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Union africaine

Les grands chantiers de Konaré

La première bataille selon Alpha Oumar Konaré, est celle des esprits.   

		(Photo: AFP)
La première bataille selon Alpha Oumar Konaré, est celle des esprits.
(Photo: AFP)
Le groupe Afrique de l’Unesco a organisé au siège de l’organisation à Paris des «journées de l’Afrique du 25 au 28 mai» pour célébrer le 41e anniversaire de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) devenue Union africaine en 2000. Au terme des manifestations, le 28 mai, le président de la Commission de l’UA, ancien président du Mali, Alpha Oumar Konaré a tracé les grandes lignes de son action et fixé les objectifs de l’organisation panafricaine.

Pendant plus de quarante-cinq minutes le président de l’Union africaine, Alpha Oumar Konaré dans un discours très offensif et volontaire a défendu une politique d’intégration fondée sur les civilisations «infrastructurées». Il a notamment insisté sur la thèse du développement qui s’intègre entièrement dans un «processus culturel partagé». La culture comme base de développement devrait aider nombre d’Etats africains à sortir de «la logique de souveraineté octroyée et des perspectives étriquées de micro nationalisme» a déclaré le président de la Commission africaine qui croit en la culture comme socle d’une identité africaine nécessaire à la construction des Etats-Unis d’Afrique.

Pour y parvenir plusieurs paliers doivent être gravis parmi lesquels, un parlement continental à deux chambres, un programme commun industriel et unifié, un marché commun, une monnaie africaine, un système continental de communication. Le président Alpha Oumar Konaré a rappelé ces différents points pour donner une suite à ce que pensait déjà à la fin des années 50 un des pères du panafricanisme, le Ghanéen Kwame Nkrumah. Un objectif à court terme, pour le président de la Commission africaine est d’arriver à bâtir une politique de diplomatie commune, un système commun de défense pour jeter les bases d’une citoyenneté africaine commune.

Le swahili à l’égal du français et de l’anglais

Pour y parvenir le président Konaré ouvre des chantiers dans lesquels les intellectuels africains sont appelés à s’investir. La première bataille selon lui, est celle des esprits, c’est pourquoi il invite les intellectuels à se retrouver à Dakar du 6 au 9 octobre prochain pour élaborer un agenda culturel  africain. Tous les prix Nobel africains sont associés de droit à ces journées de réflexion où il sera largement question de «sauvegarder le patrimoine surtout immatériel», a insisté le président Konaré. Par ailleurs, il a fixé le cadre de travail et les grands thèmes à aborder en urgence, tels que les programmes scolaires et universitaires, les systèmes de formation et d’évaluation des enseignants, la création d’une Académie africaine des langues. La reconquête de l’identité africaine passe aussi par l’usage des langues et l’Union africaine vient de décider l’usage du swahili comme une première langue officielle africaine, dès le mois de juillet prochain. Alpha Oumar Konaré a jugé «inacceptable» que dans l’instance supérieure et fédérative africaine ne soient parlées que des langues étrangères (français, anglais, portugais).

Pour une meilleure valorisation de l’image de l’Afrique et des Africains, le président va également ouvrir un autre chantier, celui des communications. Un premier objectif sera la création d’une télévision et d’une radio panafricaines. Il croit en ces instruments pour une refondation de l’éducation de base. Par ailleurs, «dans ce continent, berceau de l’humanité» le président Konaré veut implanter un centre dédié à l’homme qui sera le lieu d’un dialogue œcuménique entre les civilisations, les cultures, les philosophies, les religions et les hommes «pour forger l’humanisme du XXIe siècle», a-t-il précisé en désignant la ville d’Ifè au Nigeria, comme siège dudit centre. Le choix des autorités africaines s’est porté sur la ville d’Ifè parce que son nom est attaché aux spectaculaires et extraordinaires découvertes archéologiques. Cette ville, selon une légende chez les Yoruba, est le lieu d’origine du monde d’où un Dieu suprême aurait donné la puissance à des divinités secondaires qui ont créé à leur tour des instruments pour la création du monde. La légende dans cette partie de l’ouest de l’Afrique dit aussi que «c’est à partir d’Ifè que l’humanité se dispersa peuplant les continents». Enfin pour bâtir l’Afrique de demain le président Konaré veut d’abord gagner la «bataille dans les esprits» et faire de la culture une véritable industrie au service du développement.    

par Didier  Samson

Article publié le 01/06/2004 Dernière mise à jour le 01/06/2004 à 16:45 TU