Togo
Des enfants portefaix à reconvertir
La situation des enfants portefaix au Togo devient de plus en plus alarmante. De 15 à 18 ans environ, issus de familles pauvres et nombreuses, ces enfants sont soumis à un travail rude, de 10 à 14 heures par jour, pour une rémunération dérisoire.
De notre correspondant à Lomé
Pour arrêter l'hémorragie, le Bureau international catholique pour l'enfance (BICE), une organisation des droits de l'homme et de l'enfant, vient de lancer un programme de lutte contre ce fléau qui prend des proportions inquiétantes. Évalués entre 5000 et 6000, selon les dernières statistiques, les enfants portefaix du marché principal de la ville de Lomé dont la majorité est constituée de jeunes filles proviennent essentiellement des zones rurales, à la recherche d'un bonheur dans la capitale.
Ils viennent pour la plupart de Vogan, une localité du sud du pays située à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Lomé. 25 000 à 3000 sont des portefaix ont moins de 18 ans dont 1500 en dessous de 15 ans. La situation est des plus alarmantes lorsqu'on pense qu'à 15 ans les enfants, encore adolescents, n'ont d'autres obligations que d'être à l'école. Malheureusement, ce sont ces enfants qu'on retrouve dans les rues de Lomé et qui courent après les bagages. Leur seul objectif est de les porter moyennant une rétribution. Le tarif est fixé selon le poids et la distance à parcourir avec le bagage. Ce qui est certain, c'est que la rémunération est dérisoire mais ils y sont obligés pour pouvoir survivre, et souvent dans des conditions très difficiles.
La nuit tombée, il se pose à ces enfants, qui n'ont généralement pas de parents à Lomé, un autre problème non moins important: celui du logement. Il est fréquent, la nuit, de trouver dans les environs immédiats du Grand marché de Lomé des meutes de jeunes filles couchées à même le sol ou sur des pagnes qui servent de natte. D'autres, plus chanceux, parviennent à acquérir en groupe de 8 à 10 des logements ou des maisons communautaires qui proposent des chambres à 190 ou 200 francs CFA la nuit et par tête. En fait de logements, ce sont souvent de vieilles maisons abandonnées sans toiture, ni sanitaire. Dans les maisons qui, par hasard, disposent de sanitaires, la règle est claire: chaque tour dans les toilettes est facturé à 25 francs CFA par personne. Bref, ces enfants sont à la merci de toute intempérie, exposés à tous les problèmes d'ordre sanitaire et d'insalubrité.
Un plan en trois axes
Pour éviter que le phénomène prenne des proportions inquiétantes, le Bureau international catholique pour l'enfance (BICE), avec l'appui du gouvernement togolais et des partenaires au développement comme la France, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Bureau international du travail (BIT), a lancé en mai dernier un programme national de «lutte contre l'exploitation des enfants dans le travail de portefaix» qui va s'étendre sur 23 mois avec trois principaux accès.
Le premier axe consiste, à en croire Victoire Lawson, coordinatrice du BICE, en la prévention de la mise au travail des enfants par un programme d'appui à la scolarisation et au renforcement des capacités de ces familles des communautés d'origine des enfants pour que lesdites communautés soient en mesure de garantir les droits fondamentaux dont l'un est l'éducation. Le deuxième axe sera marqué par le retrait systématique des enfants de moins de 15 ans en situation de travail. Aussi bien du côté de l'État que de la société civile ou des parents, des efforts seront fais pour garantir ce droit à l'éducation de ces enfants. Le troisième axe consiste à une amélioration des conditions de vie et de travail de ceux qui sont en âge de travailler. Tout en éveillant, bien entendu, la conscience de la population sur les risques et les dangers liés à cette forme de travail des enfants.
L'ambition du BICE est de toucher aussi directement les couches sociales les plus défavorisées en identifiant des éléments d'une action globale et efficace de lutte contre la pauvreté au Togo. Cette action ardue mais noble consiste, pour les organisateurs, à s'adapter aux conditions de vie et de travail des enfants portefaix, pour les aider à trouver les voies et moyens pouvant leur permettre de changer de façon significative leur situation sociale et économique. Certes, il n'y a pas de sot métier, il faudrait que ce travail participe à l'épanouissement de ceux qui s'y adonnent.
Aussi est-il prévu notamment la réglementation par le biais de la tarification, l'accès aux soins de santé, etc. Il faut préciser qu'au niveau du retrait systématique, la tâche ne sera pas aussi aisée parce que le travail même des enfants s'inscrit dans une optique de pauvreté. D'après les résultats de plusieurs investigations, le travail de ces enfants participe à la survie de plusieurs familles en milieu rural. Cela dit, des mesures d'accompagnement sont envisagées quant à la réinsertion de ces enfants. Pour le ministre togolais de la Fonction publique, Kokou Tozoun, «les facteurs économiques et les pesanteurs socio-culturels» qui expliquent le phénomène des enfants portefaix ne paraissent pas des raisons suffisantes pour hypothéquer l'avenir de ces enfants qui travaillent 10 à 14 heures par jour, pour une rémunération dérisoire et qui sont exposées, pour la plupart d'entre eux aux problèmes de santé, aux violences sexuelles et aux accidents de circulation.
L'ambassadeur de France au Togo, Jean-François Valette a tout comme Cécile Molinier, le représentant-résident du PNUD ont reconnu que ces programmes pilotes contribueront à la réduction de la pauvreté. Le BICE, fondé en 1948, est au service de la croissance intégrale de tous les enfants, dans une perspective chrétienne. Il accorde une attention particulière aux plus démunis, notamment les enfants handicapés, les enfants victimes de la rue, de la drogue, de la guerre, du marché et de violences sexuelles.
