Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Togo

Eyadéma réélu, l’opposition dénonce les truquages

Le président sortant, Gnassingbé Eyadéma, a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle du 1er juin 2003 avec près de 58% des voix. Ses adversaires, dont la plupart sont crédités de moins de 5% des suffrages, dénoncent «des chiffres travestis» en publiant pêle-mêle leurs propres résultats.
De notre correspondant à Lomé

Le chef de l’État togolais, Gnassingbé Eyadéma, a été réélu le 4 juin 2003 pour un troisième mandat consécutif de 5 ans à la tête du Togo, où il a déjà bouclé 36 ans. Les résultats définitifs provisoires du scrutin du 1er juin dernier rendus publics par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) le créditent de 57,22% des suffrages exprimés, loin devant ses adversaires de l’opposition. Ses poursuivants immédiats, Emmanuel Bob Akitani du Parti des forces du changement (PFC) et Yawovi Agboyibo du Comité d’action pour le renouveau (CAR) ont obtenu respectivement 34,54% et 5,20% des 2 248 987 suffrages exprimés. Les trois autres candidats, à savoir Maurice Dahuku Péré, Edem Kodjo et Nicolas Lawson ont eu moins de 3% des voix.

«C’est une grande victoire pour le peuple togolais, une grande avancée car, ce n’était pas donné de gagner d’avance», s’est réjoui le ministre de la Communication, Pitang Tchalla. On ne pouvait pas s’attendre à un résultat contraire après la modification le 30 décembre dernier de la constitution, qui permet au général Eyadéma de briguer indéfiniment le mandat présidentiel. Reste à la Cour constitutionnelle d’homologuer les résultats de la CENI ou, éventuellement, de les invalider en cas de solides arguments développés par les recours des candidats de l’opposition qui contestent en bloc le déroulement du scrutin présidentiel. La Cour constitutionnelle dispose, pour cela, d’un délai minimum de huit jours.

Les électeurs doivent se perdre dans ces calculs

«Tous ces chiffres sont des chiffres travestis. Ils ne correspondent pas à la vérité des urnes», répond Yawovi Agboyibo qui proclame le candidat Bob Akitani vainqueur des élections. Peu avant les résultats de la CENI, Me Agboyibo, sur la base de chiffres qu’il affirme «recueillis» par ses délégués dans les bureaux de vote, attribue un score de 54,80% des voix à Bob Akitani, loin devant le président Eyadéma, arrivé quatrième avec 11,03%. Lui-même arrive en seconde position avec 13,46% suivi de Dahuku Péré, 12,20%. «Je tiens à adresser mes félicitations à Bob Akitani pour sa victoire», a conclu Me Agboyibo dans une déclaration remise à la presse. Les chiffres d’Agboyibo confortent M. Akitani dans sa position de vainqueur de la présidentielle, après ceux annoncés à Paris, au lendemain du scrutin, par Gilchrist Olympio qui attribuent plus de 75% des voix au candidat du PFC. Les électeurs togolais doivent se perdre dans tous ces calculs qui sont faits de leurs votes.

Le 2 juin, peu après l’annonce des premières tendances qui ont donné 59,13% à Eyadéma et 2,80% au candidat Dahuku Péré, ce dernier s’autoproclame président en s’attribuant 37,70% des suffrages exprimés, immédiatement suivi de Bob Akitani avec 34% et du président Eyadéma avec 24%. Convaincu de sa victoire, M. Péré conclut, dans une déclaration à la presse, en appelant l’opposition, «particulièrement le PFC qui est nettement sorti du lot» à former à avec lui «un gouvernement de salut public chargé de restaurer la République, la démocratie et l’État de droit». Le lendemain, le candidat Edem Kodjo lui ravit la vedette en s’accordant 35% des suffrages. «Les populations du Togo, conscientes de l’énorme travail qui attend le président élu, ont été séduit par le programme de la CPP et lui ont accordé 35% des suffrages», souligne Edem Kodjo dans une déclaration, en précisant qu’il a fait «le plein de voix dans la partie septentrionale du pays». «On nous a attribué 0,95%, qu’on nous en attribue moins 5, cela ne nous regarde guère», a-t-il déclaré à l’annonce des résultats définitifs par la CENI.

L’annonce de la victoire du chef de l’État sortant a été saluée par ses militants du Rassemblement du peuple togolais (RPT) qui ont sillonné des artères de la capitale à bord de dizaines de gros véhicules aux cris de : «Nous ne voulons personne, c’est Eyadéma que nous voulons».



par Guy  Mario

Article publié le 05/06/2003