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Egypte

La maladie de Moubarak

L'hospitalisation du président égyptien Hosni Moubarak en Allemagne soulève des interrogations sur la gravité de son état de santé.  

		(Photo : AFP)
L'hospitalisation du président égyptien Hosni Moubarak en Allemagne soulève des interrogations sur la gravité de son état de santé.
(Photo : AFP)

Le président égyptien Hosni Moubarak (76 ans) a été hospitalisé lundi 21 juin dans une clinique orthopédique privée de Munich en Allemagne. Selon le bulletin officiel de santé le raïs souffre d’une hernie discale nécessitant une intervention chirurgicale. Toutefois l’équipe soignante a proposé de reporter l’intervention de quelques jours pour donner une chance au traitement médical. L’entourage du chef de l’Etat égyptien a multiplié les déclarations rassurantes affirmant que le raïs «se porte très bien » tandis que le ministre de la Santé à indiqué qu’il ne s’agissait, en tout état de cause, que «d’une opération bénigne ».

De notre correspondant en Egypte

Ces déclarations n’ont pas vraiment suffi à rassurer les Egyptiens. Ces derniers avaient été échaudés par des rumeurs qui courraient depuis quelques jours affirmant que le raïs allait «très mal », certaines allant même jusqu’à annoncer son décès. Dans un pays où le secret est quasiment un culte ces rumeurs ne pouvaient qu’être alarmantes d’autant plus que les autorités avaient fait preuve d’une extrême opacité lors du décès des deux précédents présidents. L’inquiétude de la population était d’autant plus sensible qu’à 76 ans, le raïs dépasse déjà d’une douzaine d’année la moyenne d’espérance de vie nationale.
 
Pour mettre un terme à des rumeurs qui auraient pu finir par affecter l’économie égyptienne et provoquer une spéculation contre la livre égyptienne, les autorités ont décidé de jouer la transparence. Une transparence qui a empêché que l’inquiétude ne se transforme en panique sans pour autant rasséréner les 72 millions d’Egyptiens. En effet, même si le président Moubarak a officiellement délégué ses pleins pouvoirs au Premier ministre Atef Ebeid, ce dernier ne dispose que d’une marge de manœuvre limitée. En effet, en plus de l’exécutif, le raïs, ex général, est aussi commandant en chef de l’armée et gouverneur militaire en vertu de l’Etat d’urgence.

«Enturbané étoilé»

 Des prérogatives qui avaient permis à M. Moubarak de donner l’armée lors des émeutes des conscrits de la police en février 86. Par ailleurs, même si le raïs ne s’absentera théoriquement qu’une semaine, la convalescence sera longue et nécessitera une immobilisation du président. Or le pouvoir exécutif du chef de l’Etat touche les questions cruciales autant que les affaires communes qui sont souvent expédiées par décrets présidentiels pour sauter par dessus les lenteurs légendaires de la bureaucratie égyptienne.
 
Mais ce qui inquiète le plus les Egyptiens c’est le risque – et je cite – « qu’il lui arrive quelque chose » ! Dans ce cas c’est la vacance du pouvoir. En effet, selon la constitution égyptienne c’est au vice-président de prendre automatiquement la relève. Or le problème est que le raïs, en 23 ans au pouvoir, n’a jamais nommé de vice-président. Il a même coupé court aux informations selon lesquelles sont fils cadet, Gamal, serait le dauphin désigné pour la succession.
 
Ce « trou noir » en perspective inquiète d’autant plus qu’il peut augurer d’une guerre de succession. En effet, en dehors de Gamal Mouarak, aucun candidat ne semble faire le poids. Les Egyptiens en sont à se demander s’il pourraient se retrouver avec un raïs « étoilé » (militaire) ou « enturbané » (islamiste) et pire encore avec un « enturbané étoilé » !


par Alexandre  Buccianti

Article publié le 22/06/2004 Dernière mise à jour le 22/06/2004 à 11:05 TU