Islamisme
«Gang de Roubaix»: retour en France de Lionel Dumont
(Photo: AFP)
Lionel Dumont naît en 1971 au sein d’une famille ouvrière de huit enfants. Il abandonne ses études à la fin d’une première année universitaire. Il part faire son service militaire en partie à Djibouti et, à son retour en France, en 1993, il se convertit à l’islam. En 1994, il découvre la guerre en Bosnie, dans les rangs de moudjahidine venus combattre aux côtés de l’armée bosniaque. En 1995, lors de son retour en France, il rejoint d’autres Français au profil similaire (convertis à l’islam, et vétérans de la guerre en Bosnie dans les rangs de la Brigade musulmane), et ils organisent des braquages pour financer la «cause islamiste».
Selon les enquêteurs, les gangsters, qui organisent ces braquages, sont répartis en deux groupes: les «cagoulés», opérant sur Roubaix sous la direction de Christophe Caze, et les «masques de carnaval», agissant sur Lille, sous la houlette de Lionel Dumont.
En 1996, découverte est faite, à Lille, d’un véhicule piégé devant le commissariat à la veille d’un sommet du G7 qui, selon les artificiers, aurait pu tout détruire dans un périmètre de 200 mètres. Les forces de police orientent leurs recherches vers le groupe des malfaiteurs, et lancent un assaut le 29 mars 1996 à l’aube contre une petite maison abritant les membres dits du «gang de Roubaix»: quatre des membres du groupe sont tués, trois sont arrêtés. Le chef présumé de la bande, Christophe Caze, est tué pendant sa cavale en Belgique par des policiers belges, et les deux autres -dont Lionel Dumont- parviennent à s’enfuir.
En 2001: prison à perpétuitéEn octobre 2001 a lieu le procès, au cours duquel seuls trois prévenus comparaissent devant la cour d’assises de Douai; les deux autres malfaiteurs, en fuite depuis 1996, sont jugés par contumace. Lionel Dumont est condamné à la prison à perpétuité.
Entre 1996 et 2001, Lionel Dumont est parvenu à gagner à nouveau la Bosnie, où il est arrêté pour braquages, et condamné à 20 ans de prison. Il réussit son évasion de la prison de Sarajevo en mai 1999, et sa trace s’évanouit.
L’agence de presse japonaise Kyodo rapporte que, le 17 juillet 2002, un certain Gérald Tinet arrive au Japon, en provenance de Singapour. Il s’installe dans un grand port de la côte occidentale à 250 km au nord de Tokyo, Niigata. Véritable plaque tournante de tous les trafics, le port compte une communauté musulmane et une mosquée. Il travaille pour un Pakistanais faisant le commerce de voitures d’occasion; il ouvre un compte sur lequel les mouvements bancaires sont de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers d’euros, et renouvelle régulièrement son visa. Il conserve néanmoins ses liens avec le réseau, et se rend plusieurs fois en Malaisie et en Allemagne.
Le 24 octobre 2003, Andrew Rowe, allias «Youssef le Jamaïcain», Britannique, vétéran de la guerre en Bosnie, et suspecté d’avoir participé aux attentats de Casablanca de mai 2003, est arrêté en Allemagne. Les policiers allemands ont mis sous surveillance un de ses contacts avant de l’interpeller à Munich: il s’appelle Lionel Dumont. Sous mandat international, il est arrêté, avant d’être tout récemment extradé.
A Tokyo, les médias indiquent vendredi -sans que ces informations soient confirmées par Paris- que Lionel Dumont, allias Gérald Tinet aurait fréquenté la Jamaah Islamiyah, un réseau régional considéré comme proche d’Al-Qaïda, et aurait blanchi de l’argent. Quoiqu’il en soit, Lionel Dumont va désormais devoir expliquer quel était son rôle dans le «gang de Roubaix», afin que la cour détermine si l’accusé est un «chtimi converti à l’islam» au profil d’idéaliste paumé et manipulé, ou si c’est un organisateur fanatique au service de l’islam radical.
par Dominique Raizon
Article publié le 21/05/2004 Dernière mise à jour le 21/05/2004 à 14:11 TU