Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Audiovisuel

Télévision numérique : On y va, doucement

A l’issue d’une réunion en assemblée plénière le mardi 10 juin, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a délivré les autorisations d’émettre aux chaînes de télévision retenues pour faire partie de la future télévision numérique terrestre (TNT).
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) prépare activement le démarrage de la future télévision numérique terrestre (TNT). Pour preuve, les neuf sages du Conseil viennent de délivrer les autorisations d’émettre aux candidats de la TNT dont il a achevé la sélection le 23 octobre dernier. Avec la TNT, le téléspectateur disposera certes d’une meilleure qualité d’image (équivalente à celle d’un DVD) et de son (comparable au CD), mais également d’une offre bien plus importante, puisque la TNT devrait lui permettre de recevoir 33 chaînes. Seize seront accessibles gratuitement et 15 autres seront payantes, dont 2 sur un canal en temps partagé. Trois chaînes ont été attribuées aux télévisions locales.

Pour la future TNT, le Conseil n’a retenu aucune chaîne en dehors du périmètre des grands groupes audiovisuels. Le CSA a privilégié les candidats connus qui avaient de l’expérience dans le domaine de la communication et les ressources économiques pour supporter les risques financiers. Parmi les lauréats de la TNT, on retrouve les acteurs historiques privés du secteur TF1, M6 ou Canal +, les chaînes de télévision publiques et des nouveaux éditeurs : les groupes AB, Bolloré, Lagardère, NRJ et Pathé.

Alors qu’aujourd’hui, seules six chaînes nationales peuvent être reçues, en mode analogique, demain les six fréquences (R1, R2, R3, R4, R5, R6) affectées à la diffusion en mode numérique, permettront la réception de trente-trois programmes de télévision. En effet, si la diffusion en analogique actuellement en vigueur dans l’hexagone ne permet de diffuser qu’un seul programme par canal, le numérique permet à plusieurs services d’être transportés par un même canal. Par exemple, la fréquence R2 va permettre la diffusion des chaînes iMCM, Canal J, Match TV, Direct 8, TMC, Cuisine TV(journée) en alternance avec Comédie (soirée). Pour bénéficier de cette offre numérique, le téléspectateur devra s’équiper d’un décodeur s’il souhaite conserver son poste traditionnel analogique, ou acheter un nouveau téléviseur numérique.

Un pari français

Le cadre technologique est dressé. Les acteurs sont en piste. Rendez-vous est pris pour 2004. Selon Michel Boyon, auteur d’un rapport remis au Premier ministre, dans la meilleure hypothèse, la TNT ne pourra démarrer qu’à la fin 2004, soit avec deux ans de retard sur le calendrier initial. A cet horizon, 40% de la population pourra être en mesure de recevoir la télévision numérique. En 2008, le réseau numérique terrestre devrait couvrir les besoins de 80% des foyers français.

On le sait, la bataille fait rage autour de ces nouvelles chaînes de télévision numérique. Parmi les opposants déclarés à ce projet, le président de la chaîne privée française TF1, Patrick Le Lay, pour qui le projet est mauvais, puisqu’il va ruiner les entreprises existantes qui ont déjà investi 40 milliards d’euros dans le câble et le satellite. Pour le patron de la Une, l’ADSL -autrement dit la télévision via la ligne téléphonique- qui peut être étendu sans grands aménagements techniques à la diffusion de programmes de télévision numérique serait tous bénéfices face à la fameuse TNT.

La France a déjà pris du retard sur le lancement de la TNT. Mais ce retard pourrait se transformer en avantage vu les déboires de la TNT en Europe. Les exemples européens sont, sur ce point, peu engageants. En Grande-Bretagne, la TNT vient de faire faillite. L’opérateur ITV Digital a perdu près de 2 milliards d’euros. En Espagne, le bouquet Quiero TV (avec 381 millions d’euros de perte) est à vendre. En Suède et en Scandinavie, la TNT est également un échec. De son côté, l’Allemagne fait marche arrière et a décidé de se limiter au câble.



par Myriam  Berber

Article publié le 12/06/2003