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Togo

L’opposition appelle à la désobéissance civile

La Cour constitutionnelle a rejeté le 6 mai le recours déposé par Gilchrist Olympio, pour la validation de sa candidature aux élections présidentielles du 1er juin 2003. L’opposition dans son ensemble juge cette décision injuste et tente de s’organiser.
Gilchrist Olympio, leader de l’Union des forces de changement, dont la candidature à l’élection présidentielle du 1er juin a été invalidée par la Cour constitutionnelle, appelle le peuple togolais à la «désobéissance civile». «Nous sommes décidés, cette fois-ci à faire partir M. Eyadéma», précise-t-il en espérant que les grèves et autres meetings populaires paralyseront le pays et finiront pas avoir raison du pouvoir du général Eyadema, à la tête du Togo depuis 1967. Toutefois la décision de boycotter ou non l’élection du 1er juin n’est pas encore prise par les partis d’opposition. Ils ont engagé des concertations entre eux, mais tous ont déjà déposé les candidatures de leurs leaders. Sept candidats, dont Gnassingbé Eydema sont en lice pour le scrutin présidentiel à un tour au Togo.

Dans les rues de Lomé, des actions sporadiques de manifestation des mécontentements ont été remarquées. L’opposition annonce que des actions organisées devraient bientôt succédées aux «réactions spontanées de quelques mécontents» qui se sont manifestés par des tentatives de blocage des grandes artères de Lomé, en brûlant des pneus ou en incendiant une station service. Mais le pouvoir a rapidement déployé plusieurs unités des forces de sécurité publique en arme dans la capitale, qui ont étouffé toutes les manifestations de rue. Tout en condamnant des actes de vandalisme, de nombreuses personnalités de l’opposition tout de même reconnu la légitimité des réactions des populations, qui expriment ainsi leur «ras-le-bol».

Toujours pas de consensus
Edem Kodjo, ancien ministre des Affaires étrangères de Gnassingbé Eyadéma, ancien secrétaire général de l’OUA, ancien Premier ministre à la faveur des élections législatives remportées en 1994 par l’opposition, est aussi candidat à la présidentielle de cette année. Cela ne l’empêche pas de croire encore en l’unité de l’opposition nécessaire pour gagner l’élection. «Si l’opposition arrive à présenter un candidat unique contre le président Eyadéma, alors nous aurons de fortes chances de gagner, car on ne triche pas tout un peuple longtemps», déclare-t-il. Malgré les volontés affichées de présenter un seul candidat face au président Eyadéma, l’opposition n’arrive toujours pas à un consensus. Réunis dès le 6 mai en Allemagne pour plusieurs jours de discussion les envoyés spéciaux et leaders des partis politiques de l’opposition n’ont pu dégager un nom pour porter leurs couleurs.

Yawovi Agboyibor, leader du Comité d’action pour le renouveau (CAR), du retour d’Allemagne s’est dit confiant dans un sursaut du peuple togolais. «Nous allons peut-être aux élections en voies dispersées, mais il faut éviter que les électeurs dispersent leur vote», affirme-t-il. Pour le chef du CAR, le travail de l’opposition devrait consister, dans ce laps de temps, avant le 1er juin, à convaincre les électeurs de voter dans un seul sens. Partisan de la candidature unique, il est tout aussi conscient des difficultés et des paradoxes dont jouent les partis d’opposition. Ses contradictions, entre les intentions et les faits, font dire à Isidore Latzoo du Comité togolais de résistance (CTR), qu’il faut constituer une «troisième force», face à la «dictature et l’opposition incapable». Les partisans du CTR ne croient plus aux stratégies de l’opposition, ni aux élections organisées par le pouvoir. «Il faut prendre tous les moyens pour riposter aux manigances» annonce Isidore Latzoo qui veut impliquer le peuple directement dans les actions à mener. «Ne soyons pas naïfs, Eyadéma ne se suicidera jamais par les urnes», a-t-il déclaré.




par Didier  Samson

Article publié le 09/05/2003