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Pakistan

Les islamistes s’installent au Parlement

Le général-président Pervez Musharraf a gagné son pari : aucun parti n’a obtenu la majorité dans le Parlement pakistanais issu des urnes, selon les premiers résultats publiés vendredi 11 octobre. De plus le «parti du roi» - La Ligue musulmane (PML-Q), favorable au régime militaire - devrait devenir le premier parti du pays, devant l’Alliance qui regroupe six partis islamistes et les deux partis historiques : le PPP de Benazir Bhutto et et le PML-N de l’ancien premier ministre Nawaz Sharif, chassé du pouvoir en 1999 lors du putsch du général Musharraf.
Réélu pour cinq ans et «protégé» par un conseil militaire placé au-dessus du Parlement, le général Musharraf ne devrait pas avoir trop de soucis à se faire de la part de l’Assemblée nationale issue du scrutin de jeudi 10 octobre. Son putsch, qui a mis fin à une longue période démocratique après la dictature du général Zia, est désormais presque mis entre parenthèse, son alliance stratégique avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme en partie confortée par un résultat qui semble enlever aux partis d’opposition toute possibilité de contestation pacifique au sein de la nouvelle Assemblée.

Et pourtant ces partis semblent détenir la majorité des 272 (sur 342) sièges attribués par le scrutin de jeudi dernier (les 70 autres sièges, réservés aux femmes et aux minorités, seront attribués la semaine prochaine). Les partis religieux rassemblés d’une alliance appelée Muttahidda Majlis-e-Amal (MMA) ont en effet remporté leur pari risque de disposer de près d’un tiers des sièges, presque à égalité avec la Ligue musulmane proche de Musharraf (PML-Q). Tandis que les partis historiques de Bénazir Bhutto et Nawaz Sharif devraient se partager le tiers restant.

«Le facteur taliban va jouer un rôle crucial»

Le score important obtenu par l’Alliance des islamistes devrait en principe assurer à ces partis religieux une position d’arbitre. Mais on voit mal comment ils pourraient s’allier avec les deux anciens premiers ministres, auxquels ils ont enlevé une partie des suffrages traditionnels, à cause de la lassitude de l’électorat et des scandales dans lesquels ils ont été impliqués.

D’autre part, il apparaît clairement que l’Alliance des islamistes peut désormais contrôler la majorité des assemblées provinciales de l’ouest du Pakistan et du Baloutchistan, des régions frontalières avec l’Afghanistan. «Nous assistons à la ‘talibanisation’ du nord-ouest», a déclaré à l’AFP un habitant de Peshawar. Les mollahs candidats dans ces provinces avaient fait une campagne très agressive et très conservatrice, en promettant d’expulser les troupes américaines des bases pakistanaises utilisées par l‘armée américaine dans sa guerre en Afghanistan.

Désormais «le facteur taliban va jouer un rôle crucial, a déclaré un candidat islamiste. Je n’exagère pas en disant que 80% de la population silencieuse est profondément choquée qu’un gouvernement islamiste ait été chassé du pouvoir par une coalition anti-musulmane». «Nous promettons que nous chasserons les forces américaines du Pakistan, avait dit pour sa part un autre leader de l’Alliance islamiste. Nous récupérerons nos bases, nous ne laisserons pas les agents du FBI vivre ici».




par Elio  Comarin avec AFP

Article publié le 11/10/2002