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Egypte

Condamnation confirmée pour Saad Ibrahim

Saad Eddine Ibrahim, directeur du Centre Ibn Khaldoun pour les droits de l'homme (CIKD) du Caire, a vu sa peine de sept ans de prison confirmée en appel par la Haute cour de sûreté de l'Etat. La communauté internationale crie au scandale et dénonce la procédure d’exception utilisée par l’Etat égyptien dans cette affaire.

Saad Eddine Ibrahim, égypto-américain, professeur de sociologie à l’université américaine du Caire, a vu sa condamnation à sept ans de prison confirmée lors d’un nouveau procès en appel. Il lui est reproché d’avoir «porté atteinte à l’image de son pays» et d’avoir, avec vingt-et-un de ses collaborateurs mis au point un système de «détournements de fonds». Trois de ses collaborateurs ont été condamnés à trois ans de prison, et une vingtaine d’autres ont écopé d’une peine d’un an de prison avec sursis.

Depuis sa création, à la fin des années 80, le Centre Ibn Khaldoun pour les droits de l’homme faisait l’objet d’une surveillance particulière de la part des autorités égyptiennes. Elles voyaient d’un mauvais oeil l’existence d’un tel observatoire de la démocratie et qui de surcroît collaborait avec des institutions étrangères. Les démêlés avec les politiques ont été rapidement portés sur la place publique avec l’arrestation, pour la première fois, de Saad Eddine Ibrahim en compagnie d’une vingtaine de collaborateurs. Ils avaient publié un rapport qui mettait l’accent sur certaines discriminations dont les coptes (chrétiens d’Egypte) seraient victimes pendant la période électorale des législatives de fin 2002. Un lever de boucliers de quelques intellectuels égyptiens soutenus par les organisations internationales de défense des droits de l’homme avait conduit à leur libération après quelques jours de détention. Mais une nouvelle arrestation de la même équipe, en mai 2001, allait cette fois faire l’objet d’accusations d’espionnage et de détention illégale de fonds.

Loi d’exception

En effet, l’Union européenne avait mis des fonds à disposition du Centre Ibn Khaldoun pour la réalisation d’un documentaire audiovisuel, censé évoquer des problèmes de fraudes électorales. Mais les autorités ont considéré que ce documentaire était un prétexte pour porter atteinte à «l’image de l’Egypte». Et, en vertu d’une loi d’exception en vigueur en Egypte depuis 1981, les autorités politiques égyptiennes ont fait comparaître toute l’équipe du CIKD devant la Haute cour de sûreté de l’Etat. Mais en février 2002 tous les prévenus ont été libérés, profitant d’une décision de la Cour d’appel qui ordonne un nouveau procès. Depuis avril 2002 un nouveau procès s’est tenu confirmant, trois mois plus tard, les peines requises lors de la première condamnation.

Saad Eddine Ibrahim, qui a pu dialoguer quelques minutes avec son épouse, parle d’une «parodie de justice». Celle-ci entend introduire un nouveau pourvoi en cassation. Amnesty International, l’Organisation égyptienne des droits de l’homme (OEDH) et de nombreuses autres associations accusent le pouvoir égyptien de chercher à «réduire au silence les militants des droits de l’homme». L’Union européenne de son côté fait remarquer que «le respect des droits de l’homme et la promotion de la démocratie font partie intégrante du partenariat euroméditarranéen et des accords bilatéraux». Ces inquiétudes sous forme de menaces sont reprises également par les Etats-Unis «qui en tiendront compte dans leur soutien aux programmes de réformes économiques, sociales et politiques» en Egypte.



par Didier  Samson

Article publié le 30/07/2002