Togo
La démocratie évaluée
(Photo: AFP)
L’Union européenne a tenu parole et respecté son calendrier qui prévoit l’envoi d’une première mission d’évaluation des dispositifs mis en place par le régime togolais pour respecter ses engagements de retour au processus de démocratisation du pouvoir. Silvia Piergrossi, chef de l’unité Afrique occidentale et Arend Biesebrock responsable géographique à la Commission européenne à Bruxelles ont rejoint Klaus Günther Grobmann, ambassadeur d’Allemagne au Togo et Stefan Frowein délégué de la Commission européenne à Lomé pour composer l’équipe d’évaluation. Ils se sont promis de rencontrer tous les acteurs de la vie politique togolaise. Avant d’engager les investigations ils ont d’abord pris connaissance du rapport du gouvernement qui leur a situé le niveau d’exécution des 22 engagements pris à Bruxelles le 14 avril dernier.
Mais il n’a pas échappé à la mission européenne que la reprise du dialogue politique entre le pouvoir et l’opposition n’est toujours pas effective. En effet, l’ouverture officielle du dialogue a été faite par le président Gnassingbé Eyadéma le 27 mai selon un calendrier gouvernemental. Cependant les trois principaux partis d’opposition ont boycotté la cérémonie tout en se déclarant disposés à des discussions dont les modalités seraient «convenus d’un commun accord». L’union des forces du Changement (UFC), de Gilchrist Olympio, le Comité d’action pour le renouveau (CAR) de Yawovi Agboyibor et la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) de Léopold Gnininvi avaient exigé «une réunion préparatoire », or le pouvoir « nous impose cinq délégués par parti, mais selon quels critères ?», s’interroge Yawovi Agboyibor.
Avant l’ouverture officielle le 27 mai du dialogue politique certains partis avaient pris soins de fixer leurs doléances comme préalable à toute discussion. L’UFC a réclamé la participation de son président Gilchrist Olympio, or il est «toujours dépossédé de son passeport et frappé d’un refus de délivrance d’une carte d’identité», avait écrit Bob Akitani, vice–président de l’UFC, le 24 mai dans une lettre adressée au Premier ministre Koffi Sama. Par ailleurs il demandait la libération de onze militants de l’UFC, qu’il considère comme «des détenus politiques». Le vice-président de l’UFC n’a reçu aucune réponse comme la présidence du CAR qui demandait à être associée à la préparation du dialogue inter togolais. Le silence du pouvoir a conduit ces principaux partis de l’opposition à s’opposer à l’ouverture des discussions. Mais ils n’excluent pas de rencontrer les membres de la mission de la mission européenne, séparément.
Selon Yawovi Agboyibor, les engagements pris par le pouvoir tiennent en deux grands chapitres : «le gouvernement et l’Union européenne, et gouvernement face à l’opposition». Dans ce contexte les experts européens auront à évaluer le dispositif mis en place par le pouvoir togolais pour «le respect des libertés individuelles ou encoure pour la liberté de la presse alors que le deuxième volet nous concerne directement, c’est-à-dire le dialogue national», précise Yawovi Agboyibor. Les partis d’opposition qui ont boycotté la cérémonie d’ouverture du dialogue national recevront les membres de la mission européenne le 4 juin. Les discussions se tiennent à huis clos dans un grand hôtel de Lomé. Les experts européens clôtureront leur mission le 5 juin et soumettront leur rapport aux membres de la Commission européenne à Bruxelles. Ce premier document servira de base de travail et de point de départ pour une nouvelle mission qui sera dépêchée au mois de juillet à Lomé.
par Didier Samson
Article publié le 03/06/2004 Dernière mise à jour le 03/06/2004 à 16:59 TU