Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Côte d'Ivoire

Sécuriser Abidjan

Martin Bléou accompagné de gardes du corps parcourt la région incriminée. 

		(Photo AFP)
Martin Bléou accompagné de gardes du corps parcourt la région incriminée.
(Photo AFP)
La sécurité reste la principale préoccupation des autorités d’Abidjan alors que la vie politique est toujours en suspend. Les forces de l’ONU sont attendues et l’armée française est sollicitée en renfort pour des «patrouilles mixtes» à Abidjan.

«Oui nous voulons de votre aide», c’est en substance la réponse des autorités ivoiriennes à l’éventualité d’une participation aux opérations de police dans Abidjan évoquée par les responsables militaires français qui ont expliqué leur «inaction» les 25 et 26 mars, par le fait qu’ils n’avaient pas été sollicités, leur mission en Côte d’Ivoire ne prévoyant pas d’opérations de police urbaine. Mais les autorités ivoiriennes ont saisi la balle au bond et en ont officiellement fait la demande à la France. Martin Bléou, le ministre de la Sécurité intérieure a indiqué que les forces françaises de paix et ouest-africaine en Côte d’Ivoire avaient été sollicitées par le gouvernement pour «effectuer des patrouilles mixtes avec les forces ivoiriennes».

Devant la persistance des exactions, des intimidations et des rafles, le gouvernement ivoirien a accepté l’offre française qui aura aussi pour effet de disculper l’armée ivoirienne accusée par l’opposition de participer aux actions de terreur dans la ville. Des témoins parlent d’hommes en armes et en uniforme militaire qui commettent des forfaits. Martin Bléou ne nie pas les faits. «Plusieurs témoignages dignes de foi révèlent que des individus en treillis, armés de pistolets automatiques et/ou de kalachinkov et circulant de nuit (…) sèment la terreur dans certains quartiers en exerçant toutes sortes de sévices à l’encontre des populations (..). L’exactitude matérielle du phénomène n’est pas contestable», a précisé le ministre.

«Forces parallèles en uniforme»

Le port du treillis militaire n’est plus un signe distinctif qui affiche une appartenance à un corps. Martin Bléou en fait la démonstration et remonte à 1999, lors du coup d’Etat du 24 décembre pour expliquer l’apparition des milices armées. «Les individus ou forces parallèles qui écument certains quartiers s’abritent derrière les forces de défense et de sécurité et entendent par là-même semer la confusion», a fait remarquer le ministre de la Sécurité intérieure. Mais certains partis politiques et des organisations de défense des droits de l’Homme continuent de dénoncer une collusion entre des «milices en uniformes», des civiles en armes et des soldats de l’armée régulière. C’est pourquoi malgré cette volonté gouvernementale de disculper l’armée régulière, les accusateurs réclament la constitution d’une commission internationale d’enquête.

En revanche, aucune preuve irréfutable n’a encore confirmé le nombre très élevé de morts signalé par les partis d’opposition et les organisations de défense des droits de l’Homme; au moins deux cents morts selon les organisateurs de la manifestation interdite, mais seulement trente-sept annoncés officiellement. Certains sites censés abriter des charniers ont été visités mais sans résultat probant.

C’est dans ce contexte de retour progressif à la sécurité dans Abidjan que le Premier ministre Seydou Diarra a entrepris une tournée pour tenter de renouer le dialogue entre acteurs politiques ivoiriens. Après une brève visite chez John Kufuor, président du Ghana et président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), il envisage de rencontrer tous les leaders de l’opposition, pour essayer de les convaincre d’un retour au sein du gouvernement de réconciliation nationale. A Paris en visite privée, il a rencontré le nouveau ministre délégué à la Coopération , du développement et de la francophonie, Xavier Darcos le 2 avril. Un entretien est également prévu avec le 3 avril avec Michel Barnier le tout nouveau ministre des Affaires étrangères français.

Le contexte international joue en sa faveur, puisque Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU vient de nommer un Sénégalais, le général de division Abdoulaye Fall, commandant de la force de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), confirmant par la même occasion le maintien du déploiement de la force onusienne, dès le 4 avril et qui comptera en tout 6 240 hommes. Les premiers contingents sont déjà sur place et n’auront qu’à changer de casquette le 4 avril pour passer d’un commandement à un autre; de celui de la CEDEAO à celui de l’ONU. Les bérets verts deviendront des casques bleus. Kofi Annan a annoncé au Conseil de sécurité que le Bengladesh, le Bénin, la France, le Ghana, le Maroc, le Niger, le Pakistan, le Sénégal, le Togo et l’Ukraine ont accepté de fournir des personnels militaires à l’ONUCI.



par Didier  Samson

Article publié le 02/04/2004 Dernière mise à jour le 05/04/2004 à 09:02 TU