Lituanie
Paksas menacé de destitution
A moins de cinq mois de son adhésion à l’Union européenne et à l’Otan, la Lituanie est secouée par une crise politique sans précédent dans l’histoire de cette jeune république balte qui a accédé à l’indépendance en 1991. Son troisième président, l’ancien pilote soviétique Rolandas Paksas, est en effet accusé de liens avec la mafia russe et selon un rapport approuvé à une majorité écrasante par le parlement lituanien sa présence à la tête de l’Etat constitue une menace pour la sécurité nationale. Les principaux partis, qui réclament depuis plusieurs semaines la démission du président, ont d’ores et déjà entamé les tractations en vue de lancer la procédure devant mener à sa destitution.
L’affaire a éclaté fin octobre avec l’évocation par la presse d’un rapport confidentiel transmis par la sécurité intérieure lituanienne aux comités parlementaires et affirmant notamment que le président Rolandas Paskas et ses conseillers entretenaient des liens avec des groupes criminels internationaux. Plus gênant encore pour le pouvoir, le document accusait en outre la présidence de tenter non seulement d’influencer le cours des privatisations mais aussi de s’ingérer dans le travail de la police. La remise du rapport est d’ailleurs intervenue au moment où le chef de l’Etat avait engagé une procédure devant le parlement visant à obtenir le remplacement du chef de la sécurité Mecys Laurinkus, qui aurait fait l’objet de menaces très sérieuses de la part d’un homme d’affaires russe très controversé et soupçonné d’appartenir à la mafia.
Le jour même où l’affaire a éclaté, le président Paskas a convoqué le Conseil de défense de l’Etat qui a aussitôt ordonné une enquête minutieuse sur les révélations du rapport de la sécurité intérieure qui selon cette instance comporte des accusations qualifiées de «très graves». Une commission parlementaire, formée de neuf membres issus des différents partis politiques siégeant à l’assemblée législative, a été créée début novembre pour mener les investigations. Durant un mois, elle a mené son enquête, auditionnant une quarantaine de personnalités parmi lesquelles les conseillers du chef de l’Etat. Elle a également eu accès à des documents de justice et à des enregistrements de conversations remis par la police et impliquant directement le président Paskas et ses proches. Elle n’a en revanche pas pu entendre le chef de l’Etat qui, usant de ses prérogatives légales, n’a pas souhaité témoigner.
Les conclusions de la commission d’enquête, présentées lundi devant le parlement, sont sans appel pour le chef de l’Etat. Dans un rapport accablant, cette instance affirme que «le président était et reste vulnérable». «Compte tenu de son statut particulier, de ses responsabilités et de son rôle dans la politique intérieure et étrangère, il y a une menace pour la sécurité de l’Etat», souligne également le document. L’un des membres de la commission d’enquête a en outre affirmé que la preuve avait été faite que «des fuites d’informations confidentielles avaient émanées du président lui-même». Soumis au vote, le rapport des neuf sages a été approuvé à une majorité écrasante par le parlement, 70 députés votant pour, 16 contre et 10 s’abstenant. Quarante-cinq parlementaires n’ont pas participé au vote.
Le président crie au complot
Dans une déclaration radiotélévisée, Rolandas Paskas a rejeté les accusations de la commission d’enquête, affirmant qu’on cherchait à le détruire politiquement. «Je pense qu’en m’accusant sans preuve de crimes inexistants, la commission parlementaire a confirmé durant l’enquête et avec ses conclusions que son seul objectif est de me faire partir, par tous les moyens», a-t-il notamment déclaré. Mais l’homme qui a remporté, contre toute attente, le 5 janvier dernier l’élection présidentielle face au chef de l’Etat sortant, pourtant grand favori, est aujourd’hui en chute libre dans les sondages. Sa popularité est réduite à la portion congrue puisque seul 10% des Lituaniens le soutiennent encore contre 22,3% le mois dernier, avant l’éclatement du scandale. Plusieurs milliers de manifestants sont récemment descendus dans les rues de Vilnius pour réclamer sa démission.
Les jours de Rolandas Paskas à la tête de l’Etat semblent désormais comptés. Après l’adoption mardi par le parlement du rapport sur les liens de la présidence avec la mafia, quatre groupes parlementaires, dont deux de la majorité gouvernementale, ont désigné des représentants à un comité chargé de rédiger un texte formel de destitution. Le document doit recueillir la signature de 36 députés pour que la procédure puisse débuter. La destitution elle-même doit être votée par 85 des 141 parlementaires. Pour les observateurs toutefois rien n’est acquis par avance. «La destitution est une procédure longue et peut durer plusieurs mois, voire un an, et il pourrait se passer beaucoup de choses en un an», a ainsi déclaré Raimundas Lopata, le directeur de l’Institut des relations internationales et politiques de Vilnius. «Beaucoup dépendra de la discipline des partis, de la possibilité de faire pression séparément sur les députés, de la longueur du processus et de bien d’autres conditions», a-t-il ajouté.
