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Question basque

José Maria Aznar veut interdire Batasuna

Deux jours après l’attentat mortel de Santa Pola, attribué par le gouvernement espagnol à l’ETA, le ministère de la Justice a entrepris d’interdire le parti indépendantiste basque Batasuna, suspecté d’être le bras politique de l’organisation terroriste.
Le 6 août, le gouvernement espagnol a annoncé son intention de mettre hors la loi le parti basque Batasuna, vitrine politique de l’ETA, après la mort, quarante-huit heures plus tôt, de deux personnes dont une fillette de six ans, dans un attentat à la voiture piégée imputé à l’ETA. «Je ne suis plus disposé à voir les ordures que sont les membres de Batasuna continuer à marcher dans la rue en toute impunité, alors que nous, les Espagnols, devons enterrer des victimes innocentes, notamment des enfants», a déclaré José Maria Aznar, le Premier ministre espagnol. Après l’explosion de Santa Pola, près d’Alicante, le chef de file de Batasuna, Arnaldo Ortegi, a bien appelé l’attentat «douloureux», mais ne l’a pas expressément condamné.

Le ministère de la Justice espagnol a donc saisi le parquet général ainsi qu’une commission d’experts juridiques, pour savoir si l’absence de condamnation d’un attentat meurtrier pouvait s’assimiler à un soutien. En effet, au mois de juin dernier, le Parlement a voté à une écrasante majorité une loi qui autorise la dissolution des partis considérés comme apportant un soutien actif ou tacite au terrorisme. Cette procédure de mise hors la loi de Batasuna a fait l’unanimité des partis politiques, de droite comme de gauche, à l’exception de ceux du Pays Basque. Suite à cette disposition, Arnaldo Ortegi a lancé un appel à la «résistance démocratique face à l’Etat espagnol (…) à la mobilisation du peuple basque pour mettre une fois pour toutes notre vie politique, sociale et institutionnelle hors de l’atteinte et de l’ingérence permanente de l’Etat espagnol».

Batasuna présente aux élections

Le 4 août, à l’annonce de l’explosion d’une voiture piégée, Batasuna, fidèle à son habitude, s’est bien gardé de condamner l’attentat attribué, par la police et le gouvernement, à l’ETA. Selon José Maria Aznar et les dirigeants du Parti populaire au pouvoir, cette absence de condamnation est probablement suffisante pour engager la procédure de dissolution de l’éventuel bras politique d’ETA, en application de la nouvelle loi votée en juin. Cependant, le gouvernement veut d’abord s’en assurer auprès du parquet général et d’experts, qu’il a donc saisis.

Ces deux instances vont devoir étudier la question et rendre leur avis, au plus vite, au Premier ministre. D’autre part, des représentants du gouvernement ont entrepris des consultations avec les principaux partis politiques représentés au Parlement pour savoir comment interdire Batasuna. Une telle dissolution obtiendrait, à n’en pas douter, le soutien des députés. Pour se dédouaner, les responsables de Batasuna, de leur côté, ont démenti l’existence de tout lien avec l’ETA, considérée comme une organisation terroriste par l’Espagne, l’Union européenne et les Etats-Unis.

Batasuna, parti légal, a obtenu 143 000 voix, soit 10% de l’électorat et sept députés aux dernières élections régionales basques, en mai 2001. De nombreux responsables ou élus locaux de cette formation ont toutefois été arrêtés, ces dernières années, pour collaboration avec l’ETA, dont les actions terroristes ont tué plus de 800 personnes depuis le début de sa campagne de violence pour obtenir l’indépendance du Pays Basque, en 1968.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 08/08/2002