Egypte
L'Egypte veut jouer les pompiers au Soudan
Pour tenter de mettre un terme à la guerre civile qui déchire le Soudan depuis 17 ans, les responsables égyptiens ont engagé des pourparlers avec Khartoum et les responsables de l'opposition et notamment le colonel John Garang, le chef de la rébellion sudiste, venu spécialement au Caire.
De notre correspondant en Egypte
Le résultat a été l'élaboration d'une nouvelle mouture du plan égypto-libyen de 1999 prévoyant notamment l'instauration du multipartisme et la constitution d'un gouvernement transitoire d'union nationale. Une formule acceptée «sans réserves» par Khartoum. L'Alliance nationale démocratique (AND), coalition de l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS de John Garang), et d'une partie de l'opposition nordiste, s'est déclarée à participer à la conférence proposée par l'Egypte. L'AND a toutefois demandé l'ajoute de la séparation de la religion et de l'Etat, et du droit à l'autodétermination pour le sud du Soudan.
Les responsables égyptiens affichent un optimisme prudent. Leur principale raison d'espérer est la mise à l'écart de Hassan el Tourabi, le leader islamiste le plus dur de Khartoum. Cette ancienne éminence grise du régime préconisait, en effet, le Djihad contre les sudistes animistes et chrétiens. Une guerre sainte sur laquelle se brisaient toutes les tentatives de réconciliation. Mais Le Caire est allé encore plus loin puisqu'il a amorcé un véritable tournant dans ses relations avec la junte de Khartoum. Le Premier ministre égyptien Atef Ebeid a signé une vingtaine d'accords et de protocoles de coopération à Khartoum ce dimanche 9 juillet. De vraies retrouvailles après une décennie de quasi-rupture. Les deux pays en étaient pratiquement arrivés à la confrontation armée, le Soudan accusant l'Egypte d'occuper une partie de son territoire et Le Caire dénonçant le soutient de Khartoum aux extrémistes musulmans. L'Egypte avait même accusé le Soudan d'avoir cherché à faire assassiner le président égyptien Hosni Moubarak à Addis-Abeba en 1995. Cette tension avait aussi eu des répercussions économiques, Khartoum saisissant des avoirs égyptiens au Soudan et Le Caire restaurant le visa pour les Soudanais. Une page aujourd'hui.
L'autodétermination reclamée par les sudistes fait tiquer le Caire
Si l'Egypte met les bouchées double c'est qu'elle a des intérêts vitaux dans la paix au sud Soudan. Le canal de Jonglei (Sud-Soudan), sur le Nil bleu devrait augmenter les eaux parvenant à l'Egypte de quelques 7 milliards de m3. Reste maintenant à savoir si la junte islamiste de Khartoum est disposée à approuver la condition sudiste de séparation de la religion et de l'Etat. L'Etat major soudanais a bien donné son feu vert au président Béchir pour négocier. Mais le président soudanais doit peser les concessions qu'il peut faire tant sur le fond que sur la forme. Il a beau être général, il a toujours besoin de la bénédiction d'une armée qui, comme elle l'a porté au pouvoir pourrait le renverser. Sa marge de man£uvre est d'autant plus limitée qu'il doit prendre en considération les milices spécialement créées pour combattre la rébellion sudiste. Or cette annulation de la charia est une condition sine qua non posée par l'opposition soudanaise, notamment sudiste, pour faire la paix. Quant à l'autodétermination réclamée par la rébellion sudiste, elle fait tiquer Le Caire. Une éventuelle indépendance du Sud-Soudan est en effet le cauchemar de l'Egypte. Pour continuer les travaux, il faut la paix mais il faut aussi qu'il n'y ait pas sécession du sud. Dans ce cas, la nouvelle entité échapperait à l'influence d'une Egypte qui a toujours considéré le Soudan comme sa profondeur stratégique. N'oublions pas que le Soudan dépendait du chef de l'Etat égyptien jusqu'à son indépendance en janvier 56.
Le résultat a été l'élaboration d'une nouvelle mouture du plan égypto-libyen de 1999 prévoyant notamment l'instauration du multipartisme et la constitution d'un gouvernement transitoire d'union nationale. Une formule acceptée «sans réserves» par Khartoum. L'Alliance nationale démocratique (AND), coalition de l'Armée populaire de libération du Soudan (APLS de John Garang), et d'une partie de l'opposition nordiste, s'est déclarée à participer à la conférence proposée par l'Egypte. L'AND a toutefois demandé l'ajoute de la séparation de la religion et de l'Etat, et du droit à l'autodétermination pour le sud du Soudan.
Les responsables égyptiens affichent un optimisme prudent. Leur principale raison d'espérer est la mise à l'écart de Hassan el Tourabi, le leader islamiste le plus dur de Khartoum. Cette ancienne éminence grise du régime préconisait, en effet, le Djihad contre les sudistes animistes et chrétiens. Une guerre sainte sur laquelle se brisaient toutes les tentatives de réconciliation. Mais Le Caire est allé encore plus loin puisqu'il a amorcé un véritable tournant dans ses relations avec la junte de Khartoum. Le Premier ministre égyptien Atef Ebeid a signé une vingtaine d'accords et de protocoles de coopération à Khartoum ce dimanche 9 juillet. De vraies retrouvailles après une décennie de quasi-rupture. Les deux pays en étaient pratiquement arrivés à la confrontation armée, le Soudan accusant l'Egypte d'occuper une partie de son territoire et Le Caire dénonçant le soutient de Khartoum aux extrémistes musulmans. L'Egypte avait même accusé le Soudan d'avoir cherché à faire assassiner le président égyptien Hosni Moubarak à Addis-Abeba en 1995. Cette tension avait aussi eu des répercussions économiques, Khartoum saisissant des avoirs égyptiens au Soudan et Le Caire restaurant le visa pour les Soudanais. Une page aujourd'hui.
L'autodétermination reclamée par les sudistes fait tiquer le Caire
Si l'Egypte met les bouchées double c'est qu'elle a des intérêts vitaux dans la paix au sud Soudan. Le canal de Jonglei (Sud-Soudan), sur le Nil bleu devrait augmenter les eaux parvenant à l'Egypte de quelques 7 milliards de m3. Reste maintenant à savoir si la junte islamiste de Khartoum est disposée à approuver la condition sudiste de séparation de la religion et de l'Etat. L'Etat major soudanais a bien donné son feu vert au président Béchir pour négocier. Mais le président soudanais doit peser les concessions qu'il peut faire tant sur le fond que sur la forme. Il a beau être général, il a toujours besoin de la bénédiction d'une armée qui, comme elle l'a porté au pouvoir pourrait le renverser. Sa marge de man£uvre est d'autant plus limitée qu'il doit prendre en considération les milices spécialement créées pour combattre la rébellion sudiste. Or cette annulation de la charia est une condition sine qua non posée par l'opposition soudanaise, notamment sudiste, pour faire la paix. Quant à l'autodétermination réclamée par la rébellion sudiste, elle fait tiquer Le Caire. Une éventuelle indépendance du Sud-Soudan est en effet le cauchemar de l'Egypte. Pour continuer les travaux, il faut la paix mais il faut aussi qu'il n'y ait pas sécession du sud. Dans ce cas, la nouvelle entité échapperait à l'influence d'une Egypte qui a toujours considéré le Soudan comme sa profondeur stratégique. N'oublions pas que le Soudan dépendait du chef de l'Etat égyptien jusqu'à son indépendance en janvier 56.
par Alexandre Buccianti
Article publié le 10/07/2001