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Sénégal

Alliot-Marie s’engage auprès des «tirailleurs sénégalais»

Lors de son passage à Dakar, Michèle Alliot-Marie, la ministre française de la Défense, a rencontré des anciens combattants sénégalais de l’ex-Union française qui réclament depuis de nombreuses années à Paris, le versement d’arriérés de pensions militaires. Ce dossier sensible des relations franco-sénégalaises devrait être «réglé avant la fin de l’année».
Amadou Diop n’aura pas eu le temps de voir sa requête aboutir. Il est mort avant d’avoir obtenu de la France, pour laquelle il avait combattu, le versement de ses pensions en retard. Cet ancien sergent-chef de l’armée française est, en effet, l’homme qui a relancé l’affaire des arriérés dus par Paris aux anciens combattants de l’ex-Union française, mobilisés dans plusieurs conflits (Seconde guerre mondiale, Indochine, guerre d’Algérie) sous les couleurs tricolores avant l’indépendance de leurs pays.

C’est à la suite d’une requête qu’il avait déposée que le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative nationale, a rendu, le 30 novembre 2001, un arrêt qui stipule que tous les vétérans, qu’ils soient ressortissants français ou citoyens d’une ancienne colonie, ont les mêmes droits. Et doivent donc recevoir une pension d’un montant équivalent.

«En 40, on était des citoyens français à part entière»

Car c’est bien là que se situe tout le problème. Depuis 1959, les pensions et retraites des anciens combattants des anciennes colonies sont gelées. Ce qui entraîne de fortes disparités avec les militaires de nationalité française qui ont combattu à leurs côtés. Face à cette situation, la plupart des personnes concernées ont le sentiment d’être victime d’une profonde injustice. Ousseynou Diop, un tirailleur sénégalais qui a participé à la Seconde guerre mondiale et a même été fait prisonnier par les Allemands en 1940, fait partie de ceux-là. «Ils nous disent que nous sommes Sénégalais. Mais en 40, on était des citoyens français à part entière

La France a adopté pendant longtemps la politique de l’autruche, laissant ce dossier en déshérence. Même depuis la promulgation de l’arrêt du conseil d’Etat, rien n’a vraiment évolué. Aucun arrangement financier n’a été trouvé avec les 85 000 anciens combattants concernés par cette affaire. Il est vrai que la France devrait débourser 1,5 milliard d’euros pour honorer les arriérés et, entre 300 et 400 millions, pour continuer les versements annuels. Cette attitude n’a pas découragé les associations d’anciens combattants qui continuent d’agir pour faire valoir leur point de vue. Le directeur de l’Office national des anciens combattants du Sénégal, Alioune Camara, a ainsi expliqué que «leurs avocats se battent auprès de la Cour d’appel de Paris» pour faire avancer les choses.

Dans ce contexte, Michèle Alliot-Marie pouvait difficilement écarter cette question des thèmes abordés à l’occasion de sa visite à Dakar, même si il y a encore quelques jours, ses services affirmaient qu’elle n’était «a priori» pas à l’ordre du jour des discussions avec les autorités sénégalaises. La ministre de la Défense a donc annoncé à la suite de son entrevue avec le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, que le gouvernement français était «décidé à régler les problèmes», précisant même qu’il ne s’agissait plus «simplement de mots et de promesses» mais qu’il y avait «un calendrier». Elle a ainsi affirmé que le problème de la «décristallisation» des pensions «serait réglé avant la fin de l’année».

C’est le secrétaire d’Etat aux anciens combattants, Hamlaoui Mékachéra, qui est chargé de ce dossier et doit proposer des mesures pour résoudre le problème. Il travaille actuellement sur les trois propositions qui ont été formulées : aligner les pensions sur le taux en vigueur pour les vétérans français, appliquer la parité de pouvoir d’achat fixé par l’ONU, appliquer les taux de l’ONU assorti d’un correctif pour éviter la diminution des pensions de certains bénéficiaires. La troisième hypothèse semblerait avoir les faveurs du gouvernement. Michèle Alliot-Marie a aussi annoncé que le secrétaire d’Etat viendrait lui-même au Sénégal avant la fin de l’année pour présenter les mesures adoptées aux anciens combattants.



par Valérie  Gas

Article publié le 06/09/2002