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Côte d'Ivoire

Le rapport de l'ONU accable le clan présidentiel

Selon le rapport de l'ONU, le président Laurent Gbagbo apporterait personnellement son soutien à certaines «milices» coupables de violations des droits de l'homme. 

		(Photo : AFP)
Selon le rapport de l'ONU, le président Laurent Gbagbo apporterait personnellement son soutien à certaines «milices» coupables de violations des droits de l'homme.
(Photo : AFP)
La Commission d’enquête de l’ONU sur les événements du 25 mars à Abidjan a rendu un rapport qui accable le pouvoir d’Abidjan. Elle a séjourné en Côte d’Ivoire du 15 au 28 avril.

Lire le texte intégral (en anglais) du rapport de l'ONU

Le rapport de la Commission d’enquête de l’ONU sur les événements des 25 et 26 mars 2004 à Abidjan a été rendu au Haut commissariat aux droits de l’Homme à Genève, dès le lendemain de la fin de la mission des experts en Côte d’Ivoire. Le souci de situer les responsabilités, pour lever toutes les équivoques, apparaît à la lecture du rapport ponctué par des recommandations des enquêteurs. La formulation des certaines recommandations renvoie à la responsabilité de l’Etat Ivoirien. Par exemple, la commission souhaite que la communauté internationale apporte une aide financière au gouvernement de réconciliation nationale afin qu’il puisse «indemniser les familles victimes des massacres et celles dont les propriétés ont été détruites ou dégradées lors des événements».

Ce passage évoque un constat des enquêteurs qui estiment que des tueries ont été planifiées et exécutées sans discernement. «La répression a été soigneusement planifiée et exécutée par des forces de sécurité, sous la direction et la responsabilité des plus hautes autorités de l’Etat», précisent les rapporteurs. Selon leurs investigations, il apparaît que les forces de l’ordre, police, gendarmerie et armée nationale auraient «travaillé» en étroite collaboration avec des «unités spéciales et des forces parallèles», toujours sous contrôle des «plus hautes autorités de l’Etat».

Répression disproportionnée

La manifestation de l’opposition, interdite mais maintenue par elle aurait été un prétexte pour exécuter une «opération soigneusement préparée», affirment les enquêteurs. Selon eux, les moyens mobilisés et utilisés pour réprimer la manifestation étaient «disproportionnés». Les cibles prioritairement choisies renvoient à quelques interrogations. Les enquêteurs de la Commission de l’ONU sur les événements des 25 et 26 mars, ont noté que les zones habitées par les populations originaires «du nord du pays, ou encore des pays voisins (spécialement le Burkina Faso, le Mali et le Niger) ont été victimes de violations des droits humains et d’exécutions sommaires et extra-judiciaires».

Le rapport est assez accablant pour le régime du président Laurent Gbagbo. Il contredit sur de nombreux points la version officielle des faits soutenue par le président de la République au lendemain des événements à la radio et à la télévision nationale. Le bilan officiel faisait état de 37 morts, dont deux policiers, alors les organisateurs de la manifestation dénombraient plusieurs centaines de morts. Mais la commission d’enquête de l’ONU, est plutôt arrivée à un bilan de «120 tués, 274 blessés, et 20 disparus». Ces chiffres ne sont pas définitifs, précisent les enquêteurs qui signalent la présence de 81 corps portant des traces de balles dans différentes morgues des hôpitaux d’Abidjan et sa périphérie. Ils n’excluent pas non plus la possible présence de charniers «quelque part en Côte d’Ivoire».



par Didier  Samson

Article publié le 03/05/2004 Dernière mise à jour le 04/05/2004 à 08:54 TU

 

Lire le rapport de la Commission d'enquête de l'ONU sur les événements des 25 et 26 mars à Abidjan

Audio

Olivier Rogez

Journaliste à RFI

«Ce qui s'est passé les 25 et 26 mars 2004 à Abidjan est une opération planifiée et coordonnée, indique le rapport de la commission d'enquête internationale. »

[03/05/2004]

Benoît Scheuer

Fondateur et secrétaire général de l'ONG Prévention Génocides

«On doit condamner l’Ivoirité»

[04/05/2004]

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