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Togo

L’opposant Gilchrist Olympio écarté de la course au pouvoir

Gilchrist Olympio, le plus farouche opposant au régime du général Gnassingbé Eyadéma, ne participera pas au scrutin présidentiel du 1er juin 2003. Ainsi en a décidé la Cour constitutionnelle le 6 mai dernier suite à un recours formulé par M. Olympio après le refus de la Commission électorale d’enregistrer son dossier de candidature.
De notre correspondant au Togo.

La Cour constitutionnelle du Togo vient de rejeter le dossier de candidature de M. Gilchrist Olympio, leader de l’Union des forces de changement (UFC), la plus grande formation de l’opposition, à l’élection présidentielle du 1er juin 2003. Cette décision fait suite à un recours formulé auprès de la Cour par M. Olympio après le refus le 2 mai 2003 de la Commission électorale d’enregistrer sa candidature. Dans une décision de cinq pages rendue le 6 mai dernier, la Cour constitutionnelle, tout comme la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a relevé le défaut de quitus fiscal et de résidence du candidat Gilchrist Olympio au Togo, deux des conditions à remplir par le candidat à la présidentielle. Ces dispositions, introduites dans la loi électorale en février 2002, exigeaient du candidat qu'il réside sur le territoire national un an au moins avant la date du dépôt de candidature et qu'il dispose de revenus imposables. L’opposant historique au régime du général Gnassingbé Eyadéma vit en exil depuis plusieurs années. Sa dernière visite au Togo remonte au mois de juillet 1999, lors des discussions sur un accord politique conclu entre l’opposition et la mouvance du président Eyadéma. Pour la constitution de son dossier de candidature, la direction des impôts avait par ailleurs refusé de délivrer son quitus à M. Olympio étant donné que celui-ci, de son propre aveu, ne dispose pas de revenus imposables dans le pays.

En ce qui concerne l’obligation de résidence de douze mois au Togo à la date du dépôt de candidature, la Cour estime qu’elle «est une disposition conforme à la constitution», –depuis qu’elle a été reprise par la constitution modifiée le 31 décembre 2002– et qu’elle est «d’application immédiate». Pour ce qui est de la production du quitus fiscal, la Cour a été plus nuancée, estimant que la décision du Service des impôts de ne pas délivrer un tel document à Olympio «aurait dû être considérée comme un quitus». Toutefois, la Cour rappelle que la production du quitus fait partie des dispositions «cumulatives» relatives à la déclaration de candidature. Et qu’en conséquence, «le fait de ne pas remplir l’une quelconque de ces conditions entraîne le rejet de la candidature». «Ainsi, c’est à bon droit que la CENI a refusé d’enregistrer le dossier de candidature de M. Gilchrist Olympio», conclut la Cour constitutionnelle dans une longue argumentation juridique.

«Le désordre et l'anarchie ne seront plus tolérés»

Le président de la Cour constitutionnelle, Atsou Koffi Amégah, ainsi que ses autres collègues se refusent pour l’instant à tout commentaire sur la décision qu’ils ont rendue. Le secrétaire général de l’Union des forces de changement, Jean-Pierre Fabre, joint au téléphone, a, quant à lui, élevé «les plus vives protestations contre ce déni de justice d’une cour constitutionnelle aux ordres». Pour autant, le parti de M. Olympio ne désespère pas. Il affirme vouloir continuer par «se battre pour que la candidature du président national de l’UFC revienne dans le jeu», selon Patrick Lawson, 3ème vice-président du parti. L’instance dirigeante de l’UFC s’est réunie le 7 mai et a décidé de «multiplier les contacts politiques» auprès de dirigeants africains et occidentaux afin de les amener «à faire pression sur les autorités togolaises pour que la candidature de Gilchrist Olympio soit acceptée». Ce qui, dans la pratique, paraît difficile à réaliser huit jours après la clôture des candidatures et à une semaine du début de la campagne électorale. Au sein de la population, l’exclusion du candidat Gilchrist Olympio n’a pas produit l’effet auquel on pouvait s’attendre. Tôt le matin du 7 mai, on a noté des actions isolées d’un groupe de jeunes qui s’est attaqué à une station-service dont ils ont réussi à incendier la boutique dans le quartier populaire de Bè, fief de l’opposition. Interpellés, ces jeunes, selon la police, «se réclamaient de l’UFC». Une affirmation que l’UFC a rejeté après une brève interpellation et une audition de son 3ème vice-président Patrick Lawson. Le lendemain, le gouvernement a mis en garde contre «les actes de vandalisme». «Le désordre et l’anarchie ne seront plus tolérés et la loi sera appliquée dans toute sa rigueur notamment les dispositions de la loi anticasseurs», a prévenu le gouvernement dans un communiqué repris par le quotidien officiel Togo-Presse.

Sept dossiers de candidature, dont celui du président Eyadéma au pouvoir depuis 36 ans, ont été officiellement enregistrés par la Commission électorale et transmis à la Cour constitutionnelle pour être validés. Parmi eux, on note également celui du 1er vice-président de l’UFC, Emmanuel Akitani-Bob, prêté comme candidat à une autre formation, le Parti des forces de changement (PFC), créé au début des années 90 et devenu inactif depuis plusieurs années. De l’avis de certains observateurs, la candidature de M. Akitani-Bob avait été prévue par l’UFC pour remplacer Gilchrist Olympio au cas où le dossier de ce dernier venait à être rejeté. Mais, «Akitani-Bob peut-il faire l’affaire ?», s’est interrogé l’hebdomadaire Flambeau des démocrates du 6 mai 2003. Le journal estime que l’opposition historique de Gilchrist Olympio au régime Eyadéma et son charisme personnel sont «des atouts dont Akitani-Bob est loin de disposer».

Ecouter aussi:

Gilchrist Olympio est l'Invité Afrique. Il répond aux questions de Christophe Boisbouvier (8 mai 2003).

Ecouter également :

Pitang Tchala, Ministre togolais de la communication Au micro de Christophe Boisbouvier (9 Mai 2003).



par Guy  Mario

Article publié le 08/05/2003