Sao Tomé et Principe
Les putschistes s’installent au pouvoir
Les officiers de Sao Tomé et Principe à l’origine du putsch de mercredi matin ont mis en place une «junte de salut national», après avoir dissous tous les organes de souveraineté. Ils seraient liés un Front démocratique chrétien qui a souvent dénoncé la corruption régnant au sein pouvoir en place.
Quelques heures à peine après avoir pris le pouvoir à Sao Tomé, les officiers putschistes dirigés par le major Fernando Pereira ont annoncé mercredi en début d’après-midi la dissolution de toutes les instances dirigeantes et la constitution d’une «junte de salut national». Toutefois les putschistes n’ont pas encore montré leur visage : un simple communiqué officiel a été lu à la télévision nationale par un journaliste entouré de militaires, qui a précise qu’il n’y a eu «ni morts ni blessés». Toujours selon ce communiqué, le soulèvement est «le reflet des conditions économiques et sociales difficiles que traverse le pays», ainsi que de «l’instabilité politique instaurée par le pouvoir déchu». La junte a ensuite affirmé «solennellement» son intention de «respecter les principes universels des régimes démocratiques et d’adopter pour règle de conduite le dialogue avec toutes les forces vives de la nation».
Au même moment tous les diplomates en poste à Sao Tomé étaient conviés à une «rencontre» organisée par le nouveau pouvoir à l’intérieur d’un camp militaire. Parmi ces «invités» de marque, on a remarqué l’ambassadeur américain Kenneth Moorefield, accompagné de son attaché militaire, alors que la plupart des diplomates occidentaux résident d’habitude à Libreville (au Gabon.
Les militaires santoméens n’auraient pas touché leur solde depuis six mois
De son côté le ministre santoméen des Affaires étrangères, Fernando Meira Rita, qui participait mercredi à Lisbonne à une réunion des pays lusophones, a officiellement mis en cause le «Front démocratique chrétien», dont les putschistes seraient issus, avant de déclarer que certains d’entre eux ont fait partie autrefois, du fameux «Buffalo Battalion» sud-africain, qui s’était illustré notamment durant la longue civile angolaise du côté des rebelles de l’UNITA de Jonas Savimbi. Fernando Meira Rita a par ailleurs refusé de se prononcer sur le fait que ce putsch intervient au moment où l’archipel commence à bénéficier de la «manne pétrolière», avant de démentir toute participation éventuelle du Nigéria dans ce coup d’Etat.
Depuis plusieurs mois, le Front démocratique chrétien (FDC, une sorte de syndicat non représenté au Parlement) avait lancé un mot d’ordre de grève générale et préparé une grande manifestation pour début juillet, avant d’accepter de la reporter de quelques semaines. Ce même Front avait auparavant violemment critiqué la corruption qui s’est peu à peu installée dans ce petit pays de 130 000 habitants, avant même le début de l’exploitation pétrolière. Les deux cibles principales du FDC ont été le président Fradique de Menezes et le premier ministre Maria das Neves de Sousa, souvent qualifiés «d’incompétents». Selon d’autres sources, les militaires santoméens (environ 600) n’auraient pas touché leur solde depuis six mois.
Visiblement, cette fois-ci, les putschistes ne comptent pas se comporter comme en 1995, lorsque le président Miguel Trovoada avait été «retenu dans son palais» par de jeunes officiers en colère une semaine durant, avant d’être libéré à l’issue de longues négociations. Les officiers dirigés par le major Fernando Pereira ont préféré lancer leur révolte au moment où le président actuel se trouvait au Nigéria, et l’une des premières personnes arrêtées a été Maria das Neves de Sousa. Ils ont ensuite arrêté le président du Parlement, le ministre de la Défense et surtout celui des Ressources naturelles, qui est en charge du pétrole : celui-ci avait négocié avec le Nigéria un partage pas très équitable de neuf blocs pétroliers offshore (60% des revenus pour le Nigéria, contre 40% seulement pour Sao Tomé) qui devraient assurer d’importants revenus à Sao Tomé à partir de l’année prochaine.
Ce putsch a été fermement condamné par le Mozambique et le Nigéria, ainsi que par le Portugal, tandis que la France a simplement «marqué sa préoccupation» et appelé «au retour à la légitimité démocratique».
