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Elargissement de l''Europe

L’ombre de la Turquie plane sur Copenhague

Le sommet de Copenhague qui devait être celui de l’élargissement de l’Union européenne est, paradoxalement, dominé par la Turquie, recalée de l’adhésion et les exigences financières de dernière minute des arrivants. Enfin , l'actualité vient s’imposer à l’ordre du jour la lutte contre les pollutions marines après le naufrage du navire-poubelle le Prestige.
Consacré à l’officialisation de l’entrée de 10 nouveaux pays dans l’Union européenne à partir de 2004, le Conseil européen de Copenhague, qui marque également la fin de la présidence danoise, voit la fête quelque peu assombrie par la polémique qui s’est instaurée ces dernières semaines sur la candidature de la Turquie. Le cas de ce pays est plus délicat que celui des deux autres recalés de l’intégration, Roumanie et Bulgarie, dont le retard dans la convergence de leurs économies avec celles de l’UE a simplement entraîné un report à 2007. C’est le bien fondé même de l’appartenance éventuelle de la Turquie à l’Union qui a été posé : pas assez européenne, trop peuplée, trop musulmane ont résumé les autorités turques pour qualifier cette attitude de «deux poids, deux mesures» envers leur pays. Afin de redresser la barre, une proposition franco-allemande d’entamer sous conditions les négociations d’adhésion avec la Turquie en 2005, après avoir fait le point de son évolution fin 2004, a été formulée qui devra encore être approuvée par le sommet. Et encore n’est-il pas certain que les Turcs dont la déception est à la mesure des efforts consentis pour se qualifier en soient satisfaits.

Quoiqu’il en soit, le sommet de Copenhague s’apprête à accueillir au sein de l’Union la République tchèque, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Slovaquie, la Slovénie, Chypre et Malte à compter de mai 2004 afin que ces pays puissent participer aux élections au parlement européen de juin. D’ici là les traités d’adhésion devront être ratifiés ce qui exige le recours au referendum dans certains d’entre eux. La question, qui n’est pas un détail, du financement de l’élargissement de quinze à 25 membres est également au programme des chefs d’Etat et de gouvernement. Les Quinze avaient fixé ces aides à l’ajustement des économies des pays d’Europe centrale et orientale à un plafond de 40 milliards d’euros, sous forme de fonds structurels, d’aides à la réforme des agricultures et des politiques douanières. Ce «paquet» semble insuffisant à plusieurs pays entrants et la présidence danoise, qui parvient à une adition de 42 milliards d'euros, aura fort à faire pour convaincre les Quinze de rallonger, autrement que de façon marginale, leur contribution. A la veille de l’ouverture du sommet le litige n’était pas réglé.

Parité en 2013

En effet, la contrepartie à ces financements est, dans le domaine des aides directes à l’agriculture, de limiter le bénéfice de la politique agricole commune à 25% seulement des aides aux Etats-membres actuels en 2004 pour n’atteindre la parité qu’en 2013. La Pologne dont une proportion d’environ 20% de la population active vit de l’agriculture proteste contre cette «discrimination» alors que ses produits devront affronter dès 2004 la concurrence des produits agricoles subventionnés de l’ouest.

La question de la réforme de la présidence du conseil sera également évoquée. La "tournante" tous les six mois entre les Quinze déjà relativement peu efficace, sera carrément inopérante à vingt-cinq. Enfin, invité surprise du sommet de Copenhague, le pétrolier Prestige, coulé le 19 novembre au large de l’Espagne et dont la marée noire menace aussi la France, trois ans après le naufrage de l’Erika au large des côtes bretonnes. Les ministres des Transports des Quinze, réunis vendredi ont largement déblayé le terrain en adoptant une série de mesures renforçant la sécurité maritime et accélérant les délais de mise en œuvre que les chefs d’Etat et de gouvernement pourront entériner. Ils se sont prononcés en outre pour la création d’un fonds européen d’indemnisation des victimes de marées noires avant la fin 2003 doté de un milliard d’euros. Enfin, le fonds européen «catastrophes naturelles» lancé après les inondations du Danube devrait également voir ses compétences étendues aux pollutions maritimes.



par Francine  Quentin

Article publié le 12/12/2002