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Chypre

La réunification rejetée par la communauté grecque

Une chypriote-grecque se prépare à voter. Malgré la victoire du oui dans la partie turque, seul le sud, partisan du <EM>statu quo</EM>, entrera dans l'UE le 1er mai. 

		(Photo: AFP)
Une chypriote-grecque se prépare à voter. Malgré la victoire du oui dans la partie turque, seul le sud, partisan du statu quo, entrera dans l'UE le 1er mai.
(Photo: AFP)
Les Chypriotes grecs qui ont nettement repoussé le référendum de réunification de l’île par 75% des voix entreront seuls dans l’Union européenne le 1er mai. Toutefois ils s’inquiètent déjà des conséquences de leur refus sur la communauté européenne, décidée à «récompenser» les Chypriotes turcs pour leur vote favorable à 65% au projet de l’ONU.

Au lendemain du rejet du référendum de réunification de Chypre qui aurait permis l’entrée de toute l’île dans l’Union européenne, le 1er mai, il n’y a pas de gagnant. A 75% la partie grecque de Chypre a repoussé le projet pour lequel Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, avait mis tout son poids dans la balance. Dès lors, en dépit d’un vote nettement favorable de la partie turque, 65% de oui, la réunification tombe à l’eau.

Apparemment perdants puisque barrés dans leur désir d’entrer dans la communauté européenne les Chypriotes turcs ont désavoué clairement leur président Rauf Denktash qui avait appelé à voter non. Son Premier ministre Mehmet Ali Talat a estimé qu’il devait en tirer les conclusions et démissionner. Par leur vote les Chypriotes turcs ont montré, selon le Premier ministre, qu’ils n’étaient «ni séparatistes, ni intransigeants» et pourtant, de manière «injuste», ils resteront à la porte de l’Europe. C’est pourquoi il appelle la communauté internationale à lever l’embargo économique qui frappe la partie turque de l’île depuis 1974 date de l’intervention de l’armée turque, dans une tentative de s’opposer au rattachement total de l’île à la Grèce. Les Chypriotes turcs espéraient bien bénéficier de leur entrée dans l’Union européenne pour rééquilibrer leur sous-développement économique et social par rapport à la partie grecque de l’Ile.

Leur attitude favorable aux vues défendues par la communauté internationale: ONU, Union européenne, Etats-Unis, devrait effectivement être portée à leur crédit. Très remontée contre la mauvaise volonté manifestée par les Chypriotes grecs, la Commission européenne a chaudement félicité les Chypriotes turcs pour leur vote positif et s’est dite prête à les récompenser pour cela. Plus clairement encore, la France attend que la Commission européenne propose des mesures destinées à promouvoir le développement économique de la partie turque de l’île et à la rapprocher de l’Union, comme le conseil européen de Copenhague l’avait décidé en décembre 2002.

Appel à ne pas fêter bruyamment le résultat

Apparemment gagnants puisqu’ils ont imposé leur position les Chypriotes grecs ne sont plus si certains de leur victoire. Le président chypriote grec Tassos Papadopoulos, qui avait appelé à voter non, a demandé à ses compatriotes de ne pas fêter le résultat dans les rues. Des journaux publiés à Nicosie craignent que l’Europe et la communauté internationale n’aient désormais pour préoccupation principale d’aider les Chypriotes turcs à sortir de leur isolement politique et économique et à se désintéresser du sort des Chypriotes grecs. En miroir, un quotidien turc publié à Ankara n’hésite pas à affirmer que le rejet du référendum par les Grecs accepté par les Turcs constitue «le meilleur résultat possible pour les Chypriotes turcs». Sans aller jusque-là, l’entrée de Chypre non réunifiée dans l’Union européenne ne s’effectue pas dans les meilleures conditions, d’autant plus que la Grèce, allié traditionnel de la communauté héllenophone de Chypre s’était prononcée pour l’adoption du référendum.



par Francine  Quentin

Article publié le 25/04/2004 Dernière mise à jour le 26/04/2004 à 06:46 TU

Audio

Dominique de Courcelles

Journaliste à RFI

«L'imbroglio chypriote n'en finit pas de se compliquer.»

[25/04/2004]

Quentin Dickinson

Correspondant de RFI à Bruxelles

«Les Chypriotes-grecs pourront peut-être avoir à regretter leur vote négatif.»

[25/04/2004]

Alvaro de Soto

Conseiller spécial du Secrétaire général de l'ONU

«Je suis évidemment un peu déçu, je regrette que cela ait été le résultat final. Nous devons rentrer dans une période de réflexion à ce sujet.»

[26/04/2004]

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