De leur côté les Etats-Unis ont «déploré cette action», mais ils ne l’ont pas qualifiée de coup d’Etat, ce qui, au titre de la loi américaine, aurait impliqué la suspension automatique de toute aide autre qu’humanitaire. Sao Tomé reçoit actuellement plusieurs centaines de milliers de dollars d’aide militaire et économique américaine chaque année. Washington a également demandé la libération des responsables du gouvernement arrêtés, alors que ceux-ci étaient déjà sur le point d’être relâchés. Enfin, le porte-parole du Département d’Etat américain a qualifié de «simple coïncidence» le fait que l’ambassadeur américaine Kenneth Moorefield était présent à Sao Tomé - alors qu’il réside habituellement à Libreville (Gabon) - lors du déclenchement du coup d’Etat.
Au même moment tous les diplomates en poste à Sao Tomé étaient conviés à une «rencontre» organisée par le nouveau pouvoir à l’intérieur d’un camp militaire. Parmi ces «invités» de marque, on a remarqué l’ambassadeur américain Kenneth Moorefield, accompagné de son attaché militaire, alors que la plupart des diplomates occidentaux résident d’habitude à Libreville (au Gabon.
Les militaires santoméens n’auraient pas touché leur solde depuis six mois
De son côté le ministre santoméen des Affaires étrangères, Fernando Meira Rita, qui participait mercredi à Lisbonne à une réunion des pays lusophones, a officiellement mis en cause le «Front démocratique chrétien», dont les putschistes seraient issus, avant de déclarer que certains d’entre eux ont fait partie autrefois, du fameux «Buffalo Battalion» sud-africain, qui s’était illustré notamment durant la longue civile angolaise du côté des rebelles de l’UNITA de Jonas Savimbi. Fernando Meira Rita a par ailleurs refusé de se prononcer sur le fait que ce putsch intervient au moment où l’archipel commence à bénéficier de la «manne pétrolière», avant de démentir toute participation éventuelle du Nigéria dans ce coup d’Etat.
Depuis plusieurs mois, le Front démocratique chrétien (FDC, une sorte de syndicat non représenté au Parlement) avait lancé un mot d’ordre de grève générale et préparé une grande manifestation pour début juillet, avant d’accepter de la reporter de quelques semaines. Ce même Front avait auparavant violemment critiqué la corruption qui s’est peu à peu installée dans ce petit pays de 130 000 habitants, avant même le début de l’exploitation pétrolière. Les deux cibles principales du FDC ont été le président Fradique de Menezes et le premier ministre Maria das Neves de Sousa, souvent qualifiés «d’incompétents». Selon d’autres sources, les militaires santoméens (environ 600) n’auraient pas touché leur solde depuis six mois.
Visiblement, cette fois-ci, les putschistes ne comptent pas se comporter comme en 1995, lorsque le président Miguel Trovoada avait été «retenu dans son palais» par de jeunes officiers en colère une semaine durant, avant d’être libéré à l’issue de longues négociations. Les officiers dirigés par le major Fernando Pereira ont préféré lancer leur révolte au moment où le président actuel se trouvait au Nigéria, et l’une des premières personnes arrêtées a été Maria das Neves de Sousa. Ils ont ensuite arrêté le président du Parlement, le ministre de la Défense et surtout celui des Ressources naturelles, qui est en charge du pétrole : celui-ci avait négocié avec le Nigéria un partage pas très équitable de neuf blocs pétroliers offshore (60% des revenus pour le Nigéria, contre 40% seulement pour Sao Tomé) qui devraient assurer d’importants revenus à Sao Tomé à partir de l’année prochaine.
Ce putsch a été fermement condamné par le Mozambique et le Nigéria, ainsi que par le Portugal, tandis que la France a simplement «marqué sa préoccupation» et appelé «au retour à la légitimité démocratique».
De leur côté les Etats-Unis ont «déploré cette action», mais ils ne l’ont pas qualifiée de coup d’Etat, ce qui, au titre de la loi américaine, aurait impliqué la suspension automatique de toute aide autre qu’humanitaire. Sao Tomé reçoit actuellement plusieurs centaines de milliers de dollars d’aide militaire et économique américaine chaque année. Washington a également demandé la libération des responsables du gouvernement arrêtés, alors que ceux-ci étaient déjà sur le point d’être relâchés. Enfin, le porte-parole du Département d’Etat américain a qualifié de «simple coïncidence» le fait que l’ambassadeur américaine Kenneth Moorefield était présent à Sao Tomé - alors qu’il réside habituellement à Libreville (Gabon) - lors du déclenchement du coup d’Etat.
par Elio Comarin
Article publié le 16/07/2003