Egypte
Moubarak: le malaise
Contrairement à ses deux prédécesseurs, Gamal Abdel Nasser et Anouar al-Sadate, Hosni Moubarak a toujours refusé, alors que la Constitution l’y invitait, de nommer un vice-président. Un poste qu’il a pourtant lui-même occupé avant d’être propulsé à la tête de l’Egypte après l’assassinat de Sadate en 1981. Son malaise aujourd’hui devant les caméras, alors qu’il prononçait un discours devant l’Assemblée du peuple à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire, cristallise donc les inquiétudes quant à une vacance du pouvoir en Egypte. Il relance surtout les spéculations concernant sa succession que certains estiment déjà assurée par l’un de ses fils, Gamal.
Comme toutes les activités du président Moubarak, son discours devant les élus du pays était retransmis ce mercredi par la télévision d’Etat. Les Egyptiens ont donc assisté en direct à son malaise. Alors qu’il s’exprimait depuis quelques minutes dans l’hémicycle de l’Assemblée du peuple, Hosni Moubarak a soudain sorti un mouchoir pour essuyer la sueur qui perlait sur son front. La retransmission des images a aussitôt été interrompue tandis que la diffusion sonore se poursuivait. Les téléspectateurs ont donc entendu le président tousser à plusieurs reprises et les députés crier. La liaison a ensuite été coupée jusqu’à ce qu’une présentatrice vienne annoncer que le chef de l’Etat avait eu «un malaise mineur». Hosni Moubarak est ensuite réapparu trois quarts d’heure plus tard. Le teint pâle et les traits tirés, il a repris son allocution sous les acclamations des élus. Son discours n’a duré que cinq minutes. Il a ensuite agité les bras pour saluer les parlementaires avant de se retirer.
Intervenant un peu plus tard à la télévision d’Etat, le ministre égyptien de la Santé a expliqué que le chef de l’Etat avait eu «une chute de tension». Il a également révélé que Hosni Moubarak avait très récemment souffert d’«une grippe sévère» et que dans la nuit de samedi à dimanche «il avait eu 39° de fièvre». Selon lui, ce sont les médicaments combinés à la chaleur qui ont donc provoqué son malaise. Se voulant rassurant, Awad Taggedine a en outre expliqué que le président venait de subir «un électrocardiogramme et des analyses» et qu’il était en «parfaite santé». Son collègue de l’Information a pour sa part souligné que le président «prenait des antibiotiques» et qu’il «jeûnait» en même temps pour respecter le ramadan et ce sont ces deux facteurs qui selon lui ont provoqué son petit problème de santé. Les deux hommes ont par ailleurs expliqué que les médecins avaient vivement conseillé à M. Moubarak de reporter son discours au 30 novembre mais que ce dernier avait refusé. Son allocution devant les élus, prévue dimanche dernier, avait déjà été déplacée.
Vers une crise de succession
Le chef de l’Etat égyptien doit à nouveau s’adresser jeudi à la nation à l’occasion de «la nuit du destin», qui marque pour les musulmans la date à laquelle le Coran a été révélé au prophète Mahomet. Les Egyptiens seront sans nul doute nombreux devant leur petit écran car le malaise dont a été victime leur président a nécessairement relancé le débat concernant sa succession. Son refus catégorique depuis 22 ans qu’il est au pouvoir de nommer un vice-président et donc de désigner ouvertement un dauphin a en effet instauré une sorte de vacance qui n’est pas faite pour rassurer ses compatriotes.
Sujet tabou en Egypte, la succession de Hosni Moubarak n’en a pas moins été discrètement préparée. L’une des rares fois où la question a été évoquée –par un journaliste étranger–, le chef de l’Etat avait tenu à souligner que l’Egypte n’était pas une monarchie et que dans ce contexte son fils, Gamal, ne pouvait donc pas être son successeur à la présidence du pays, comme ce fut le cas en Syrie où Bachar a repris le flambeau de son père Hafez al-Assad. Mais malgré cette position de principe énoncée fermement par le président égyptien, les observateurs relèvent néanmoins l’ascension fulgurante de son fils au sein du Parti national démocratique PND au pouvoir. Gamal Moubarak a en effet été nommé en septembre 2002 secrétaire général des affaires politique de cette formation largement majoritaire au parlement puisqu’elle compte 388 députés alors que l’opposition légale ne possède que 16 élus et les indépendants –opposition «illégale»– est forte de 39 parlementaires. Depuis, il n’a cessé d’exprimer à la moindre occasion ses opinions sur une variété de sujets aussi bien sur les affaires intérieures qu’extérieures du pays.
