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Togo

Enfin des législatives anticipées

Les 126 candidats inscrits pour les législatives anticipées du 27 octobre viennent de boucler leur première semaine de campagne, marquée essentiellement par les longs convois de voitures qui sillonnent le pays, le «porte-à- porte» et la sensibilisation à l’utilisation du bulletin unique. Ils bouclent la campagne par la présentation de leur programme et par de grands meetings.
De notre correspondant à Lomé

Les 126 candidats ont engagé la campagne électorale, le 12 octobre dernier par à une sorte de reconnaissance du terrain. Les huit candidats indépendants et les quinze partis politiques ont opté pour le porte-à-porte, faisant la ronde des quartiers de leur circonscription électorale respective. Le discours a été essentiellement celui de la paix, de l’unité nationale et de la réconciliation. Dans un message lundi à la télévision nationale, le Premier ministre Koffi Sama, au nom du Rassemblement du peuple togolais (RPT), parti au pouvoir, a situé ce scrutin dans une option définitive pour la paix et la sécurité. Il a insisté sur l’engagement de son parti «pour la préservation de l’unité nationale» et de sa «foi en une démocratie apaisée». Le RPT a présenté le plus grand nombre de candidats, un par circonscription électorale. Il est suivi par le Rassemblement pour le soutien de la démocratie et du développement (RSDD) de l’ancien ministre des Droits de l’homme, Harry Olympio.

Candidat à Lomé, il a fait de la réconciliation du peuple son cheval de bataille. «Eu égard à l’histoire politique de notre pays, notamment au cours de la dernière décennie, nous sommes convaincus que tant que les Togolais ne seront pas réconciliés avec eux-mêmes, nous ne pouvons faire avancer et progresser le pays», a déclaré Harry Olympio qui se dit décidé à aborder la question de la réconciliation à l’Assemblée nationale. Les militants des différents partis et candidats indépendants sont par ailleurs sensibilisés à l’utilisation du bulletin unique de vote. Ce mode de vote sera pour la première fois en usage au Togo, après son adoption lors de l’Accord-cadre de Lomé conclu en juillet 1999 entre la mouvance du président Eyadéma et les principales formations de l’opposition traditionnelle.

Mais, au-delà de ces discours apaisants, le ton semble donné pour la seconde partie de la campagne par le Mouvement des républicains centristes (MRC) de Essokoyo Kaboua. Il se réclame de la jeunesse, dénonce l’excès de complaisance dans la gestion des ressources du pays. «C’est un seul parti au pouvoir qui est à l’Assemblée nationale; il se félicite, il se congratule, nous voulons être de ceux qui doivent les contredire à l’Assemblée nationale», a-t-il déclaré.

L’opposition traditionnelle boycotte

La deuxième semaine de campagne sera celle des grands meetings et de la présentation par les candidats de leur programme. Le ton a été donné le 19 octobre à Lomé par Harry Olympio du RSDD qui affirme vouloir «combattre la fracture sociale» et «encourager la micro-entreprise des jeunes». De son côté, Faure Gnassingbé, député sortant et un des fils du chef de l’Etat, prône quant à lui, la paix, la sécurité, «gage de développement» avec un programme axé sur la lutte contre la pauvreté et pour le développement des zones rurales. Le grand absent de ce ballet électoral est l’opposition traditionnelle –l’Union des forces de changement (UFC) de Gilchrist Olympio, le Comité d’action pour le renouveau (CAR) de Yawovi Agboyibo, la Convention démocratique des peuples africains (CDPA) du professeur Léopold Gnininvi, la Convergence patriotique panafricaine (CPP) de Edem Kodjo et le Parti pour la démocratie et le renouveau (PDR) de Zarifou Ayavé-, qui ont décidé de boycotter le scrutin législatif. Ils estiment qu’il ne répond pas aux termes de l’Accord conclu en juillet 1999 avec la mouvance du président Eyadéma.

Ces partis ont, dans un communiqué conjoint, appelé leurs militants et la population «à ne pas aller retirer leurs cartes d’électeurs» et menacent d’empêcher la tenue du scrutin du 27 octobre. Le ministère de l’Intérieur a estimé à plus de 60% le retrait des cartes d’électeur sur l’ensemble du pays, sauf dans la capitale et la préfecture des Lacs, à la frontière sud avec le Bénin, acquise à l’opposition traditionnelle. Jeudi, suite à un entretien avec des responsables de l’UFC de Gilchrist Olympio, le Premier ministre Koffi Sama a mis en garde «tous ceux qui seraient tentés de provoquer des troubles dans le pays ou de perturber les élections. Le désordre ne passera plus et le scrutin du 27 octobre aura bel et bien lieu», prévient il.

Dans un entretien mercredi avec la presse internationale, le président Eyadéma a déploré «le refus de certaines formations de prendre part à ces législatives anticipées réclamées pourtant par l’opposition». Il a fustigé «cette volonté d’une certaine classe politique de confisquer la parole en privant les Togolais de leur droit essentiel, le droit de vote c’est-à-dire le droit du peuple de s’exprimer. Laissons les problèmes d’homme et d’ethnie pour s’occuper beaucoup plus du pays en plaçant l’intérêt national au-dessus des intérêts partisans», a souligné le chef de l’Etat, avant de conclure : «après nous ce n’est pas le déluge car c’est ensemble que nous devons construire le Togo en nous pardonnant et en nous réconciliant». Le boycott de l’opposition traditionnelle a par ailleurs suscité des commentaires au sein des partis participant au scrutin. Le MRC estime que «c’est à l’Assemblée nationale qu’on peut apporter la contradiction qu’il faut». Harry Olympio qualifie les leaders partisans du boycott de «génération finissante».



par Guy  Mario

Article publié le 20/10/2002