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Egypte

Les donateurs apportent un répit à Moubarak

Trente-sept organisations internationales et pays donateurs se sont engagés mercredi 6 février à Charm el Cheikh sur la mer Rouge fournir à l’Égypte 10,3 milliards de dollars sur trois ans sous forme de dons et de prêts à taux préférentiels.
De notre correspondant au Caire

L’Égypte obtiendra cette année 2,1 milliards de dollars pour faire face aux pertes économiques provoquées par les attentats du 11 septembre chiffrées par le gouvernement à 3 milliards de dollars. La plus grosse part de ces pertes vient de l’effondrement du tourisme qui en 2000/2001 avait rapporté 4,3 milliards de dollars. Plus que les deux millions d’expatriés égyptiens dans le Golfe qui ont transféré près de trois milliards de dollars. Les revenus du canal de Suez et des exportations pétrolières viennent loin derrière.

Mais contrairement aux apparences, la réunion de Charm el Cheikh s’est terminée dans le flou. En effet, plus de la moitié des sommes promises faisaient déjà partie de l’aide que l’Égypte allait obtenir en tout état de cause. Les États-Unis versent déjà 1,8 milliard de dollars d’aide annuelle. Autrement dit, sur trois ans ils représentent à eux seuls près de la moitié des dix milliards promis. Si on rajoute les aides de l’Union européenne et des autres pays industrialisés cela ne laisse plus que près de trois milliards d’argent frais. Quoiqu’il en soit, c’est surtout d’une aide urgente dont a besoin l’économie égyptienne.

Mercredi elle a obtenu deux des trois milliards de dollars d’aide exceptionnelle qu’elle réclamait pour 2002. Reste qu’il s’agit d’un accord de principe et non d’argent comptant. Le dégagement des sommes promises dépendra de la bénédiction du Fonds monétaire international. Un Fonds qui estime que l’Égypte doit remédier au déficit de sa balance des paiements estimé à deux milliards de dollars. Le FMI veut aussi une reprise des réformes structurelles de l’économie ainsi qu’une reprise des privatisations.

Les États-Unis, qui avec près de deux milliards de dollars par an sont les premiers donateurs de l’Égypte réclament, eux aussi, une accélération de la libéralisation de l’économie égyptienne. Washington, dont le poids est immense auprès des institutions financières internationales n’a pas ménagé ses critiques à la gestion d la crise par le gouvernement égyptien.

Début de récession et dévaluation

La livre égyptienne a perdu près d’un tiers de sa valeur en un an. L’effondrement du tourisme après les attentats du 11 septembre rend les deux milliards de dollars promis en Mer Rouge d’autant plus indispensables pour stabiliser la situation. La délégation américaine à Charm el Cheikh a en effet accusé le gouvernement égyptien «d’inaction» et de fermeture aux doléances du secteur privé. Une attitude que les Américains considèrent comme un frein à la croissance et génératrice de chômage. Un phénomène qui pourrait mener «à une catastrophe sociale» estiment les Américains. La crise du secteur touristique a déjà provoqué le licenciement de quelques 400 000 personnes en quelques mois. Des chômeurs qui sont venus s’ajouter aux centaines de milliers licenciés par d’autres industries frappées par le ralentissement de l’économie. Une bombe à retardement si rien n’est fait d’autant plus que 800 000 nouveaux demandeurs d’emplois arrivent chaque année sur le marché du travail.

L’Égypte obtiendra sans doute sa bouffée d’oxygène de deux milliards de dollars mais reste à savoir sous quelles conditions. La marge de manœuvre du gouvernement est d’autant plus limitée que la livre égyptienne a déjà perdu un tiers de sa valeur en un an et que le taux de croissance recule à un niveau où il risque de ne plus compenser la croissance démographique. Reste que les experts ne prévoient pas un catastrophe à l’Argentine, Le Caire étant beaucoup moins endetté que Buenos Aires.



par Alexandre  Buccianti

Article publié le 07/02/2002