Côte d'Ivoire
Rapport de l'ONU, les réactions
(Photo: AFP)
L’Inter, dans sa parution du 4 mai fait un parallèle avec entre les affirmations des enquêteurs et celles du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH). Les bilans sont assez proches écrit l’Inter qui fait remarquer, par ailleurs que «le pouvoir ivoirien est accablé par ce rapport qui le discrédite et le vide de sa fierté d’être un régime démocratique». Mais l’équilibre est rétabli lorsque l’auteur de l’article s’interroge: «Où sont passés les corps des 83 autres victimes, hormis les 37 officiels? » Dans le même article la responsabilité du président Gbagbo semble relativisée puisque le président a demandé lui-même «la mise sur pied d’un tribunal pénal international pour la Côte d’Ivoire» pour un mettre un terme «aux situations répétées de violation des droits humains». Un autre article du même journal parle de «célérité suspecte» de la commission d’enquêteurs de l’ONU.
Par ailleurs, l’Intelligent d’Abidjan, ne s’étonne pas si «le coupvient de Paris, de RFI, de là où on s’y attendait sans doute». Citant un partisan du président de la République, le journal parle de riposte «dans les médias ici et en Europe (…) qu’il faut continuer à fournir en moyens la caravane patriotique pour qu’elle maintienne la pression». L’Intelligent d’Abidjan croit en la bonne étoile du président qui le fait vaincre les embûches qui se dressent sur son parcours de chef de l’Etat malgré «cette France de droite au pouvoir qui n’aurait pas renoncé à se de débarrasser d’un président de gauche de surcroît pas bien élu, malgré le jackpot offert à Bolloré».
Un autre son de clocheLe Nouveau Réveil, quant à lui accorde beaucoup de crédit aux conclusions des enquêteurs. «L’œil impartial de l’ONU vient de condamner Gbagbo, grand ennemi des libertés publiques qui aspire à transformer la Côte d’Ivoire, cet oasis de paix et de liberté, en un vaste cimetière des libertés publiques», peut-on lire dans un article publié le 4 mai à Abidjan. L’auteur de l’article compare le président Laurent aux dictateurs que l’Afrique a connus dans son histoire récente et le tient pour responsable de la délicate situation que traverse le pays.
La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), dans un communiqué de presse, fait remarquer qu’elle soutient l’idée de la création d’un «Tribunal à caractère international et d’une Commission vérité et réconciliation». Mais la FIDH émet quelques réserves sur la «faisabilité à court terme» de ces différentes recommandations. L’organisation de défense des droits de l’Homme relève que «les conclusions de la commission d’enquête confirment et étayent les graves violations des droits de l’Homme, et la responsabilité directe portée par les plus hautes autorités nationales» qu’elle a toujours dénoncé.
Le ministère des Affaires étrangères en France se dit «préoccupé» et rappelle «la détermination unanime du Conseil de sécurité, et donc de la France, (…) qui s’est déclaré prêt à considérer toute nouvelle mesure pour encourager la mise en œuvre complète de l’accord de Linas-Marcoussis et promouvoir la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire».
La présidence contre-attaque
Contrairement à la presse locale qui a immédiatement réagi à la diffusion et à la publication du rapport des enquêteurs de l’ONU, le pouvoir ivoirien a livré son sentiment quarante-huit heures plus tard. «La présidence de la République adresse la protestation la plus vive contre cette manière sournoise avec laquelle certains médias espèrent, après l’échec militaire, mettre à mal la cohésion au sein de l’appareil d’Etat en opposant les civils aux forces de défense et de sécurité», précise un communiqué de la présidence de la République ivoirienne parvenu à l’AFP. Les médias français, RFI qui a révélé l’information, France Info, i-Télé et ont été désignés comme faisant le jeu d’une grande manipulation.
Sans jamais aborder le fond du dossier, le pouvoir s’est contenté de condamner les méthodes utilisées par les médias qui ont relayé l’information. Mais certains journaux ivoiriens ont franchi le pas en parlant de «prétendu rapport». C’est le cas du journal, Notre Voie, organe très proche du Front populaire ivoirien au pouvoir, qui affirme que le président Laurent Gbagbo «a donné des instructions fermes afin que ses avocats basés à Paris portent plainte», contre RFI et le quotidien le Monde. Pour la presse proche du pouvoir, ce «pseudo rapport» n’est qu’une machination de certains réseaux français qui ont décidé «de déverser leurs méchancetés gratuites sur notre pays et son président». Pour le journal le Temps, le «montage est grotesque», et les enquêteurs de l’ONU auraient été «victimes de beaucoup de manipulations».
par Didier Samson
Article publié le 05/05/2004 Dernière mise à jour le 05/05/2004 à 14:07 TU