Mutilations sexuelles
L'intolérable mutilation des femmes
Une conférence internationale intitulée «Tolérance Zéro pour les mutilations génitales» s'ouvre aujourd'hui à Addis Abeba en Ethiopie. Organisée par le Comité Inter-africain sur les pratiques traditionnelles, elle réunit des responsables de gouvernements africains et d'organisations internationales ainsi que plusieurs épouses de chefs d'Etats du continent. Cent vingt millions de femmes dans le monde ont subi des mutilations sexuelles.
Il existe essentiellement deux types de mutilations génitales: l'excision tout d'abord qui consiste en l'ablation du clitoris et qui représente environ 80% de toutes les mutilations sexuelles pratiquées et l'infibulation qui consiste non seulement en l'ablation du clitoris mais également des petites lèvres et d'une partie des grandes lèvres du sexe féminin. Dans ce cas les deux côtés de la vulve sont maintenus ensemble pour ne laisser qu'un petit orifice vaginal afin de permettre l'écoulement de l'urine et du sang menstruel.
Ces pratiques sont courantes dans 28 pays d'Afrique, avec des coutumes différentes d'une région à l'autre. En Afrique de l'ouest c'est plutôt l'excision qui est pratiquée. L'infibulation étant pratiquée dans des pays comme la Somalie, le Soudan, l'Ethiopie et l'Egypte. Mais d'autres pays dans le monde ont également recours à ces pratiques comme l'Indonésie, la Malaisie, le Yémen et les pays du sous-continent indien. On la constate également dans certains pays d'Europe, en Australie et en Amérique du Nord, principalement parmi les communautés immigrées.
L'âge des jeunes filles victimes de mutilations génitales varie d'un pays à l'autre, et d'une région à l'autre. Ces mutilations peuvent être pratiquées chez des nouveaux-nés de quelques jours, des fillettes et parfois des adolescentes. Dans tous les cas, les risques encourus et les conséquences pour la santé sont les mêmes. Les interventions sont extrêmement douloureuses se pratiquent sans anesthésie et bien souvent dans de mauvaises conditions d'hygiène .Les instruments utilisés, la plupart du temps des couteaux ou des lames de rasoirs voire des morceaux de verres ne sont bien sûr pas aseptisés. Et puis le degré de dextérité de la personne, le plus souvent une femme, qui pratique ces ablations constitue aussi un facteur de risque important.
Outre les risques d'hémorragie et d'infection qui mettent en danger la vie des fillettes au moment où elles sont pratiquées, ces mutilations entraînent une ulcération de la région génitale. La cicatrisation est longue et douloureuse. Dans le cas de l'infibulation, les lésions fréquentes du canal urinaire se traduisent par une incontinence. Lors des premiers rapports sexuels, l'orifice vaginal doit être élargi avant la pénétration, particulièrement douloureuse pour la femme. De nombreux décès maternels lors de l'accouchement sont liés à ces pratiques lorsqu'elles n'ont pas entraîné une stérilité chez la femme. Lors de ces accouchements difficiles, la vie de l'enfant est également menacée. Mais les mutilations sexuelles laissent également de lourdes séquelles dans l'esprit des femmes qui les ont subies. A la frigidité s'ajoutent d'autres troubles tels que l'anxiété. On observe même parfois des troubles du comportement chez certaines d'entre elles.
Selon Maria-Laura Mbow, médecin, engagée dans un projet d'éducation sanitaire en Casamance, dans le sud du Sénégal où 80% de la population féminine est excisée, la priorité reste l'information des populations quant aux risques sanitaires.
Avant l'islam et la chrétienté
L'origine de ces pratiques n'est pas facile à établir mais elle pourrait remonter à plus de 500 ans avant Jésus-Christ et s'être ainsi transmise par la tradition. Ses fondements reposent sur un certain nombre de croyances tellement ancrées dans la culture des populations qui y ont recours que la notion de mutilation en tant qu'atteinte à l'intégrité du corps de la femme est bien difficile à faire admettre.
Il faut tout de même préciser que ces pratiques sont destinées à atténuer le désir sexuel de la femme pour préserver sa virginité avant le mariage et s'assurer de sa fidélité après. Ne pas exciser une fille dans les pays où la tradition l'impose est assimilé à une grave négligence qui l'empêchera d'avoir une vie normale, c'est à dire de se marier.
On peut également s'interroger à ce sujet sur le rôle des religions. Mais les mutilations génitales féminines sont pratiquées aussi bien dans des communautés musulmanes que chrétiennes et ne semblent donc pas avoir de lien avec ces religions dans la mesure où cette tradition est bien antérieure à la naissance de l'islam et de la chrétienté.
Cette conférence d'Addis-Abeba témoigne de la mobilisation pour faire évoluer la situation des femmes dans les pays qui pratiquent les mutilations sexuelles. Les pays concernés ne sont pas en reste. D'ailleurs l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne cesse d'inciter les Etats à se mobiliser sur cette question et 14 pays africains, dont le Sénégal justement, ont adopté une législation pour punir les auteurs de ces mutilations. Le problème c'est qu'elles se déroulent le plus souvent dans le secret et qu'il faut un drame, c'est à dire la mort d'une fillette, pour que ce genre de pratique soit réprimé. Reste le travail remarquable de nombreuses associations et ONG qui informent sans relâche les populations en insistant sur les risques sanitaires liés à ces pratiques, car il n'est bien sûr pas question d'évoquer les frustrations de ces femmes à qui le plaisir sexuel est interdit. Un travail de longue haleine qui commence à porter ses fruits car peu à peu une prise de conscience se fait et le nombre des femmes mutilées régresse. La conférence d'Addis Abeba se tient jusqu'au 6 février.
