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Togo

Gilchrist Olympio se lance dans la bataille électorale

Le parti d’opposition UFC annonce sa participation à l’élection présidentielle du mois de juin et propose la candidature de son leader, Gilchrist Olympio. Ce dernier a accepté et devient ainsi le premier candidat déclaré. Toutefois il devra surmonter nombre d’obstacles en raison des dernières modifications intervenues dans les dispositions électorales, qui permettent notamment au président sortant de se représenter.
Premier enseignement de la candidature de Gilchrist Olympio : le principal parti d’opposition, l’Union des forces de changement, confirme sa volonté d'affronter le tout-puissant Rassemblement du peuple togolais (RPT), et son candidat Gnassingbé Eyadéma, lors de la prochaine élection présidentielle, au mois de juin. Plus question de boycott, comme ce fut le cas lors des législatives d’octobre 2002. Cet acte de participation s’inscrit toutefois dans un contexte toujours marqué par une situation politique ambiguë, caractérisée par un régime autoritaire qui s’accommode mal d’une opposition, elle-même divisée. Depuis plus de dix ans, sous la pression de l’Union européenne qui a suspendu sa coopération avec Lomé, des négociations réunissent périodiquement des représentants des autorités et de l’opposition pour tenter de faire avance le «dialogue inter-togolais». Peine perdue jusqu’ici, «Il (Gnassingbé Eyadéma) fait ce qu’il veut», estime Gilchrist Olympio.

Depuis le boycott des législatives d’octobre par la coalition d’opposition, le Parlement est quasi-exclusivement dominé par le parti du président, le RPT. Cette exclusivité sur la vie politique du pays accorde ainsi au chef de l’Etat la plus grande marge de manœuvre en matière de conduite des affaires. C’est donc le parti qui prend les initiatives et réclame par exemple du président sortant qu’il se présente à sa propre succession, alors que lui, après avoir promis dans un premier temps qu’il ne le ferait pas, se tait à présent sur cette question. Car cette situation de monopole a également permis à la fin de l’année dernière une importante modification constitutionnelle autorisant le président à briguer un nouveau mandat de cinq ans.

«Ne pas laisser un boulevard à Eyadéma»

Cette situation est compliquée par une organisation des scrutins qui provoque systématiquement protestations et contestations en raison des fraudes électorales constatées, ou des soupçons qui rendent invérifiables la validité des scrutins. Gouvernement et opposition travaillent depuis de longues années sur des projets visant à garantir des scrutins transparents. Mais, à l’évidence, rien n’aboutit et le nouveau code électoral prévoit même de transférer la préparation et l’organisation des élections de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) au ministère de l’Intérieur. La Ceni ne proclame plus les résultats; c’est la Cour constitutionnelle qui désormais s’en charge. Elle est «vidée de sa substance», souligne l’UFC qui décide de ne pas y siéger et se désolidarise de ses alliés de la Coalition des forces démocratiques qui estiment qu’«ils ne faut pas laisser de boulevard à Eyadéma», et décident de prendre tout de même la part que le pouvoir leur laisse.

Unie dans le boycott, désunie dans l’action: car le pouvoir togolais peut également se féliciter d’avoir réussi, en plus, à diviser l’opposition. S’il est dans la nature du débat politique que chacun présente son candidat au premier tour, pour le second, l’UFC appelle au rassemblement autour du candidat d’opposition le mieux placé. Le sien ? Peut-être si, en toute transparence, les urnes en décident ainsi et si Gilchrist Olympio parvient à franchir le dernier obstacle dressé sur son parcours politique. Car le nouveau code électoral stipule que les candidats doivent avoir résidé dans le pays pendant les douze mois qui ont précédé le scrutin. Et l’opposant, menacé chez lui, vit en exil en France. Il estime qu’il n’est juridiquement pas concerné par la mesure et affirme que, cette fois, après 36 ans de pouvoir sans partage du général Eyadéma, l’alternance est possible au Togo.



par Georges  Abou

Article publié le 13/03/2003