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Philippines

Election du nouveau président

La présidente Gloria Arroyo 

		Photo : AFP
La présidente Gloria Arroyo
Photo : AFP
Les Philippines choisissent lundi leur nouveau président lors d’une élection opposant la présidente sortante Gloria Arroyo à l'acteur de cinéma le plus populaire du pays, Fernando Poe.

Cinq candidats briguent la magistrature suprême, mais deux d’entre eux seulement paraissent en mesure le l’emporter: l’ancien acteur de cinéma Fernando Poe et la présidente sortante Gloria Arroyo, que les sondages donnent pour l’instant gagnante avec 4,5 points d'avance sur son rival.

Economiste diplômée d'une université américaine, fille d'un ancien président et championne du libéralisme et de l'alliance avec les Etats-Unis, qu’elle a soutenu en Irak en y envoyant un contingent militaire, Gloria Arroyo, 56 ans, est arrivée à la tête de l'Etat en janvier 2001, sans avoir été élue à ces fonctions. Vice-présidente à l’époque, elle avait succédé à Joseph Estrada, un autre ancien acteur, qui avait été destitué par le parlement à la suite d’un scandale de corruption.


Le candidat à l'élection présidentielle, l'acteur Fernando Poe  

		Photo : AFP
Le candidat à l'élection présidentielle, l'acteur Fernando Poe
Photo : AFP

Un nouveau monsieur propre issu du cinéma

Son principal adversaire, Fernando Poe, 64 ans, est un novice en politique. Surnommé le «John Wayne des Philippines» pour les rôles de justicier qu'il incarna à l’écran, il n’a jamais exercé la moindre responsabilité publique. Mais il est soutenu par des proches de l'ex-président Estrada et de l'ex-dictateur Ferdinand Marcos, lui aussi chassé du pouvoir par un soulèvement populaire en 1986. Surtout, il s’est entouré d’une équipe de vedettes capable de mobiliser les médias en toute circonstance. Sa candidate à la vice-présidence est une ancienne présentatrice de télévision et son directeur de campagne fut lui aussi acteur de série B.

Fernando Poe n’a jamais exposé son programme économique et ses rares déclarations, sur les effets néfastes de la mondialisation sur les classes pauvres ou la nécessité de rétablir la paix dans le sud du pays après trente ans d'insurrection musulmane, sont restées vagues. Il compte sur son image de redresseur de torts et de défenseur des opprimés pour se gagner les masses populaires, majoritaires dans un pays où le sous-développement reste le principal problème, compliqué par un taux d'accroissement démographique annuel le plus fort d'Asie. 51% de la population gagnent moins de deux dollars par jour et les experts estiment que le PIB devrait croître de 6% par an pendant au moins dix ans pour faire reculer la pauvreté. Or la dette publique, qui représente plus d'un tiers du budget de l'Etat, laisse peu de marge pour relancer l’emploi ou pour moderniser le système éducatif et les infrastructures. La dictature de Ferdinand Marcos, renversé en 1986 après 20 ans de pouvoir, a par ailleurs laissé une culture de la corruption et une armée politisée et instable comme l’a montrée la mutinerie, rapidement écrasée, de jeunes officiers en juillet 2003.

Vers un gouvernement d’union nationale ?

L’hypothèse, toujours plausible, d’une victoire de Fernando Poe inquiète les milieux économiques. Depuis l'annonce de sa candidature en novembre, la monnaie nationale a chuté et la bourse joue les montagnes russes. Dans le camps présidentiel, très critiqué pour son échec sur la question de la pauvreté, on minimise le danger de cette opposition en la qualifiant de fantaisiste. «Les phillipins sont fatigués de ces candidats du show-biz qui ne peuvent conduire le pays qu’à la catastrophe économique», a ainsi déclaré Gloria Arroyo qui a pourtant elle aussi choisi une ancienne vedette de télévision pour concourir à la vice-présidence.

Derrière ce discours de façade, la présidente semble au contraire consciente des risques que son impopularité dans les classes populaires fait peser sur sa ré-élection. Ainsi s’est-elle engagée à partager le pouvoir avec l'opposition afin de rechercher l'unité, dans le cas où elle obtiendrait un nouveau mandat. Son projet vise, entre autres, à unifier la nation et l'opposition afin de mettre sur pied un «gouvernement de véritable unité nationale» et aboutir à une authentique réconciliation parmi les formations politiques en conflit dans le pays. Les élections aux Philippines sont en effet considérées parmi les plus violentes en Asie : selon les statistiques de l'armée, au moins 67 personnes, dont une dizaine d’élus, ont été tuées durant la campagne électorale. Les armes à feu ainsi que les explosifs sont très facilement disponibles dans le pays également théâtre de rébellions communiste et musulmane très meurtrières.


par Jocelyn  Grange

Article publié le 09/05/2004 Dernière mise à jour le 09/05/2004 à 08:51 TU