Sri Lanka
Les Tigresses sourient à la paix…
Avec l’accord de cessez-le-feu de février 2002, et l’engagement des pourparlers sur l’autodétermination de l’Eelam Tamoul, le LTTE, mouvement paramilitaire séparatiste, se dirige vers la paix et commence la reconversion de ses cadres vers des postes d’utilité publique. Seul un tiers des effectifs militaires intégrera les rangs de la police qui sera créée à l’issue du processus de paix. Pour les autres, c’est le début d’une reconversion où il faut oublier le langage des armes pour acquérir les bases qui feront d’eux les futurs cadres administratifs du pays.
Correspondance du Sri Lanka
«Le corbeau et le renard…» Assises en tailleurs sur des nattes à même le sol et éclairées par une lumière blafarde, les «tigresses» répètent en chœur derrière Lucky, leur instructrice, la célèbre fable de La Fontaine en anglais, tirée d’un livre d’écolier. Les rires fusent quand Shanty, 18 ans, trébuche sur l’alphabet anglais. «C’est très difficile pour moi. Je me suis engagée il y a trois ans et je n’allais déjà plus à l’école depuis qu’elle avait été bombardée en 1996. je n’ai pas tenu de stylo depuis plusieurs années, alors forcément, j’ai un peu de mal à former les lettres». Shanty, comme les autres, pourtant ne renoncera pas et s’entraînera comme chaque soir depuis plusieurs mois, à lire et à écrire, pour être prête à intégrer ses nouvelles fonctions.
Créés en 1985, par le leader Pirabakharan, les régiments de «tigresses» ont reçu la même formation que leurs homologues masculins, c’est-à-dire une instruction militaire et technique, un entraînement physique et mental extrême leur permettant de provoquer le maximum de pertes dans les rangs ennemis. Le cessez-le-feu unilatéral proposé en décembre 2001 par les rebelles du LTTE (Mouvement de libération des tigres de l’Eelam tamoul) change considérablement la donne et l’organisation au sein des camps d’entraînement.
Reconversion pour les commandos-suicide
Pour les Tigresses du camp de Puttukuriyirupu, l’exercice est difficile. Agées de 18 à 25 ans, avec plusieurs batailles à leur actif, elle apprécient la reconversion mais l’exercice est délicat. La plupart n’ont en effet connu que la guerre et si la motivation de leur engagement est variable, elle s’ancre inévitablement dans la guerre elle-même. Certaines se sont engagées pour conserver leur liberté dans la mesure où le Mouvement interdit le mariage à ses cadres avant 30 ans, mais la plupart se sont engagées après avoir été témoins d’exactions ou victimes des bombardements de l’armée gouvernementale.
Comme dans toute organisation paramilitaire, ici les journées sont bien remplies. Levées à 5 heures du matin, les Tigresses procèdent d’abord aux corvées quotidiennes du camp avant de commencer leur entraînement physique qui reste malgré tout intensif. La maintenance des armes et les cours d’instructions militaires ont été réduits au profit de leçons plus spécifiques.
«Nous leur expliquons quelles sont les modalités du processus de paix, comment nous allons les mettre en pratique et quel sera leur rôle dans le futur. Nous devons les rassurer et les informer pour qu’elles-mêmes puissent ensuite remplir cette mission auprès des populations», explique Tamil Ini, responsable des unités féminines du LTTE. Cela passe par des jeux de rôle où les Tigresses remplissent des missions dans le civil: cours d’hygiène aux populations, mise en place et organisation d’élection locale, professeur dans une école. Les futurs missions des rebelles devront pallier toutes les carences que le pays a connues jusqu’à présent.
