Togo
Eyadema investi, mais seul
Gnassingbé Eyadéma, vainqueur de la dernière élection présidentielle au Togo, doit être investi ce 20 juin lors d’une cérémonie à laquelle assisteront notamment les chefs d’État du Niger, du Sénégal, du Bénin, du Ghana, du Mali, de la Guinée Bissau et de la Côte d’Ivoire. Fort de cette nouvelle victoire, quoique contestée, il se propose de rassembler les citoyens de son pays pour, dit-il, que «notre démocratie s'enracine» en appelant à la constitution d'un gouvernement d'union nationale. Il évoque aussi l'organisation d’élections municipales et sénatoriales.
Au pouvoir depuis 1967, le général Gnassingbé Eyadéma vient d'être réélu, le 1er juin dernier, pour un nouveau mandat de cinq à la tête de son pays. Lors d'une longue intervention radiodiffusée le 18 juin, il a dit sa foi en l'avenir du Togo et en sa «démocratie». Pour le chef de l'État togolais la seule installation de certaines institutions républicaines constituerait un gage de bon fonctionnement, selon les règles et principes démocratiques. Mais en même temps, il se rend bien compte que le pays manque de la contestation qui gronde malgré l'appareil répressif de son pouvoir. L'opposition qui a dénoncé les fraudes massives demande son départ du pouvoir, mais la réaction du président réélu est de leur proposer de participer à un gouvernement d'union nationale.
«Je lance un appel solennel pour que tous ceux qui sont restés jusqu'ici au bord du chemin prennent leur part du pouvoir», a-t-il lancé à l'endroit des Togolais, comme à son usage depuis 36 ans de pouvoir, après chaque confirmation à son poste de président de la République. «Je souhaite que notre démocratie s'enracine et se développe à la base par une participation de nos populations à nos institutions locales. C'est pourquoi j'ai demandé que toutes les dispositions soient prises pour que dans les plus brefs délais se tiennent les élections municipale, préfectorale et sénatoriale pour redonner vie à notre démocratie locale», a-t-il poursuivi. Par cette initiative le président Eyadéma met un coup de d'arrêt à l'application de l'accord cadre de Lomé signé en 1999, dont se réclament les partis de l'opposition. Cet accord est bel et bien enterré et le «Eyadéma nouveau» inaugure une nouvelle ère de son pouvoir. Le ton général de son discours à la nation montre bien qu'il a pris la mesure de l'incapacité de ses adversaires politiques à s'opposer à l'ordre établi. La faiblesse de l'opposition togolaise se traduit par son incapacité à revendiquer avec force ce qui lui est dû.
L'opposition déboussolée
Deux candidats, Emmanuel Bob Akitani et Maurice Dahuku Péré revendiquent chacun la victoire à l'élection présidentielle du 1er juin dernier en jetant, certainement à leur corps défendant, un doute sur le sérieux de leurs affirmations. Mais ces attitudes relèvent au moins l'ambiance générale d'une élection où tout le monde pouvait se targuer d'être vainqueurs. De nombreux organismes internationaux se sont gardés de valider ce qui apparaît comme une élection truquée, à l'inverse des observateurs de l'Union africaine, qui eux ont apprécié un déroulement normal des opérations. Mais, aux yeux même du pouvoir, les choses apparaissent moins évidentes, puisque pour calmer les esprits le chef suprême appelle à la formation d'un gouvernement d'union nationale. A Lomé, une certaine tension est perceptible, et les forces de l'ordre maintiennent une patrouille régulière qui ne s'embarrasse plus de discrétion.
Gilchrist Olympio qui a proclamé la victoire de son poulain, Bob Akitani, avait promis la constitution d'un gouvernement qui n'a toujours pas été annoncé. Mieux, pour des raisons de sécurité, le vainqueur auto-proclamé Bob Akitani aurait choisi la clandestinité. De Paris, une «Concertation nationale de la société civile du Togo» a publié un communiqué dans lequel elle ne reconnaît plus le général Eyadéma comme chef de l'État togolais. A Lomé ce sont des appels en vain à la désobéissance civile qui fusent des états-majors des partis politiques. Les populations ont certainement perçu l'incapacité des opposants institutionnels à transformer un essai, si d'aventure elles prenaient le risque d'un choc frontal avec le régime en place. C'est aussi le moment choisi par l'ancien ministre des Affaires étrangères, ancien secrétaire général de l'OUA, ancien Premier ministre et président de la Convergence patriotique panafricaine, Edem Kodjo, candidat malheureux à l'élection présidentielle, avec 0,95% des voix, pour se retirer de la vie politique de son pays. Un communiqué de son mouvement précise qu'il a «l'intention de se retirer momentanément pour prendre du recul».