Ces pratiques sont courantes dans 28 pays d'Afrique, avec des coutumes différentes d'une région à l'autre. En Afrique de l'ouest c'est plutôt l'excision qui est pratiquée. L'infibulation étant pratiquée dans des pays comme la Somalie, le Soudan, l'Ethiopie et l'Egypte. Mais d'autres pays dans le monde ont également recours à ces pratiques comme l'Indonésie, la Malaisie, le Yémen et les pays du sous-continent indien. On la constate également dans certains pays d'Europe, en Australie et en Amérique du Nord, principalement parmi les communautés immigrées.
L'âge des jeunes filles victimes de mutilations génitales varie d'un pays à l'autre, et d'une région à l'autre. Ces mutilations peuvent être pratiquées chez des nouveaux-nés de quelques jours, des fillettes et parfois des adolescentes. Dans tous les cas, les risques encourus et les conséquences pour la santé sont les mêmes. Les interventions sont extrêmement douloureuses se pratiquent sans anesthésie et bien souvent dans de mauvaises conditions d'hygiène .Les instruments utilisés, la plupart du temps des couteaux ou des lames de rasoirs voire des morceaux de verres ne sont bien sûr pas aseptisés. Et puis le degré de dextérité de la personne, le plus souvent une femme, qui pratique ces ablations constitue aussi un facteur de risque important.
Outre les risques d'hémorragie et d'infection qui mettent en danger la vie des fillettes au moment où elles sont pratiquées, ces mutilations entraînent une ulcération de la région génitale. La cicatrisation est longue et douloureuse. Dans le cas de l'infibulation, les lésions fréquentes du canal urinaire se traduisent par une incontinence. Lors des premiers rapports sexuels, l'orifice vaginal doit être élargi avant la pénétration, particulièrement douloureuse pour la femme. De nombreux décès maternels lors de l'accouchement sont liés à ces pratiques lorsqu'elles n'ont pas entraîné une stérilité chez la femme. Lors de ces accouchements difficiles, la vie de l'enfant est également menacée. Mais les mutilations sexuelles laissent également de lourdes séquelles dans l'esprit des femmes qui les ont subies. A la frigidité s'ajoutent d'autres troubles tels que l'anxiété. On observe même parfois des troubles du comportement chez certaines d'entre elles.
Selon Maria-Laura Mbow, médecin, engagée dans un projet d'éducation sanitaire en Casamance, dans le sud du Sénégal où 80% de la population féminine est excisée, la priorité reste l'information des populations quant aux risques sanitaires.
Avant l'islam et la chrétienté
L'origine de ces pratiques n'est pas facile à établir mais elle pourrait remonter à plus de 500 ans avant Jésus-Christ et s'être ainsi transmise par la tradition. Ses fondements reposent sur un certain nombre de croyances tellement ancrées dans la culture des populations qui y ont recours que la notion de mutilation en tant qu'atteinte à l'intégrité du corps de la femme est bien difficile à faire admettre.
Il faut tout de même préciser que ces pratiques sont destinées à atténuer le désir sexuel de la femme pour préserver sa virginité avant le mariage et s'assurer de sa fidélité après. Ne pas exciser une fille dans les pays où la tradition l'impose est assimilé à une grave négligence qui l'empêchera d'avoir une vie normale, c'est à dire de se marier.
On peut également s'interroger à ce sujet sur le rôle des religions. Mais les mutilations génitales féminines sont pratiquées aussi bien dans des communautés musulmanes que chrétiennes et ne semblent donc pas avoir de lien avec ces religions dans la mesure où cette tradition est bien antérieure à la naissance de l'islam et de la chrétienté.
Cette conférence d'Addis-Abeba témoigne de la mobilisation pour faire évoluer la situation des femmes dans les pays qui pratiquent les mutilations sexuelles. Les pays concernés ne sont pas en reste. D'ailleurs l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne cesse d'inciter les Etats à se mobiliser sur cette question et 14 pays africains, dont le Sénégal justement, ont adopté une législation pour punir les auteurs de ces mutilations. Le problème c'est qu'elles se déroulent le plus souvent dans le secret et qu'il faut un drame, c'est à dire la mort d'une fillette, pour que ce genre de pratique soit réprimé. Reste le travail remarquable de nombreuses associations et ONG qui informent sans relâche les populations en insistant sur les risques sanitaires liés à ces pratiques, car il n'est bien sûr pas question d'évoquer les frustrations de ces femmes à qui le plaisir sexuel est interdit. Un travail de longue haleine qui commence à porter ses fruits car peu à peu une prise de conscience se fait et le nombre des femmes mutilées régresse. La conférence d'Addis Abeba se tient jusqu'au 6 février.
par Pascale Lavergne
Article publié le 04/02/2003