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Chypre

Les chances de réunification s’amenuisent

Les perspectives de succès du référendum sur la réunification de Chypre semblent encore s'éloigner. 

		(Carte : RFI - Photo : AFP)
Les perspectives de succès du référendum sur la réunification de Chypre semblent encore s'éloigner.
(Carte : RFI - Photo : AFP)
Les perspectives de succès du référendum sur la réunification de Chypre semblent encore s’éloigner. Le principal parti politique de la communauté chypriote grecque vient de rejeter formellement le plan des Nations unies. De son coté le dirigeant de la communauté chypriote turque Rauf Denktash s’est félicité du veto russe à l’ONU, dénonçant les pressions internationales en faveur du oui.

Dans deux référendums séparés les communautés grecque et turque de Chypre sont appelées à se prononcer samedi sur un plan de réunification de l’île avant son entrée dans l’Union européenne le 1er mai prochain. En cas de refus par l’une des deux entités, seule la partie sud de l’île, celle des Chypriotes grecs, serait considérée comme membre de l’Union européenne. L’enjeu est de taille et le secrétaire général de l’ONU travaille depuis quatre ans à la recherche d’un compromis entre les deux communautés séparées depuis 1974, date à laquelle l’armée turque a envahi le tiers nord de l’île pour s’opposer à un coup d’état des Chypriotes grecs qui voulaient rattacher l’ensemble de l’île à la Grèce.

Kofi Annan a mis sur pied un plan de réunification qui prévoit un Etat chypriote de type fédéral conservant une grande autonomie aux deux entités territoriales dont l’une, turcophone représente moins de 20% de la population de l’île mais dont la superficie sera réduite d’environ 7% par rapport au découpage actuel.

Le compromis difficile auquel est parvenu le secrétaire général de l’ONU, en liaison avec la Turquie, la Grèce et la Grande-Bretagne, puissances garantes du statut de Chypre, est cependant mis en grand danger par l’opposition des représentants politiques les premiers concernés. Les leaders des deux communautés ont d’une même voix repoussé le projet. Le principal parti politique chypriote grec, le parti communiste AKEL a annoncé qu’il s’opposait au plan proposé par référendum, ce qui retire encore des chances de succès à la consultation.

De son côté le président de la partie turque de l’île Rauf Denktash s’est félicité du veto de la Russie au conseil de sécurité des Nations unies sur une résolution qui avait pour but d’encourager les Chypriotes à voter oui. Le représentant russe a expliqué que son pays ne souhaite pas l’adoption d’une résolution avant que les Chypriotes eux-mêmes ne se soient prononcés. Rauf Denktash en effet a dénoncé «les pressions immorales exercées depuis des mois sur les parties chypriotes».

L’Union européenne «bernée»

Il faut bien reconnaître que la communauté internationale de manière bilatérale ou multilatérale n’a pas ménagé ses incitations à l’approbation du plan Annan. Même après le veto russe la position favorable des 14 autres membres du conseil de sécurité constitue un message fort de soutien au plan a confirmé le représentant britannique. Les États-Unis ont estimé que le plan proposé offre un avenir pacifique et prospère à l’île et qu’il est un compromis équitable entre les deux communautés. Kofi Annan y voit la seule voie possible vers la paix et a annoncé qu’en cas de refus il considérerait sa mission terminée.

Mais les critiques les plus vives à l’égard des dirigeants chypriotes sont venues du commissaire européen chargé de l’élargissement Günter Verheugen. Celui-ci s’est déclaré «berné» par la mauvaise volonté du gouvernement chypriote grec alors que l’Union européenne avait accepté, en 1999, de ne pas faire de la réunification un préalable à l’adhésion. Mais en contrepartie les Chypriotes grecs devait faire tout leur possible pour trouver une solution avant l’entrée officielle dans la communauté. Pour le commissaire européen la communauté grecque de l’île n’a pas respecté sa part du marché.

Les sondages réalisés ne sont guère plus encourageants. Les Chypriotes grecs sont majoritairement décidés à voter contre le projet de réunification même si l’opposition régresse de 62% la semaine dernière à 53% à trois jours du scrutin. De leur côté les Chypriotes turcs semblent plus disposés à approuver le texte car ils souhaitent mettre un terme à la longue période d’isolement de leur communauté et surtout bénéficier des avantages liés à l’appartenance à l’Union européenne. La perspective qui consiste à attendre l’intégration de la Turquie dans l’Europe pour s’engouffrer dans la brèche apparaît en effet bien lointaine.



par Francine  Quentin

Article publié le 22/04/2004 Dernière mise à jour le 22/04/2004 à 12:38 TU