Profitant de cette déconfiture pathétique de l'opposition, le président Eyadéma a beau jeu de lancer un appel à l'union. Ce 20 juin, jour de son investiture, il savourera sa victoire en présence des nombreux chefs d'État africains qui auront fait le voyage de Lomé.
«Je lance un appel solennel pour que tous ceux qui sont restés jusqu'ici au bord du chemin prennent leur part du pouvoir», a-t-il lancé à l'endroit des Togolais, comme à son usage depuis 36 ans de pouvoir, après chaque confirmation à son poste de président de la République. «Je souhaite que notre démocratie s'enracine et se développe à la base par une participation de nos populations à nos institutions locales. C'est pourquoi j'ai demandé que toutes les dispositions soient prises pour que dans les plus brefs délais se tiennent les élections municipale, préfectorale et sénatoriale pour redonner vie à notre démocratie locale», a-t-il poursuivi. Par cette initiative le président Eyadéma met un coup de d'arrêt à l'application de l'accord cadre de Lomé signé en 1999, dont se réclament les partis de l'opposition. Cet accord est bel et bien enterré et le «Eyadéma nouveau» inaugure une nouvelle ère de son pouvoir. Le ton général de son discours à la nation montre bien qu'il a pris la mesure de l'incapacité de ses adversaires politiques à s'opposer à l'ordre établi. La faiblesse de l'opposition togolaise se traduit par son incapacité à revendiquer avec force ce qui lui est dû.
L'opposition déboussolée
Deux candidats, Emmanuel Bob Akitani et Maurice Dahuku Péré revendiquent chacun la victoire à l'élection présidentielle du 1er juin dernier en jetant, certainement à leur corps défendant, un doute sur le sérieux de leurs affirmations. Mais ces attitudes relèvent au moins l'ambiance générale d'une élection où tout le monde pouvait se targuer d'être vainqueurs. De nombreux organismes internationaux se sont gardés de valider ce qui apparaît comme une élection truquée, à l'inverse des observateurs de l'Union africaine, qui eux ont apprécié un déroulement normal des opérations. Mais, aux yeux même du pouvoir, les choses apparaissent moins évidentes, puisque pour calmer les esprits le chef suprême appelle à la formation d'un gouvernement d'union nationale. A Lomé, une certaine tension est perceptible, et les forces de l'ordre maintiennent une patrouille régulière qui ne s'embarrasse plus de discrétion.
Gilchrist Olympio qui a proclamé la victoire de son poulain, Bob Akitani, avait promis la constitution d'un gouvernement qui n'a toujours pas été annoncé. Mieux, pour des raisons de sécurité, le vainqueur auto-proclamé Bob Akitani aurait choisi la clandestinité. De Paris, une «Concertation nationale de la société civile du Togo» a publié un communiqué dans lequel elle ne reconnaît plus le général Eyadéma comme chef de l'État togolais. A Lomé ce sont des appels en vain à la désobéissance civile qui fusent des états-majors des partis politiques. Les populations ont certainement perçu l'incapacité des opposants institutionnels à transformer un essai, si d'aventure elles prenaient le risque d'un choc frontal avec le régime en place. C'est aussi le moment choisi par l'ancien ministre des Affaires étrangères, ancien secrétaire général de l'OUA, ancien Premier ministre et président de la Convergence patriotique panafricaine, Edem Kodjo, candidat malheureux à l'élection présidentielle, avec 0,95% des voix, pour se retirer de la vie politique de son pays. Un communiqué de son mouvement précise qu'il a «l'intention de se retirer momentanément pour prendre du recul».
Profitant de cette déconfiture pathétique de l'opposition, le président Eyadéma a beau jeu de lancer un appel à l'union. Ce 20 juin, jour de son investiture, il savourera sa victoire en présence des nombreux chefs d'État africains qui auront fait le voyage de Lomé.
par Didier Samson
Article publié le 20/06/2003