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Djibouti

Une visite pour rassurer Paris

Ismaël Omar Guelleh, président de Djibouti est en visite officielle à Paris. Il veut surtout relancer la coopération avec la France et la rassurer sur la présence massive de troupes américaines à Djibouti.
Le président Ismaël Omar Guelleh fait sa deuxième visite officielle en France depuis son élection à la présidence de la république en 1999. Alors que son arrivée au pouvoir avait laissé espérer le règlement des profondes crises, les différents groupes politiques et de rébellions ont tous manifesté aujourd'hui leur déception en critiquant les positions intransigeantes du président. Si Djibouti réapparaît sur la scène internationale aujourd’hui, ce n’est plus pour des questions de politique intérieure, mais plutôt pour sa position stratégique, à l’entrée du golfe d’Aden et de la Mer rouge, convoitée par les grandes puissances militaires. Djibouti veut tirer un meilleur parti de cette position, en autorisant récemment l’implantation des forces américaines sur son sol. Environ 800 soldats sont déjà basés à Djibouti, officiellement, dans le cadre des opérations de lutte contre le terrorisme international.

La logistique française avait déjà servi dans la guerre du Golfe contre l’Irak, en 1991. De Djibouti les Américains avaient aussi mené des opérations en Somalie, avec seulement quelques détachements militaires. Aujourd’hui, la demande évolue. Les Américains s’installent, et de nombreux observateurs s’inquiètent que Djibouti ne serve de base arrière aux Etats-Unis, pour une éventuelle et nouvelle guerre contre l’Irak. Mais le président Guelleh affirme son appartenance à la nation arabe d’une part et son opposition à «toute action unilatérale en dehors de la légalité internationale», d’autre part. Alors que les positions françaises s’opposent à celle des Etats-Unis, au sujet d’une nouvelle guerre contre l’Irak, la visite du président Guelleh à Paris est certainement destinée à rassurer son partenaire historique, la France, sur ses meilleures intentions débarrassées de toute suspicion de double jeu.

Djibouti veut redynamiser la coopération avec la France
Petit pays de 500 000 habitants, Djibouti a des accords de défense et de coopération très particuliers avec la France. En rencontrant Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre français, le président djiboutien et sa délégation ont surtout abordé les détails techniques de la coopération entre les deux pays. Djibouti est sous le coup d’un plan d’ajustement structurel imposé par le FMI (Fonds monétaire international), depuis 1996, avec en premier, la réduction des dépenses publiques. Il n’y a plus d’embauche dans la fonction publique, or la France a considérablement réduit le nombre de coopérants affectés à Djibouti. Alors qu'ils étaient plus de 2000 personnes à la fin des années 90, on ne compte plus qu’une petite centaine de Français au titre de l’assistance technique. Cette réduction massive du nombre des coopérants inquiète les autorités djiboutiennes à qui les Français ont rappelé que chaque départ de coopérant est remplacé poste pour poste par un cadre djiboutien formé par la France.

Mais pour les autorités djiboutiennes, le problème n’est pas celui d’une expertise égale, d’un transfert de compétence d’un expatrié à un cadre national. L’importance de la colonie française équivaut à autant de devises, ou de dépenses dont bénéficie le pays hôte. Ce calcul fait, les Djiboutiens se satisfont, en revanche, de la présence militaire française sur leur sol. En effet, les Forces françaises de Djibouti (FFDJ), comptent 2 730 militaires et constituent la plus importante base de la France en Afrique. Selon certaines sources, cette présence française représente environ 25% du produit intérieur brut de Djibouti. La présence étrangère constitue une manne importante pour les revenus du pays.

La visite en France du président Guelleh est ponctuée par une rencontre avec la presse étrangère à Paris. Le président a habilement évacué toutes les questions se rapportant à la situation politique dans son pays. Il n’a pas non plus voulu répondre, à sa citation à témoigner, devant un juge français, dans l’affaire du magistrat français, Bernard Borrel, retrouvé mort à Djibouti le 19 octobre 1995. L’enquête avait conclu à un suicide. Mais sa veuve parle d’assassinat politique avec la complicité de l’actuel président Guelleh. Bernard Borrel, au titre de la coopération technique était conseiller du ministre de la Justice de Djibouti.



par Didier  Samson

Article publié le 03/10/2002 Dernière mise à jour le 02/10/2002 à 22:00 TU