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Amis, mais pas d’accord pour autant

George W. Bush accueille Jacques Chirac à son arrivée au sommet du G8. 

		(Photo : AFP)
George W. Bush accueille Jacques Chirac à son arrivée au sommet du G8.
(Photo : AFP)
L’Irak est apparu, une nouvelle fois, comme l’élément perturbateur dans les relations entre les pays du G8. La question de la dette irakienne ou de l’intervention de l’OTAN ont apporté la preuve que la réconciliation n’efface pas les divergences, notamment entre les Etats-Unis et la France.

Le sommet du G8 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada, Russie), à Sea Island, s’était ouvert sous les meilleurs auspices avec l’approbation à l’unanimité du conseil de sécurité de l’ONU de la résolution sur le transfert de souveraineté à l’Irak à compter du 1er juillet. Le ciel s’était également éclairci entre la France et les Etats-Unis lors des commémorations marquant le débarquement des Alliés sur les plages de Normandie le 6 juin 1944. Mais la question épineuse de l’Irak est revenue au premier plan pour rappeler que, si la température est remontrée entre les Etats-Unis, leader de l’intervention militaire en Irak et la France, chef de file de l’opposition à cette action, les différends n’ont pas été aplanis.

L’accord de façade manifesté dans les communiqués officiels particulièrement flous a promptement été démenti par les déclarations des participants au premier rang desquels le président français Jacques Chirac et le chancelier allemand Schröder.

Les Etats-Unis se sont livrés à un forcing sur leurs partenaires du G8 pour obtenir une annulation massive de la dette irakienne évaluée, principal et intérêts, à 120 milliards de dollars. George Bush plaidait pour un effacement de 80% à 90% de l’ardoise. Mais Français, Allemands et Russes, les plus gros créanciers du régime de Saddam Hussein, ne l’entendent pas de cette oreille et font remarquer que les États-Unis, peu engagés financièrement en Irak avant 2003, peuvent bien être généreux avec l’argent des autres. Ainsi le président Chirac a estimé qu’un tel effacement de dettes, consenti à un pays pétrolier non dénué de ressources, serait une injustice à l’égard des pays les plus pauvres et les plus endettés de la planète pour lesquels on ne fait pas autant, loin s’en faut. La France et l’Allemagne seraient disposées à remettre la moitié de la dette irakienne et les Russes jusqu’au deux tiers. Les Japonais sont restés très discrets sur l’effort qu’ils sont prêts à consentir.

Résultat, officiellement le G8 est parvenu à un accord pour effacer une partie de la dette de l’Irak mais sans donner de chiffres précis. Un engagement vague à trouver un accord d’ici la fin de l’année a été pris.

« Ni opportun, ni bien compris »

Autre point qui tenait à cœur au président Bush et qui s’avère décevant pour lui : une plus grande implication de l’OTAN en Irak. Jacques Chirac s’est déclaré « tout à fait réservé face à cette initiative». Il a même ajouté qu’il ne croyait pas « qu’il soit dans la vocation de l’OTAN d’intervenir en Irak. De surcroît je n’ai pas le sentiment, a-t-il dit, que ce serait opportun ni même forcément bien compris». Le chancelier allemand Schröder a, quant à lui, exprimé ses doutes sur les chances de stabiliser la situation en Irak n’étant « pas porté à l’optimisme à ce sujet ». Un engagement de l’OTAN ne lui apparaît pas non plus garant de davantage de sécurité dans le pays et sa rencontre avec le roi de Jordanie Abdallah II lui a permis de mesurer les réticences des pays voisins.

Pour couronne le tout le Premier ministre turc Erdogan, dont le pays est un élément essentiel de l’OTAN dans la région, a repoussé cette idée qui fera, en outre, l’objet de discussions, qu’on attend vives, au sommet de l’Alliance atlantique les 28 et 29 juin à Istanbul.

Le projet de Grand Moyen-Orient, porté par le président Bush, a été accueilli poliment, mais avec scepticisme, par les autres membres du G8. Jacques Chirac, encore lui, a souligné que « la réforme ne se décrète pas de l’extérieur ». Un document a été adopté pour soutenir la démocratisation et le développement économique de la région mais il est déjà très en retrait par rapport aux propositions initiales des Etats-Unis. Dans le monde arabe, le projet américain est d’ores et déjà en bute à de vives critiques.



par Francine  Quentin

Article publié le 10/06/2004 Dernière mise à jour le 10/06/2004 à 14:57 TU

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Journaliste à RFI

«La France a voté le texte sur la résolution...sans aucun enthousiasme.»

[10/06/2004]

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