Pour arrêter l'hémorragie, le Bureau international catholique pour l'enfance (BICE), une organisation des droits de l'homme et de l'enfant, vient de lancer un programme de lutte contre ce fléau qui prend des proportions inquiétantes. Évalués entre 5000 et 6000, selon les dernières statistiques, les enfants portefaix du marché principal de la ville de Lomé dont la majorité est constituée de jeunes filles proviennent essentiellement des zones rurales, à la recherche d'un bonheur dans la capitale.
Ils viennent pour la plupart de Vogan, une localité du sud du pays située à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Lomé. 25 000 à 3000 sont des portefaix ont moins de 18 ans dont 1500 en dessous de 15 ans. La situation est des plus alarmantes lorsqu'on pense qu'à 15 ans les enfants, encore adolescents, n'ont d'autres obligations que d'être à l'école. Malheureusement, ce sont ces enfants qu'on retrouve dans les rues de Lomé et qui courent après les bagages. Leur seul objectif est de les porter moyennant une rétribution. Le tarif est fixé selon le poids et la distance à parcourir avec le bagage. Ce qui est certain, c'est que la rémunération est dérisoire mais ils y sont obligés pour pouvoir survivre, et souvent dans des conditions très difficiles.
La nuit tombée, il se pose à ces enfants, qui n'ont généralement pas de parents à Lomé, un autre problème non moins important: celui du logement. Il est fréquent, la nuit, de trouver dans les environs immédiats du Grand marché de Lomé des meutes de jeunes filles couchées à même le sol ou sur des pagnes qui servent de natte. D'autres, plus chanceux, parviennent à acquérir en groupe de 8 à 10 des logements ou des maisons communautaires qui proposent des chambres à 190 ou 200 francs CFA la nuit et par tête. En fait de logements, ce sont souvent de vieilles maisons abandonnées sans toiture, ni sanitaire. Dans les maisons qui, par hasard, disposent de sanitaires, la règle est claire: chaque tour dans les toilettes est facturé à 25 francs CFA par personne. Bref, ces enfants sont à la merci de toute intempérie, exposés à tous les problèmes d'ordre sanitaire et d'insalubrité.
Un plan en trois axes
Pour éviter que le phénomène prenne des proportions inquiétantes, le Bureau international catholique pour l'enfance (BICE), avec l'appui du gouvernement togolais et des partenaires au développement comme la France, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Bureau international du travail (BIT), a lancé en mai dernier un programme national de «lutte contre l'exploitation des enfants dans le travail de portefaix» qui va s'étendre sur 23 mois avec trois principaux accès.
Le premier axe consiste, à en croire Victoire Lawson, coordinatrice du BICE, en la prévention de la mise au travail des enfants par un programme d'appui à la scolarisation et au renforcement des capacités de ces familles des communautés d'origine des enfants pour que lesdites communautés soient en mesure de garantir les droits fondamentaux dont l'un est l'éducation. Le deuxième axe sera marqué par le retrait systématique des enfants de moins de 15 ans en situation de travail. Aussi bien du côté de l'État que de la société civile ou des parents, des efforts seront fais pour garantir ce droit à l'éducation de ces enfants. Le troisième axe consiste à une amélioration des conditions de vie et de travail de ceux qui sont en âge de travailler. Tout en éveillant, bien entendu, la conscience de la population sur les risques et les dangers liés à cette forme de travail des enfants.
L'ambition du BICE est de toucher aussi directement les couches sociales les plus défavorisées en identifiant des éléments d'une action globale et efficace de lutte contre la pauvreté au Togo. Cette action ardue mais noble consiste, pour les organisateurs, à s'adapter aux conditions de vie et de travail des enfants portefaix, pour les aider à trouver les voies et moyens pouvant leur permettre de changer de façon significative leur situation sociale et économique. Certes, il n'y a pas de sot métier, il faudrait que ce travail participe à l'épanouissement de ceux qui s'y adonnent.
Aussi est-il prévu notamment la réglementation par le biais de la tarification, l'accès aux soins de santé, etc. Il faut préciser qu'au niveau du retrait systématique, la tâche ne sera pas aussi aisée parce que le travail même des enfants s'inscrit dans une optique de pauvreté. D'après les résultats de plusieurs investigations, le travail de ces enfants participe à la survie de plusieurs familles en milieu rural. Cela dit, des mesures d'accompagnement sont envisagées quant à la réinsertion de ces enfants. Pour le ministre togolais de la Fonction publique, Kokou Tozoun, «les facteurs économiques et les pesanteurs socio-culturels» qui expliquent le phénomène des enfants portefaix ne paraissent pas des raisons suffisantes pour hypothéquer l'avenir de ces enfants qui travaillent 10 à 14 heures par jour, pour une rémunération dérisoire et qui sont exposées, pour la plupart d'entre eux aux problèmes de santé, aux violences sexuelles et aux accidents de circulation.
L'ambassadeur de France au Togo, Jean-François Valette a tout comme Cécile Molinier, le représentant-résident du PNUD ont reconnu que ces programmes pilotes contribueront à la réduction de la pauvreté. Le BICE, fondé en 1948, est au service de la croissance intégrale de tous les enfants, dans une perspective chrétienne. Il accorde une attention particulière aux plus démunis, notamment les enfants handicapés, les enfants victimes de la rue, de la drogue, de la guerre, du marché et de violences sexuelles.
par Guy Mario
Article publié le 09/06/2002