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Sommet France-Afrique 2003

Afrique : ralentissement en 2002, rebond ensuite.

L'Afrique sub-saharienne aura subi en 2002 les conséquences d'une reprise nettement plus faible que prévue dans le monde industrialisé, mais devrait bénéficier d'un rebond de croissance en 2003, selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), publiées fin septembre. A la mi-décembre, cependant, la Banque mondiale s'est montrée plus pessimiste, estimant que la torpeur de la conjoncture internationale pourrait retarder et affaiblir le profil de la reprise en Afrique.
Le FMI constate dans ses prévisions de septembre que la reprise mondiale, après le ralentissement de 2001, sera plus modeste qu'escompté en avril 2002, soulignant des facteurs négatifs comme la forte chute des bourses américaines et européennes, la faiblesse de la demande en Europe et les risques d'une nouvelle conflagration au Moyen-Orient. Tout en tablant toujours sur une croissance mondiale de l'ordre de 2,8 % pour 2002, comme en avril, les économistes du FMI ont revu en baisse, à 3,7 % au lieu de 4 %, leur prévision pour 2003. Cela peut paraître décevant mais c'est bien au-delà des 2,2 % enregistrés en 2001 , selon Ken Rogoff, l'économiste en chef du FMI, qui a néanmoins souligné les incertitudes accrues qui pèsent sur les perspectives, notamment l'évolution des prix du pétrole.
Deux mois et demi plus tard, son collègue de la Banque mondiale, Nicholas Stern, a constaté que la reprise aura été beaucoup plus hésitante et irrégulière que nous ne l'avions pensé . Les économistes de la Banque estiment, en effet, que la croissance mondiale n'aura pas dépassé les 1,7 % en 2002, et que la tendance pour les deux prochaines années sera nettement plus faible que prévu : 2,5 % en 2003 et à peine 3,1 % en 2004.
Les prévisionnistes du FMI tablaient en septembre sur une reprise à 2,2 % aux Etats-Unis en 2002 après un résultat de 0,3 % à peine en 2001, suivie d'une légère accélération à 2,6 % en 2003. Au Japon, ils s'attendaient à une contraction de 0,5 % du PIB en 2002 et une légère reprise à 1,1 % en 2003. Ils avaient revu à la baisse la performance des pays européens, à 0,9 % et 2,3 % respectivement. Les économistes de la Banque n'ont guère modifié ces chiffres, mais se sont montrés assez pessimistes pour l'Amérique latine, en récession en 2002 en raison de la crise en Argentine, et pour les Africains, qui pâtissent de la faiblesse des Européens, leurs principaux clients.

Expansion africaine de l'ordre de 3,2 % en 2003?

La Banque estime, en effet que la croissance en Afrique sub-saharienne aura chutée à 2,5 % en 2002 et que la reprise en 2003 sera plutôt modeste, à 3,2 %, suivi d'un taux de 3,8 % en 2004. Dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales, le FMI avait prévu un taux d'expansion de 3,3 % en 2002, suivi d'un rebond marqué à 4,8 % en 2003.
Le rapport avait expliqué cet optimisme par l'amélioration de la gestion dans un nombre croissant de pays africains et par les progrès vers un règlement des conflits dans la région. Ce qui est encourageant . Mais la croissance doit encore être considérablement renforcée pour aboutir à une réduction durable de la pauvreté , avait souligné Ken Rogoff.
La reprise de la violence en Côte d'Ivoire montre par ailleurs la fragilité politique de plusieurs pays du continent. Un haut fonctionnaire de la Banque mondiale a exprimé la crainte que les événements au Zimbabwe et en Côte d'Ivoire ne rendent plus difficile le soutien au Nepad.

Dans ses prévisions, le FMI a maintenu sans changements notables ses prévisions pour l'Afrique du Sud – dont l'économie représente près de 40 % du PIB total de la région – qui devrait enregistrer une croissance de l'ordre de 2,5 à 3 %, grâce notamment à la hausse des cours de l'or et à une demande extérieure accrue. La dépréciation du rand en 2001 continue à peser sur l'inflation qui pourrait frôler les 8 % en 2002 avant de retomber à 6 % en 2003.

Inflation moyenne en Afrique ramenée à moins de 10 %

Les pays exportateurs de pétrole sub-sahariens verront sans doute leur taux de croissance moyen tomber à 2,2 % en 2002 sous l'effet retardé des baisses des cours du brut en 2001, mais devraient bénéficier d'une reprise à 3,4 % en 2003 à la suite de la montée récente des prix. Celle-ci risque par contre d'affaiblir les perspectives des pays importateurs de pétrole de la région, dont certains sont parmi les plus pauvres de l'Afrique.
Quant au Nigeria, les économistes du FMI prévoient une chute de 2,3 % de son PIB en 2002, suivi d'un rebond à 3,7 % en 2003. Ils soulignent que les incertitudes politiques dans ce pays ont réduit les perspectives d'une reprise des réformes et un retour à une meilleure stabilité économique, alors que des dépenses publiques et une expansion monétaire excessives ont eu pour résultat une poussée inflationniste et une baisse importante des réserves extérieures du pays.
Le rapport note que l'amélioration des politiques économiques devrait, pour la première fois, réduire l'inflation moyenne en Afrique dans son ensemble à moins de 10 % en 2002. Les pressions inflationnistes restent cependant une préoccupation sérieuse dans plusieurs pays, en particulier l'Angola, le Nigeria, la Zambie et le Zimbabwe , ajoute-t-il.

Responsabilité particulière des pays industrialisés

Le FMI se félicite du fait que le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) propose une stratégie courageuse et cohérente pour résoudre la multitude de problèmes qui freinent encore le décollage du continent. La première responsabilité de sa mise en œuvre appartient aux gouvernements et aux peuples de l'Afrique, mais l'aide extérieure est essentielle , selon le rapport. Le Fonds se félicite ainsi de l'engagement des principaux donateurs en mars dernier en faveur d'une augmentation significative de l'aide publique, et de l'adoption par les pays du Groupe des Huit (G8) d'un plan d'action pour l'Afrique en juin dernier.
Cependant, dit-il, il faudrait que les engagements nouveaux des donateurs soient aussi concrets et prévisibles que possible afin de permettre aux Africains de se préparer à recevoir une aide accrue en améliorant encore la gestion de leurs dépenses publiques et leur gouvernance.
Si l'aide est essentielle, l'expansion du commerce des pays africains l'est encore davantage , selon le directeur général du FMI, Horst Koehler. Le rapport estime que les pays en développement constituent eux-mêmes le principal obstacle à l'expansion commerciale . Les Africains auraient davantage à gagner d'une libéralisation de leurs propres marchés. Mais les pays industrialisés ont une responsabilité particulière et doivent montrer le chemin, affirme le Fonds.



par Jan  Kristiansen

Article publié le 13/02/2003