Côte d''Ivoire
Dialogue de sourds
Les mutins, s’affichant désormais sous la bannière du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire, affinent un discours politique de moins en moins axé sur des revendications catégorielles. Quant au pouvoir d’Abidjan, les pressions internationales ont eu raison de son intransigeance, mais la situation, dans son ensemble n’a guère évolué.
Trois semaines après le début des événements, aucune solution de sortie de crise ne semble poindre à l’horizon. Bien au contraire, les forces gouvernementales et les mutins confortent leurs positions, mais également cherchent à gagner du terrain. Les mutins qui occupent les principales villes du nord, évoluent maintenant autour de Daloa, au centre-ouest, dans la fameuse «boucle du cacao». Leur présence ralentit la production de fèves et fait grimper les prix. Dans les exploitations, les ouvriers agricoles, essentiellement des Burkinabé, se retirent de la région. Ils seraient déjà plus de 5000 à quitter volontairement ou non les plantations. Selon des responsables consulaires burkinabé dans la région, plusieurs milliers de leurs ressortissants auraient trouvé refuge dans les missions catholiques.
C’est aussi dans cette région ouest de la Côte d’Ivoire, d’où est originaire le général Guéï, tué aux premières heures des émeutes à Abidjan, le 19 septembre, que les militants du FPI (Front populaire ivoirien) au pouvoir sont chassés par centaine. Les partisans du général Guéï leur reprochent leur satisfaction affichée à l’annonce de la mort du général, fils du pays. Pendant que les mutins tentent des percées dans cette région, les forces loyalistes avancent à l’est, sur la frontière avec le Ghana, et prennent position à Bondoukou. Aucun combat n’est signalé, si ce n’est le renforcement des positions tenues par chaque camp. Selon le colonel Jules Yao Yao, porte-parole des «Fanci» (Forces armées de Côte d’Ivoire), les troupes gouvernementales «camperont sur leurs positions sur le terrain tout en restant prêtes à continuer les combats su les assaillants refusent d’écouter la voix de la raison».
Objectif: Abidjan
Les autorités ivoiriennes parlent de répit qui devrait favoriser l’engagement des discussions alors que rebelles y voient une faiblesse des Fanci. Ils annoncent d’ailleurs l’imminence d’une offensive d’envergure contre les forces loyalistes, la prise d’Abidjan restant l’objectif à atteindre. La reprise de la médiation de la CEDEAO, pilotée par Cheikh Tidiane Gadio, ministre sénégalais des Affaires étrangères est mise à mal par cette volonté des insurgés d’en découdre avec les loyalistes. Ils veulent bien retourner à une table de négociation, mais uniquement pour discuter des conditions du départ du président Laurent Gbagbo. «Il n’y a pas de cessez-le-feu à négocier. Notre objectif est Abidjan, puis il faudra organiser de nouvelles élections libres et équitables avant de quitter la scène» déclare l’adjudant Chérif Ousmane, un des porte-paroles des rebelles.
Les populations civiles, prises entre deux feux, profitent de l’accalmie apparente sur les différents «fronts» et surtout à Bouaké pour quitter par milliers les zones jugées dangereuses. Selon un représentant du CICR (Comité international de la Croix rouge), au moins 150 000 personnes auraient déjà fui Bouaké. Ces mêmes sources annoncent qu’environ mille personnes quittent quotidiennement Bouaké et ses environs pour descendre dans le sud du pays sous contrôle gouvernemental. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) trouve dans cet exode, moins des raisons de recherche de sécurité que la peur de subir des pénuries. Le PAM craint d’ailleurs «une crise humanitaire majeure». Ramin Rafirasme, le porte-parole de l’organisation, s'inquète de l'exode massif des populations immigrées, plusieurs milliers, habituellement employées dans les plantations, dont la vie dépend essentiellement de la récolte de café et de cacao.
C’est aussi dans cette région ouest de la Côte d’Ivoire, d’où est originaire le général Guéï, tué aux premières heures des émeutes à Abidjan, le 19 septembre, que les militants du FPI (Front populaire ivoirien) au pouvoir sont chassés par centaine. Les partisans du général Guéï leur reprochent leur satisfaction affichée à l’annonce de la mort du général, fils du pays. Pendant que les mutins tentent des percées dans cette région, les forces loyalistes avancent à l’est, sur la frontière avec le Ghana, et prennent position à Bondoukou. Aucun combat n’est signalé, si ce n’est le renforcement des positions tenues par chaque camp. Selon le colonel Jules Yao Yao, porte-parole des «Fanci» (Forces armées de Côte d’Ivoire), les troupes gouvernementales «camperont sur leurs positions sur le terrain tout en restant prêtes à continuer les combats su les assaillants refusent d’écouter la voix de la raison».
Objectif: Abidjan
Les autorités ivoiriennes parlent de répit qui devrait favoriser l’engagement des discussions alors que rebelles y voient une faiblesse des Fanci. Ils annoncent d’ailleurs l’imminence d’une offensive d’envergure contre les forces loyalistes, la prise d’Abidjan restant l’objectif à atteindre. La reprise de la médiation de la CEDEAO, pilotée par Cheikh Tidiane Gadio, ministre sénégalais des Affaires étrangères est mise à mal par cette volonté des insurgés d’en découdre avec les loyalistes. Ils veulent bien retourner à une table de négociation, mais uniquement pour discuter des conditions du départ du président Laurent Gbagbo. «Il n’y a pas de cessez-le-feu à négocier. Notre objectif est Abidjan, puis il faudra organiser de nouvelles élections libres et équitables avant de quitter la scène» déclare l’adjudant Chérif Ousmane, un des porte-paroles des rebelles.
Les populations civiles, prises entre deux feux, profitent de l’accalmie apparente sur les différents «fronts» et surtout à Bouaké pour quitter par milliers les zones jugées dangereuses. Selon un représentant du CICR (Comité international de la Croix rouge), au moins 150 000 personnes auraient déjà fui Bouaké. Ces mêmes sources annoncent qu’environ mille personnes quittent quotidiennement Bouaké et ses environs pour descendre dans le sud du pays sous contrôle gouvernemental. Le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) trouve dans cet exode, moins des raisons de recherche de sécurité que la peur de subir des pénuries. Le PAM craint d’ailleurs «une crise humanitaire majeure». Ramin Rafirasme, le porte-parole de l’organisation, s'inquète de l'exode massif des populations immigrées, plusieurs milliers, habituellement employées dans les plantations, dont la vie dépend essentiellement de la récolte de café et de cacao.
par Didier Samson
Article publié le 11/10/2002