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Cinéma sur Internet

Un vidéo-club en ligne

A l’instar des studios hollywoodiens, l’industrie du cinéma français investit le marché de la diffusion de films sur le Net (ou VOD). La stratégie du distributeur Moviesystem illustre bien cette tendance.
La conquête du marché de la distribution payante de films sur Internet (ou VOD pour video on demand) est bien lancée. L’Europe et notamment la France n’échappe pas au phénomène avec l’arrivée de la plate-forme payante NetCiné de la société Moviesystem. Sorte de vidéo club en ligne exclusivement réservé à des internautes abonnés haut débit, la VOD, c’est la possibilité aujourd’hui pour le consommateur de louer à domicile via le réseau Internet le film de son choix, au moment de son choix.

Le mode de fonctionnement de ce service en ligne se veut simple. Les films sont diffusés en plein écran, dans une qualité proche de la VHS en temps réel (streaming) ou après le téléchargement complet du film. «Nous sommes le distributeur et le fournisseur d’accès à Internet, c’est la salle de cinéma dans laquelle on peut visionner le film», explique Maxime Japy, président et cofondateur de Moviesystem. Avant d’ajouter: «Les internautes qui commandent un film via notre plate-forme payante Netcine sont automatiquement redirigés chez leur fournisseur d’accès à Internet, qui gère le téléchargement et la diffusion en circuit fermé en évitant les congestions du réseau Internet».

Une connexion haut débit est indispensable. Il en coûte à l’internaute pour télécharger un film entre 3 et 7 euros selon le type de film et sa date de sortie au cinéma, payable par carte de crédit. Le service propose pour commencer une offre de 150 films : des succès populaires comme Wasabi, Asterix et Obélix, l’Ours, Germinal mais aussi des grands classiques du cinéma de Bergman, Kurosawa, Godard.

Parallèlement à cette phase d’implantation via le PC, Moviesystem vise également le support TV. L’objectif est de jouer sur plusieurs tableaux comme le précise Maxime Japy : «Même si l’équipement informatique est de plus en plus en plus adapté aux films en ligne (écrans plats, carte graphique), l’écran de l’ordinateur n’est pas le support idéal. Dans une première étape, nous sortons début 2003 un boîtier sans fil qui va permettre de téléporter l’image du PC vers la TV. Dans une seconde étape, nous allons sortir des bouquets de télévision par Internet».


Regarder un film sur l’écran du PC

La vidéo en ligne, un marché émergent qui prend son essor avec le déploiement du haut débit (1,3 million d’abonnés à l’ADSL fin 2002 en France). Moviesystem annonce pour la fin de l’année un chiffre d’affaires d’un peu moins de 7 millions d’euros. Selon une estimation du cabinet d’études Forrester Research, le marché de la VOD représentera d’ici 4 ans, 20% des recettes de l’industrie cinématographique. Moviesystem ne cache pas sa volonté de devenir un acteur incontournable du marché de la diffusion des films sur le Net en Europe. «Ce service de distribution est l’un des premiers en Europe à proposer une alternative aux projets des majors américaines en la matière», explique Maxime Japy. Et de préciser que «notre objectif est commercial, mais également préventif. Le meilleur moyen de lutter contre les pirates de plus en plus nombreux, c’est de proposer une offre légale, avec un maximum de films sur le Net».

Dans cette perspective, depuis près d’un an, ce groupe multiplie les partenariats. Près de soixante-dix contrats signés à ce jour. MovieSystem a signé un accord de partenariat avec Europa Corp, la société de production du cinéaste Luc Besson et Pathé pour diffuser un catalogue de plus de 500 films. Quarante producteurs français indépendants ont également confié à Moviesystem, l’exploitation de leurs films en VOD. Le Meilleur du cinéma, société née de cette association doit lancer fin 2002 le portail lemeilleurducinema.fr qui proposera un catalogue de 400 films français. Et c’est loin d’être fini, Moviesystem cherche à agrémenter cette offre très européenne de films de majors américaines.

Pour les optimistes dont fait partie Moviesystem, la vidéo en ligne va devenir un véritable moyen de diffusion des films de cinéma et trouver sa place auprès des distributeurs et des consommateurs. De son côté, le délégué général du Syndicat de l’édition vidéo (SEV), Jean-Yves Mirski n’est pas certain que la vidéo en ligne puisse se développer très rapidement et ce pour plusieurs raisons : «D’abord, les utilisateurs sont pour le moment cantonnés à une vision sur un écran d’ordinateur. Ensuite, un vidéo-club propose à la location des milliers de titres, ce qui n'est pas le cas de cette plate-forme sur Internet. Enfin, la VOD est un modèle un peu hybride. Je crois davantage à un modèle comme le paiement à la séance (type pay per view) qui permet l’achat de films à la carte».

Contrairement aux Etats-Unis, bon nombre d’obstacles freinent encore le développement de la vidéo en ligne dans l’hexagone. «Le marché français de la location est un cas particulier. Les Français louent deux fois moins de vidéo que les autres Européens, parce que Canal plus avait le droit de diffuser les films sortis en salle au bout d’un an», explique Jean-Yves Mirski du SEV. Pour l’heure, Moviesytem souhaiterait avoir la même chronologie des médias que la vidéo qui est actuellement de 6 mois après la sortie en salle, sa place actuelle de 9 mois ne lui convient pas. Pour avoir une visibilité sur le marché de la vidéo, la place dans la chronologie des médias est essentielle. Qui plus est, le succès actuel du marché du DVD tend à montrer que les consommateurs préfèrent posséder plutôt que louer».



par Myriam  Berber

Article publié le 23/12/2002