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Togo

L’UE ouvre des consultations sur les sanctions

Le gouvernement togolais multiplie les appels du pied en direction de l’Union européenne en vue de la levée des sanctions qui frappent le pays depuis 1993. L’Union européenne avait déclenché son arsenal de sanctions pour «déficit démocratique».
Les événements de 1993 qui avaient marqué les différents scrutins censés promouvoir la démocratie au Togo avaient conduit l’Union européenne à interrompre sa coopération avec le Togo. Elections mal organisées, fraudes, arrestations arbitraires, meurtres politiques avaient poussé les autorités européennes à conclure à un «déficit démocratique au Togo». Ce constat avait immédiatement entraîné une cascade de mesures contre le gouvernement togolais. Le général Gnassinbgé Eyadema a joué la carte de l’indifférence et a misé sur le long terme pour avoir raison des commissaires européens qui ont opté pour des sanctions contre son régime.

Le président Eyadema, au pouvoir depuis 36 ans, s’est fait réélire en juin 2003 après avoir modifié la constitution et fait disqualifier ses adversaires les plus crédibles. Ces différents actes ont continué d’alimenter les réserves de l’Union européenne sur la reprise des aides au Togo. De nombreux projets ont connu un coup d’arrêt pénalisant «gravement les populations», disent les autorités togolaises. Mais la réponse de l’Union européenne est toute faite, elle se réfère à certaines dispositions de son mécanisme de sanctions qui limite ses actions «à des projets sociaux en direction de la société civile» en vertu d’un principe de «non pénalisation» de la population.

Les autorités togolaises demandent la levée des sanctions

Pendant que l’opposition appelle au maintien des sanctions, le gouvernement togolais multiplie les contacts et les actions pouvant forcer la main à l’Union européenne. Sur le plan régional africain, le Togo a redoublé d’initiatives dans le cadre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) en faveur de la résolution du conflit en Côte d’Ivoire. Cette volonté de redorer son blason s’est manifestée par une invitation à Lomé début mars des Ambassadeurs du groupe Afrique, Caraïbe et Pacifique (ACP). Après une rencontre avec le chef de l’Etat togolais les ambassadeurs ACP ont aussi rencontré la plupart des leaders politiques et les représentants d’associations de défense des droits de l’homme. Ils ont manifesté leurs bonnes dispositions pour intercéder auprès de l’Union européenne en faveur du Togo.

La Commission de l’Union européenne a demandé au conseil des ministres de l’Union d’engager des consultations entre le Togo et les Etats membres de l’UE selon une procédure bien encadrée par les textes. Pour l’instant il est seulement question de renforcement de la démocratie. Le Togo est toujours tenu à l’écart du bénéfice du Fonds européen de développement mais profite par ricochet des financements de coopération régionale dans le cadre de la CEDEAO et de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africain).

Par ailleurs, les autorités togolaises tirent l’attention de la Communauté internationale des conséquences sur leur pays du conflit en Côte d’Ivoire. En effet, le port autonome de Lomé a connu depuis 18 mois une fulgurante augmentation de ses activités de transit vers les pays enclavés que sont le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Le trafic routier par les routes nationales s’est intensifié sans que le Togo ne bénéficie d’un plan d’aide en urgence pour l’entretien des infrastructures routières. Le président togolais qui entretient de bonnes relations avec le président français, Jacques Chirac, cherche à faire peser dans la balance ses relations, mais les commissaires européens marquent leur indépendance et s’en tiennent aux textes qui sanctionnent le régime togolais. La récente visite des commissaires européens à Lomé n’a pas apporté une grande évolution au dossier, puisque par ailleurs le jeu politique est contrôlé par un seul parti politique, le Rassemblement du peuple togolais (RPT), le parti du président qui tient toutes les instances du pouvoir. «Le déficit démocratique» n’a pas évolué.



par Didier  Samson

Article publié le 17/03/2004

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