Un signe en outre ne trompe pas aux yeux des Egyptiens. Bien que n’étant pas ministre, Gamal Moubarak a en effet été reçu à Washington avec les honneurs réservés aux hauts responsables du gouvernement. Lors de sa dernière visite en juin, il a ainsi rencontré le vice-président américain Dick Cheney, le secrétaire d’Etat Colin Powell, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et la conseillère pour la sécurité à la Maison Blanche Condoleeza Rice. Un honneur qui n’est pas réservé à tout le monde et qui, s’il n’en est pas un, ressemble étrangement à un adoubement. Les Etats-Unis qui veulent instaurer la démocratie au Moyen Orient n’en sont pas à un paradoxe près.
Intervenant un peu plus tard à la télévision d’Etat, le ministre égyptien de la Santé a expliqué que le chef de l’Etat avait eu «une chute de tension». Il a également révélé que Hosni Moubarak avait très récemment souffert d’«une grippe sévère» et que dans la nuit de samedi à dimanche «il avait eu 39° de fièvre». Selon lui, ce sont les médicaments combinés à la chaleur qui ont donc provoqué son malaise. Se voulant rassurant, Awad Taggedine a en outre expliqué que le président venait de subir «un électrocardiogramme et des analyses» et qu’il était en «parfaite santé». Son collègue de l’Information a pour sa part souligné que le président «prenait des antibiotiques» et qu’il «jeûnait» en même temps pour respecter le ramadan et ce sont ces deux facteurs qui selon lui ont provoqué son petit problème de santé. Les deux hommes ont par ailleurs expliqué que les médecins avaient vivement conseillé à M. Moubarak de reporter son discours au 30 novembre mais que ce dernier avait refusé. Son allocution devant les élus, prévue dimanche dernier, avait déjà été déplacée.
Vers une crise de succession
Le chef de l’Etat égyptien doit à nouveau s’adresser jeudi à la nation à l’occasion de «la nuit du destin», qui marque pour les musulmans la date à laquelle le Coran a été révélé au prophète Mahomet. Les Egyptiens seront sans nul doute nombreux devant leur petit écran car le malaise dont a été victime leur président a nécessairement relancé le débat concernant sa succession. Son refus catégorique depuis 22 ans qu’il est au pouvoir de nommer un vice-président et donc de désigner ouvertement un dauphin a en effet instauré une sorte de vacance qui n’est pas faite pour rassurer ses compatriotes.
Sujet tabou en Egypte, la succession de Hosni Moubarak n’en a pas moins été discrètement préparée. L’une des rares fois où la question a été évoquée –par un journaliste étranger–, le chef de l’Etat avait tenu à souligner que l’Egypte n’était pas une monarchie et que dans ce contexte son fils, Gamal, ne pouvait donc pas être son successeur à la présidence du pays, comme ce fut le cas en Syrie où Bachar a repris le flambeau de son père Hafez al-Assad. Mais malgré cette position de principe énoncée fermement par le président égyptien, les observateurs relèvent néanmoins l’ascension fulgurante de son fils au sein du Parti national démocratique PND au pouvoir. Gamal Moubarak a en effet été nommé en septembre 2002 secrétaire général des affaires politique de cette formation largement majoritaire au parlement puisqu’elle compte 388 députés alors que l’opposition légale ne possède que 16 élus et les indépendants –opposition «illégale»– est forte de 39 parlementaires. Depuis, il n’a cessé d’exprimer à la moindre occasion ses opinions sur une variété de sujets aussi bien sur les affaires intérieures qu’extérieures du pays.
Un signe en outre ne trompe pas aux yeux des Egyptiens. Bien que n’étant pas ministre, Gamal Moubarak a en effet été reçu à Washington avec les honneurs réservés aux hauts responsables du gouvernement. Lors de sa dernière visite en juin, il a ainsi rencontré le vice-président américain Dick Cheney, le secrétaire d’Etat Colin Powell, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et la conseillère pour la sécurité à la Maison Blanche Condoleeza Rice. Un honneur qui n’est pas réservé à tout le monde et qui, s’il n’en est pas un, ressemble étrangement à un adoubement. Les Etats-Unis qui veulent instaurer la démocratie au Moyen Orient n’en sont pas à un paradoxe près.
par Mounia Daoudi
Article publié le 19/11/2003