Egypte
Politique, dollars et droits de l’homme
Le président américain George Bush a décidé de s’opposer à toute aide économique supplémentaire à l’Égypte pour protester contre la condamnation d’un militant égypto-américain des droits de l’homme.
De notre correspondant en Égypte
Fin juillet, Saad Eddine Ibrahim avait été condamné a sept années de prison par un tribunal d’exception du Caire pour «avoir porté atteinte à l’image de l’Égypte et répandu de fausses informations à l’étrangers sur de prétendues fraudes électorales». Un verdict qui confirmait à la lettre une première condamnation par le tribunal supérieur de la sécurité de l’État qui avait été infirmé par la cour de cassation. Une affaire qui avait donné lieu à de vives protestations américaines dès l’arrestation du professeur de sociologie de l’Université américaine du Caire en juin 2000 et qui aujourd’hui semble culminer le tour de robinet donné par Washington à son aide à l’Égypte.
Toutefois, estiment les experts, il ne s’agit que d’un coup de semonce de la part de Washington puisque la porte-parole de la Maison Blanche a précisé que cette décision ne concernait pas les engagements financiers américains découlant des accords égypto-israéliens de Camp David. Cette aide annuelle de près de deux milliards de dollars qui fait de l’Égypte le second bénéficiaire après Israël (3 milliards de dollars) ne sera donc pas affectée. Une aide indispensable à l’armée égyptienne (1,3 milliards de dollars), principal pilier du régime du président Moubarak. En fait, la décision américaine ne concernera que 150 millions de dollars de rallonge que l’Égypte avait demandés pour rééquilibre sa balance des paiements affectée par les attentats du 11 septembre (baisse du tourisme, locomotive de l’économie et principale source de devises étrangères).
La presse titre à boulets rouges sur Washington
Même si la décision américaine a consterné les responsables égyptiens qui pensaient que la tempête américaine était passée après les déclarations de mécontentement formulées par Washington au lendemain du verdict contre Saad Eddine Ibrahim. Plus de deux semaines s’étaient passées sans que la «déception» de Washington ne soit suivie d’effet, d’où le sentiment au Caire, que l’affaire été close. Mais si la diplomatie égyptienne a été prise à contre-pied, elle n’en a pas moins réagi avec défi. Le ministre égyptien des affaires étrangères Ahmed Maher a déclaré que son pays «n’acceptait aucune pression quelle qu’elle soit». «Le cas de Saad Eddine Ibrahim a été examiné par la justice. Nous nous sommes déjà expliqués sur cette affaire. Nous n'intervenons pas dans le cours de la justice et nous demandons à tous d'accepter les décisions de notre justice», a ajouté M. Maher. Signe, quand même, de la prudence égyptienne, la presse officieuse s’est abstenue de tout commentaire d’autant plus qu’elle a attribué les informations de la suspension de l’aide par Washington à la presse américaine sans préciser que la Maison Blanche avait confirmé la décision.
En attendant, les journaux égyptiens continuent à tirer à boulets rouges sur les États-Unis accusés d’être les «alliés des agresseurs israéliens», de poursuivre «la folle lubie de faire la guerre à l’Irak» et de menacer la stabilité de l’Égypte par le biais du protocole d’accord signé entre le gouvernement soudanais et les rebelles sudistes du SPLA. Un accord qui, aux yeux du Caire, risque de mener à la sécession du Sud-Soudan et donc d’entraîner une menace sur les sources du Nil, vitales pour l’Égypte. Un reflet du désaccord croissant entre Le Caire et Washington qui continuent toutefois à souligner «l’étroitesse de leurs liens». Des liens de plus en plus tendus et qui pourraient finir par céder si la tension continue à monter.
Fin juillet, Saad Eddine Ibrahim avait été condamné a sept années de prison par un tribunal d’exception du Caire pour «avoir porté atteinte à l’image de l’Égypte et répandu de fausses informations à l’étrangers sur de prétendues fraudes électorales». Un verdict qui confirmait à la lettre une première condamnation par le tribunal supérieur de la sécurité de l’État qui avait été infirmé par la cour de cassation. Une affaire qui avait donné lieu à de vives protestations américaines dès l’arrestation du professeur de sociologie de l’Université américaine du Caire en juin 2000 et qui aujourd’hui semble culminer le tour de robinet donné par Washington à son aide à l’Égypte.
Toutefois, estiment les experts, il ne s’agit que d’un coup de semonce de la part de Washington puisque la porte-parole de la Maison Blanche a précisé que cette décision ne concernait pas les engagements financiers américains découlant des accords égypto-israéliens de Camp David. Cette aide annuelle de près de deux milliards de dollars qui fait de l’Égypte le second bénéficiaire après Israël (3 milliards de dollars) ne sera donc pas affectée. Une aide indispensable à l’armée égyptienne (1,3 milliards de dollars), principal pilier du régime du président Moubarak. En fait, la décision américaine ne concernera que 150 millions de dollars de rallonge que l’Égypte avait demandés pour rééquilibre sa balance des paiements affectée par les attentats du 11 septembre (baisse du tourisme, locomotive de l’économie et principale source de devises étrangères).
La presse titre à boulets rouges sur Washington
Même si la décision américaine a consterné les responsables égyptiens qui pensaient que la tempête américaine était passée après les déclarations de mécontentement formulées par Washington au lendemain du verdict contre Saad Eddine Ibrahim. Plus de deux semaines s’étaient passées sans que la «déception» de Washington ne soit suivie d’effet, d’où le sentiment au Caire, que l’affaire été close. Mais si la diplomatie égyptienne a été prise à contre-pied, elle n’en a pas moins réagi avec défi. Le ministre égyptien des affaires étrangères Ahmed Maher a déclaré que son pays «n’acceptait aucune pression quelle qu’elle soit». «Le cas de Saad Eddine Ibrahim a été examiné par la justice. Nous nous sommes déjà expliqués sur cette affaire. Nous n'intervenons pas dans le cours de la justice et nous demandons à tous d'accepter les décisions de notre justice», a ajouté M. Maher. Signe, quand même, de la prudence égyptienne, la presse officieuse s’est abstenue de tout commentaire d’autant plus qu’elle a attribué les informations de la suspension de l’aide par Washington à la presse américaine sans préciser que la Maison Blanche avait confirmé la décision.
En attendant, les journaux égyptiens continuent à tirer à boulets rouges sur les États-Unis accusés d’être les «alliés des agresseurs israéliens», de poursuivre «la folle lubie de faire la guerre à l’Irak» et de menacer la stabilité de l’Égypte par le biais du protocole d’accord signé entre le gouvernement soudanais et les rebelles sudistes du SPLA. Un accord qui, aux yeux du Caire, risque de mener à la sécession du Sud-Soudan et donc d’entraîner une menace sur les sources du Nil, vitales pour l’Égypte. Un reflet du désaccord croissant entre Le Caire et Washington qui continuent toutefois à souligner «l’étroitesse de leurs liens». Des liens de plus en plus tendus et qui pourraient finir par céder si la tension continue à monter.
par Alexandre Buccianti
Article publié le 16/08/2002