Vahinya, qui avait postulé pour intégrer les rangs des «black tigers», les commandos suicides des forces spéciales, avant le cessez-le-feu, s’oriente aujourd’hui vers l’ingénierie. «Si la volonté de l’armée gouvernementale de cesser la guerre est sincère, nous abandonnerons nos armes pour développer notre pays. Nous avons appris à changer nos mentalités. Quand je me suis engagée il y a 6 ans, j’ai dû changer ma mentalité pour tuer. Aujourd’hui j’ai bien l’intention de devenir ingénieur pour développer la terre pour laquelle je me suis battue».
«Le corbeau et le renard…» Assises en tailleurs sur des nattes à même le sol et éclairées par une lumière blafarde, les «tigresses» répètent en chœur derrière Lucky, leur instructrice, la célèbre fable de La Fontaine en anglais, tirée d’un livre d’écolier. Les rires fusent quand Shanty, 18 ans, trébuche sur l’alphabet anglais. «C’est très difficile pour moi. Je me suis engagée il y a trois ans et je n’allais déjà plus à l’école depuis qu’elle avait été bombardée en 1996. je n’ai pas tenu de stylo depuis plusieurs années, alors forcément, j’ai un peu de mal à former les lettres». Shanty, comme les autres, pourtant ne renoncera pas et s’entraînera comme chaque soir depuis plusieurs mois, à lire et à écrire, pour être prête à intégrer ses nouvelles fonctions.
Créés en 1985, par le leader Pirabakharan, les régiments de «tigresses» ont reçu la même formation que leurs homologues masculins, c’est-à-dire une instruction militaire et technique, un entraînement physique et mental extrême leur permettant de provoquer le maximum de pertes dans les rangs ennemis. Le cessez-le-feu unilatéral proposé en décembre 2001 par les rebelles du LTTE (Mouvement de libération des tigres de l’Eelam tamoul) change considérablement la donne et l’organisation au sein des camps d’entraînement.
Reconversion pour les commandos-suicide
Pour les Tigresses du camp de Puttukuriyirupu, l’exercice est difficile. Agées de 18 à 25 ans, avec plusieurs batailles à leur actif, elle apprécient la reconversion mais l’exercice est délicat. La plupart n’ont en effet connu que la guerre et si la motivation de leur engagement est variable, elle s’ancre inévitablement dans la guerre elle-même. Certaines se sont engagées pour conserver leur liberté dans la mesure où le Mouvement interdit le mariage à ses cadres avant 30 ans, mais la plupart se sont engagées après avoir été témoins d’exactions ou victimes des bombardements de l’armée gouvernementale.
Comme dans toute organisation paramilitaire, ici les journées sont bien remplies. Levées à 5 heures du matin, les Tigresses procèdent d’abord aux corvées quotidiennes du camp avant de commencer leur entraînement physique qui reste malgré tout intensif. La maintenance des armes et les cours d’instructions militaires ont été réduits au profit de leçons plus spécifiques.
«Nous leur expliquons quelles sont les modalités du processus de paix, comment nous allons les mettre en pratique et quel sera leur rôle dans le futur. Nous devons les rassurer et les informer pour qu’elles-mêmes puissent ensuite remplir cette mission auprès des populations», explique Tamil Ini, responsable des unités féminines du LTTE. Cela passe par des jeux de rôle où les Tigresses remplissent des missions dans le civil: cours d’hygiène aux populations, mise en place et organisation d’élection locale, professeur dans une école. Les futurs missions des rebelles devront pallier toutes les carences que le pays a connues jusqu’à présent.
Vahinya, qui avait postulé pour intégrer les rangs des «black tigers», les commandos suicides des forces spéciales, avant le cessez-le-feu, s’oriente aujourd’hui vers l’ingénierie. «Si la volonté de l’armée gouvernementale de cesser la guerre est sincère, nous abandonnerons nos armes pour développer notre pays. Nous avons appris à changer nos mentalités. Quand je me suis engagée il y a 6 ans, j’ai dû changer ma mentalité pour tuer. Aujourd’hui j’ai bien l’intention de devenir ingénieur pour développer la terre pour laquelle je me suis battue».
par Aurélie Tisseyre
Article publié le 21/12/2002