La rapidité des développements que connaît ce dossier n’est sans doute pas étrangère aux échéances qui attendent la jeune république balte dans les cinq mois à venir. Certains souhaitent voir dans la promptitude de la Lituanie à régler cette crise un test pour la démocratie. «La situation est très mauvaise et nous somme en train de passer un examen de démocratie», a notamment déclaré Vytautas Landsbergis, le premier président lituanien qui estime que si son pays parvient à la résoudre, il «sera alors considéré comme un pays démocratique, doté d’un mécanisme légal performant».
Le jour même où l’affaire a éclaté, le président Paskas a convoqué le Conseil de défense de l’Etat qui a aussitôt ordonné une enquête minutieuse sur les révélations du rapport de la sécurité intérieure qui selon cette instance comporte des accusations qualifiées de «très graves». Une commission parlementaire, formée de neuf membres issus des différents partis politiques siégeant à l’assemblée législative, a été créée début novembre pour mener les investigations. Durant un mois, elle a mené son enquête, auditionnant une quarantaine de personnalités parmi lesquelles les conseillers du chef de l’Etat. Elle a également eu accès à des documents de justice et à des enregistrements de conversations remis par la police et impliquant directement le président Paskas et ses proches. Elle n’a en revanche pas pu entendre le chef de l’Etat qui, usant de ses prérogatives légales, n’a pas souhaité témoigner.
Les conclusions de la commission d’enquête, présentées lundi devant le parlement, sont sans appel pour le chef de l’Etat. Dans un rapport accablant, cette instance affirme que «le président était et reste vulnérable». «Compte tenu de son statut particulier, de ses responsabilités et de son rôle dans la politique intérieure et étrangère, il y a une menace pour la sécurité de l’Etat», souligne également le document. L’un des membres de la commission d’enquête a en outre affirmé que la preuve avait été faite que «des fuites d’informations confidentielles avaient émanées du président lui-même». Soumis au vote, le rapport des neuf sages a été approuvé à une majorité écrasante par le parlement, 70 députés votant pour, 16 contre et 10 s’abstenant. Quarante-cinq parlementaires n’ont pas participé au vote.
Le président crie au complot
Dans une déclaration radiotélévisée, Rolandas Paskas a rejeté les accusations de la commission d’enquête, affirmant qu’on cherchait à le détruire politiquement. «Je pense qu’en m’accusant sans preuve de crimes inexistants, la commission parlementaire a confirmé durant l’enquête et avec ses conclusions que son seul objectif est de me faire partir, par tous les moyens», a-t-il notamment déclaré. Mais l’homme qui a remporté, contre toute attente, le 5 janvier dernier l’élection présidentielle face au chef de l’Etat sortant, pourtant grand favori, est aujourd’hui en chute libre dans les sondages. Sa popularité est réduite à la portion congrue puisque seul 10% des Lituaniens le soutiennent encore contre 22,3% le mois dernier, avant l’éclatement du scandale. Plusieurs milliers de manifestants sont récemment descendus dans les rues de Vilnius pour réclamer sa démission.
Les jours de Rolandas Paskas à la tête de l’Etat semblent désormais comptés. Après l’adoption mardi par le parlement du rapport sur les liens de la présidence avec la mafia, quatre groupes parlementaires, dont deux de la majorité gouvernementale, ont désigné des représentants à un comité chargé de rédiger un texte formel de destitution. Le document doit recueillir la signature de 36 députés pour que la procédure puisse débuter. La destitution elle-même doit être votée par 85 des 141 parlementaires. Pour les observateurs toutefois rien n’est acquis par avance. «La destitution est une procédure longue et peut durer plusieurs mois, voire un an, et il pourrait se passer beaucoup de choses en un an», a ainsi déclaré Raimundas Lopata, le directeur de l’Institut des relations internationales et politiques de Vilnius. «Beaucoup dépendra de la discipline des partis, de la possibilité de faire pression séparément sur les députés, de la longueur du processus et de bien d’autres conditions», a-t-il ajouté.
La rapidité des développements que connaît ce dossier n’est sans doute pas étrangère aux échéances qui attendent la jeune république balte dans les cinq mois à venir. Certains souhaitent voir dans la promptitude de la Lituanie à régler cette crise un test pour la démocratie. «La situation est très mauvaise et nous somme en train de passer un examen de démocratie», a notamment déclaré Vytautas Landsbergis, le premier président lituanien qui estime que si son pays parvient à la résoudre, il «sera alors considéré comme un pays démocratique, doté d’un mécanisme légal performant».
par Mounia Daoudi
Article publié le 03/12/2003
 
 


 
 
				
			 
					