Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Amérique latine

Les Etats-Unis au chevet de la crise financière

Pour éviter la propagation d’une crise financière en Amérique latine, les «bonnes fées», Etats-Unis et institutions financières internationales, se penchent avec bienveillance sur l'Uruguay et le Brésil. L'Argentine, à l’origine des difficultés de ses voisins, présente une situation plus délicate.
Lors de sa tournée latino-américaine des pays en proie à une grave crise économique et financière, le secrétaire d'Etat américain au Trésor, Paul O'Neill, a apporté son soutien au Brésil et à l'Uruguay. Les Etats-Unis semblent désormais avoir pris la mesure de la crise qui, partie d’Argentine, s’étend au sous-continent américain et s’engagent dans la recherche d’une solution.

Au Brésil, confronté à une dette publique de 250 milliards de dollars, il a manifesté aux autorités que les Etats-Unis étaient à leur côté dans les négociations en cours pour la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international. Washington est donc disposé à appuyer le Brésil «tant que ce pays mettra en œuvre une politique économique adéquate», du type de celle actuellement menée par Brasilia en faveur de la stabilité et de la croissance. Or, rien n’est sûr en ce qui concerne la poursuite de la politique actuelle car la crise brésilienne est en grande partie liée à l’incertitude des investisseurs face aux échéances électorales d’octobre prochain. Le président Fernando Henrique Cardoso est distancé dans les sondages par le candidat du Parti des Travailleurs, «Lula» da Silva qui recueille 34% des intentions de vote et dont l’attitude à l’égard du FMI est pour le moins critique.

Cette attitude favorable des Etats-Unis contraste avec les déclarations jugées malencontreuses du même Paul O’Neill, la semaine dernière, accusant plus ou moins ouvertement les responsables brésiliens d’alimenter avant tout des comptes bancaires en Suisse avec l’aide financière internationale. Pendant ce temps, un porte-parole de la présidence brésilienne a confirmé que les discussions avec le FMI pour obtenir la prolongation, au-delà de décembre 2002, d’un prêt de 15,7 milliards de dollars était en bonne voie.

Les Européens vexés

La deuxième étape du secrétaire d’Etat américain au Trésor est l’Uruguay, petit pays membre du Mercosur, autrefois qualifié de Suisse de l’Amérique latine. Le pays est gagné par la contagion de la profonde crise qui sévit en Argentine, son puissant voisin. Nouveau signe que les Etats-Unis semblent disposés à venir en aide à ces pays, un prêt de 1,5 milliard de dollars a été débloqué en urgence par la Réserve fédérale américaine afin de permettre à l’Uruguay d’attendre les financements promis par le FMI, la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement pour un montant de 3,8 milliards de dollars. Ce prêt-relais doit permettre à l’Uruguay de sauver son système bancaire, mis en péril par des retraits massifs qui avaient nécessité la fermeture des guichets.

Jusqu’à l’Union européenne qui revendique son implication dans l’aide à l’Uruguay, là où les Etats-Unis donnent l’impression d’agir seuls. L’UE rappelle que ses Etats-membres ont apporté leur appui à l’Uruguay au sein des organisations multilatérales comme le FMI, la Banque mondiale ou le G7. Les Européens sont vexés que leur place au sein du FMI ou de la Banque mondiale soit minimisée alors que l’UE contribue plus que les Etats-Unis à ces deux institutions financières internationales. Les Quinze participent à hauteur de 20% au budget du FMI contre 17,6% pour les Etats-Unis et à hauteur de 28% à la Banque mondiale contre 16,5% pour les Etats-Unis.

Le cas de l’Argentine, en revanche, rencontre des écueils et les négociations en cours entre ce pays et le FMI durent depuis des mois sans grands résultats. La France a dêpéché son secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Renaud Muselier, dans ce pays où de nombreuses entreprises françaises sont présentes dans les secteurs de l’automobile ou de la banque. Pour la France, l’attitude strictement budgétaire du FMI dans les discussions avec l’Argentine prend insuffisamment en compte «la souffrance des peuples». L’aide du FMI à l’Argentine a été interrompue en décembre dernier en raison de l’incapacité du gouvernement argentin à atteindre les objectifs de redressement conditionnant l’apport financier du FMI.




par Francine  Quentin

Article publié le 06/08/2002