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Littérature

Retour à Bamako

Du 3 au 10 février se déroulera à Bamako la troisième édition du festival Etonnants Voyageurs. Programme et sens de cette nouvelle célébration des écrivains d’un continent à l’imagination féconde.
En seulement trois années d’existence, la manifestation Etonnants voyageurs Bamako est devenue le premier festival du livre francophone en Afrique. On se souvient de l’effervescence et des débats passionnés suscités par la dernière édition du festival qui était organisée autour des «nouvelles voix d’Afrique». Cette effervescence s’était prolongée au-delà de Bamako puisque la littérature africaine était de nouveau à l’honneur à la rencontre des Etonnants Voyageurs à Saint-Malo en mai 2002.

L’édition 2003 sera plus modeste. Avec moins d’écrivains invités et surtout moins de brassage linguistique (francophones, anglophones) qui pourtant avait fait le succès de la précédente édition. Plusieurs nouveaux visages cette année: Kangni Alem, Maïssa Bey, Boubacar Belco Diallo, Eugène Ebodé, Emmanuel Goujon, Béatrice Kanté, Moussa Sow... Nombre de ces auteurs sont publiés localement, par des maisons d’édition africaines. C’est une nouvelle tendance, mais elle est en phase avec l’objectif que se sont donnés les organisateurs d’«ancrer le festival en Afrique».

A Bamako et dans tout le Mali

Sans doute est-ce le même souci d’ancrage africain qui les pousse à poursuivre la décentralisation de ce festival de Bamako, en organisant cette année des opérations dans six autres villes du Mali. En fait, si l’inauguration officielle du festival est prévue pour le 7 février, les écrivains seront présents au pays dès le 3. Ils se rendront dans les villes de Kayes, de Koulikoro, de Mopti, de Ségou et de Tombouctou pour des rencontres et des débats dans les bibliothèques et les écoles.

De retour à Bamako, les auteurs vont intervenir dans le cadre des cafés littéraires et des tables rondes sur des thèmes tels que l’identité culturelle, l’héritage, la responsabilité de l’écrivain, autant de thèmes qui sont au coeur des lettres africaines. Depuis leur genèse, tout en reflétant fidèlement l’environnement social et politique (colonisation, décolonisation, corruption, dictatures, guerres civiles) dans lequel les Africains se débattent, les jeunes littératures du continent noir ont tenté d’apporter des réponses aux questions fondamentales de l’identité. Ecartelés entre la tradition et la modernité, les écrivains donnent à lire des versions toujours renouvelées de leur odyssée entre la Seine et le Siné, les deux composantes essentielles de leur imaginaire et leur être. A travers ses différents débats, le festival de Bamako propose de revenir sur ces questions majeures. Sans oublier pour autant les aspects matériels de l’écriture qui seront abordés à la quasi-dernière séance du festival. Bien qu’intitulée simplement: « Editeurs du Nord - Editeurs du Sud », celle-ci promet d’être houleuse à cause des problèmes de visibilité et de ghettoïsation des littératures africaines qu’a soulevé la création ces dernières années de nouvelles collections telles que la collection « Continents noirs » aux éditions Gallimard.



par Tirthankar  Chanda

Article publié le 29/01/2003