Espionnage
Bush et Blair se résignent à une enquête
La présence d’armes de destruction massive (ADM) en Irak et qui représentait un danger pour le monde a été l’argument principal brandi par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne pour justifier une guerre préventive contre le régime de Saddam Hussein. Mais presqu’un an après le déclenchement des hostilités aucune trace d’un quelconque arsenal n’a été découverte, obligeant le président américain George Bush et le Premier ministre britannique Tony Blair à céder à la pression politique dans leur pays et nommer une commission d’enquête.
Les experts américains chargés de trouver un arsenal d’armes de destruction massive peinent à trouver ce qui est une évidence pour les politiques, commanditaires des opérations de fouilles. La superbe affichée par le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell devant le Conseil de sécurité, récusant le travail des experts de l’ONU au bénéfice des «renseignements infaillibles» détenus par les services américains, semble aujourd’hui bien loin. Malgré la foi d’une majorité d’Américains dans le bien-fondé de la guerre, il reste une minorité active qui agite le fanion de la «tromperie». Elle utilise également l’argument des victimes plus nombreuses aujourd’hui que pendant les hostilités pour évoquer l’absurdité de cette guerre en Irak. La prochaine élection présidentielle, en novembre 2004, offre un terreau propice aux attaques politiques et autres démonstrations que Saddam Hussein ne représentait un danger que pour son propre peuple.
L’administration Bush avait pourtant mis les moyens pour «trouver» les armes de destruction massive. Elle avait nommé en juin 2003, David Kay, un spécialiste du nucléaire et qui fait autorité dans la connaissance des armements au Proche-Orient et en Irak en particulier. A la tête d’une équipe de 1 400 Américains et Britanniques, il a conduit pendant sept mois des travaux de recherche d’ADM, sans succès, «ce qui n’est pas une surprise» selon des observateurs. La surprise est plutôt venue de David Kay lui-même qui a prétexté de «raisons familiales et personnelles» pour annoncer sa démission. Il a néanmoins déclaré que «l’Irak n’avait pas d’ADM avant la guerre» et accuse les services de renseignements américains d’avoir trompé les responsables politiques.
«Je l’ai invité à venir à la Maison Blanche, je veux qu’il m’informe», a déclaré le président Bush. A l’issue de cette rencontre et après une réunion de son gouvernement le président a décidé de la création d’une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur cette question. Les leaders du parti démocrate, en campagne d’investiture en vue de l’élection présidentielle de novembre prochain, ont exigé du pouvoir de garantir l’indépendance de cette commission. Le président Bush a accédé à cette demande mais prévient que le rapport ne tomberait qu’en 2005, c’est-à-dire après l’élection présidentielle de novembre 2004.
Mêmes causes, mêmes effets
Tony Blair, le principal allié de George Bush dans l’aventure irakienne, a lui aussi cédé à la pression politique grandissante dans son pays. Il a accepté le principe de l’ouverture d’une enquête sur les informations fournies par les services de renseignements et qui ont justifié le déclenchement de la guerre. Le gouvernement de Tony Blair a d’ores et déjà exclu du champ de la commission d’enquête tout jugement sur l’opportunité politique de la guerre. «Ce qu’il nous faut, c’est une enquête appropriée sur le renseignement et ses éventuelles carences. A mon avis, nous n’avons pas besoin d’une enquête sur la décision politique d’entrer en guerre», a précisé Tony Blair.
L’opposition a alors repris les affirmations du Premier ministre sur la détention d’ADM par l’Irak : «la menace est grave et actuelle, il (Saddam Hussein) a fait des progrès en matière d’ADM et il doit être arrêté», déclarait Tony Blair qui affirmait par ailleurs que régime irakien pouvait déclencher son arsenal de guerre en seulement 45 minutes. Ces propos sont repris dans le propre camp politique du Premier ministre britannique, par d’anciens ministres démissionnaires qui se rappellent à son bon souvenir. Le parti libéral démocrate, un parti d’opposition a annoncé son refus de participer à la commission d’enquête si le volet de la responsabilité politique ne fait pas partie du domaine d’investigation de la commission.
«C’est humiliant que l’on ne fasse qu’imiter une fois de plus les Etats-Unis», a déclaré Clare Short, une ancienne ministre qui avait démissionné du gouvernement Blair pour protester contre le choix de la guerre en Irak.
L’administration Bush avait pourtant mis les moyens pour «trouver» les armes de destruction massive. Elle avait nommé en juin 2003, David Kay, un spécialiste du nucléaire et qui fait autorité dans la connaissance des armements au Proche-Orient et en Irak en particulier. A la tête d’une équipe de 1 400 Américains et Britanniques, il a conduit pendant sept mois des travaux de recherche d’ADM, sans succès, «ce qui n’est pas une surprise» selon des observateurs. La surprise est plutôt venue de David Kay lui-même qui a prétexté de «raisons familiales et personnelles» pour annoncer sa démission. Il a néanmoins déclaré que «l’Irak n’avait pas d’ADM avant la guerre» et accuse les services de renseignements américains d’avoir trompé les responsables politiques.
«Je l’ai invité à venir à la Maison Blanche, je veux qu’il m’informe», a déclaré le président Bush. A l’issue de cette rencontre et après une réunion de son gouvernement le président a décidé de la création d’une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur cette question. Les leaders du parti démocrate, en campagne d’investiture en vue de l’élection présidentielle de novembre prochain, ont exigé du pouvoir de garantir l’indépendance de cette commission. Le président Bush a accédé à cette demande mais prévient que le rapport ne tomberait qu’en 2005, c’est-à-dire après l’élection présidentielle de novembre 2004.
Mêmes causes, mêmes effets
Tony Blair, le principal allié de George Bush dans l’aventure irakienne, a lui aussi cédé à la pression politique grandissante dans son pays. Il a accepté le principe de l’ouverture d’une enquête sur les informations fournies par les services de renseignements et qui ont justifié le déclenchement de la guerre. Le gouvernement de Tony Blair a d’ores et déjà exclu du champ de la commission d’enquête tout jugement sur l’opportunité politique de la guerre. «Ce qu’il nous faut, c’est une enquête appropriée sur le renseignement et ses éventuelles carences. A mon avis, nous n’avons pas besoin d’une enquête sur la décision politique d’entrer en guerre», a précisé Tony Blair.
L’opposition a alors repris les affirmations du Premier ministre sur la détention d’ADM par l’Irak : «la menace est grave et actuelle, il (Saddam Hussein) a fait des progrès en matière d’ADM et il doit être arrêté», déclarait Tony Blair qui affirmait par ailleurs que régime irakien pouvait déclencher son arsenal de guerre en seulement 45 minutes. Ces propos sont repris dans le propre camp politique du Premier ministre britannique, par d’anciens ministres démissionnaires qui se rappellent à son bon souvenir. Le parti libéral démocrate, un parti d’opposition a annoncé son refus de participer à la commission d’enquête si le volet de la responsabilité politique ne fait pas partie du domaine d’investigation de la commission.
«C’est humiliant que l’on ne fasse qu’imiter une fois de plus les Etats-Unis», a déclaré Clare Short, une ancienne ministre qui avait démissionné du gouvernement Blair pour protester contre le choix de la guerre en Irak.
par Didier Samson
Article publié le 03/02/2004