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Egypte

Amr Moussa à la tête de la Ligue arabe

Le chef de la diplomatie égyptienne, Amr Moussa, succède ce mardi à Esmat Abdel Méguid à la tête de la Ligue des Etats arabes. Basée au Caire, la Ligue demeure un instrument privilégié de la diplomatie égyptienne.
De notre correspondant en Egypte

Mardi 15 mai 2001 : pour les Palestiniens c'est le jour de la 53ème commémoration de la «Nakba», la «calamité » qu'a représenté pour eux la création de l'Etat d'Israël en 1948. C'est aussi le jour qu'a choisi la Ligue arabe pour la passation de pouvoir. En effet, Amr Moussa (64 ans), ministre égyptien des Affaires étrangères, devient le nouveau secrétaire général de la l'organisation panarabe. Il succède à Esmat Abdel Méguid, ex-ministre égyptien des affaires étrangères qu'il avait d'ailleurs remplacé à la tête de la diplomatie de la Vallée du Nil en mars 1991. Un signe de continuité ?

Beaucoup d'Arabes, du Golfe à l'Atlantique, souhaitent que cela ne soit pas le cas. La décennie écoulée, aux yeux de la majorité des Arabes, a été celle de la «déception». Celle ou de nombreux gouvernements arabes, Palestiniens compris, ont pacifié ou normalisé leurs relations avec Israël. Une «pax americana» qui, depuis huit mois, a fini dans le feu et dans le sang. Une situation qui renforce le courant «pacifico-sceptique» qui réclame «plus de fermeté et même un durcissement arabe» face à Israël. Un volet où, Esmat Abdel Méguid n'avait pas vraiment convaincu.

Amr Moussa arrive, par contre, auréolé du panache du «chevalier» pourfendeur du dragon israélien. Nul n'a oublié cet Amr Moussa refusant de serrer la main d'Ariel Sharon, l'actuel Premier ministre israélien en 1999, parce que ce dernier avait refusé d'en faire de même avec Yasser Arafat, le chef de l'Autorité palestinienne. Quelques années plus tôt, Amr Moussa avait occupé toutes les «unes» du monde arabe en condamnant la «précipitation» de plusieurs gouvernement arabes à normaliser leurs relations avec l'Etat juif, lui qui pourtant était à la tête de la diplomatie du premier et plus grand pays arabe à avoir signé la paix avec Israël (1979).

«J'exècre Israël et j'aime Amr Moussa»

Ces prises de position lui avaient valu de figurer, il y a quelques mois, dans le refrain d'une chanson pro-Intifada du chanteur populaire Chaabane Abdel Réhim. Le refrain de ce tube, vendu à des millions d'exemplaires, disait tout simplement : «J'exècre Israël et j'aime Amr Moussa». Les plus optimistes espèrent donc que Amr Moussa renversera la vapeur pour que la «Nakba» devienne une journée à marquer d'une pierre blanche. Un défi titanesque vu l'état d'apathie auquel est réduite la Ligue arabe. Une organisation affaiblie par les différends et les conflits opposant une bonne partie de ses 22 membres.

La confrontation entre l'Irak et le Koweït n'a pas vraiment pris fin, neuf ans après la guerre du Golfe. Bagdad a refusé de faire la moindre concession lors du sommet arabe d'Amman en mars. A l'autre extrémité du monde arabe, le Maroc et l'Algérie n'ont toujours pas réglé leur différend sur le Sahara occidental et le Polisario. Mais Amr Moussa compte sur sa stature arabe et internationale pour tenter de régler ces problèmes. Une opération qui doit être réalisée tant que le fer est chaud et qu'Amr Moussa est toujours considéré comme un collègue par les chefs de diplomatie américain, européens et arabes.



par Alexandre  Buccianti

Article publié le 15/05/2001