nouvelle génération de magnétoscopes est mise sur le marché. Équipés d’un disque dur comme les ordinateurs, ces terminaux numériques sont capables d’ignorer les coupures de publicité, au grand dam des chaînes de télé.
Une nouvelle génération de matériels permet désormais de goûter aux joies du cinéma à la maison (Home cinema, lecteur DVD, télés 16/9ème, écrans plasma...). Mais depuis quelque temps, c’est une autre technologie qui fait beaucoup parler d’elle: le magnétoscope numérique à disque dur ou DVR (pour digital video recorder). Un appareil plutôt révolutionnaire. Tout d’abord, il enregistre les émissions non pas sur une cassette mais sur un disque dur, ce qui permet de stocker de 60 à 160 heures de programmes. Ensuite, il offre une excellente qualité d’image type DVD.

Ces magnétoscope nouvelle génération offrent aussi et surtout une multitude d’applications interactives, et notamment la possibilité d’ignorer facilement les publicités en cours d’enregistrement. L’appareil est capable d’interrompre l’enregistrement d’un programme au moment de la coupure de publicité et de reprendre dès que les spots de pub s’achèvent. C’est d’ailleurs l’un des arguments de vente de ces nouveaux matériels (comme TivoPTR, ReplayTV ou Platinium). Plus de 300 000 Américains ont déjà été séduits. Philips, Sonicblue et Sagem sont, pour le moment, les trois marques à proposer aux Etats-Unis et en Europe du Nord, des modèles de DVR.

Ce magnétoscope numérique est appelé dans peu de temps à remplacer le vieillissant magnétoscope VHS. Car à la différence de l’enregistreur de DVD de salon où chaque marque arrive sur le marché avec son format incompatible avec ceux des autres, le principe de ce magnétoscope du futur se veut simple. Ce terminal qui s’intercale entre la télévision et la source d’images (antenne hertzienne, décodeur câble ou satellite et prochainement Télévision Numérique Terrestre), associe un système d’exploitation (Philips a choisi, par exemple, Linux pour son DVR), un convertisseur analogique-numérique et un disque dur.

Un télédiffuseur à distance intelligent

Mais le DVR n’est pas seulement une machine avec une capacité record d’enregistrement, c’est également un magnétoscope intelligent qui donne accès à des applications interactives. Grâce à son disque dur qui fait office de mémoire tampon, cet appareil permet notamment la visualisation d’un programme alors que l’enregistrement se poursuit. L’éventail de possibilités va de la télévision à la carte avec composition de programmes personnalisés au téléchargement de films via une connexion Internet à haut débit. L’appareil fonctionne aussi comme diffuseur. Il est capable d’envoyer des copies des programmes enregistrés à d’autres magnétoscopes via Internet.

Cette fonctionnalité suscite une vive polémique aux Etats-Unis. Les chaînes de télévision, les studios hollywoodiens et les annonceurs de publicité n’ont pas tardé à réagir. Motif de leur nervosité ? L’échange de films enregistrés sur Internet. Ces sociétés n’ont pas dissimulé leur crainte d’un phénomène à la Napster. Les majors du cinéma (Warner, MGM et Disney) et les chaînes de télévision (ABC, CBS et NBC) ont entamé des procès contre les fabricants de magnétoscopes numériques.

Selon ces sociétés, les fabricants enfreignent la loi sur les droits d’auteurs. Ils appellent la justice à prendre des mesures afin d’obliger les fabricants de DVR à «déterminer quelles œuvres sont copiées, stockées, vues sans publicité et distribuées sur Internet». Nextresearch une société américaine de consulting révélait récemment que près de 70% des utilisateurs de ces terminaux sautent ou passent en accéléré les publicités. Oubliant toute modération, le patron de la chaîne de télévision CBS a accusé publiquement «les téléspectateurs américains qui zappent la publicité d’être des voleurs». Pour compenser le manque à gagner, il propose d’augmenter le prix de l’abonnement au câble et au satellite de 250 euros.

La polémique a également pris un autre tour avec la mise en garde relayée par certaines associations américaines qui défendent la vie privée. L’organisation «Privacy Foundation» a publié un rapport qui met en garde les consommateurs contre ces magnétoscopes numériques. Selon elle, derrière le service interactif de programmes personnalisés se cache un terminal qui collecte des informations sur les préférences et les goûts des utilisateurs, ainsi que sur leurs habitudes et comportements face à la télévision.




par Myriam  Berber

Article publié le 22/07/2002