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Egypte

Le Viagra et les ratons voleurs !

Une histoire abracadabrante de disparition d'une énorme quantité de Viagra passionne les Egyptiens. Pas moins de 312 millions de pilules anti-impuissance auraient disparu des dépôts des douanes d'Alexandrie selon le quotidien Al Wafd du vendredi 5 mai.
De notre correspondant en Egypte

C'est au moment ou une commission des douanes s'apprêtait à détruire les fameuses pilules bleues, interdites en Egypte, que l'on s'aperçut du désastre. Trois cent douze millions de comprimés, de quoi construire une petite pyramide, avaient été croqués par des rats qui continuaient à gambader dans le dépôt. Oui, monsieur : les rats ! C'est bien écrit dans le rapport.

Au prix moyen du marché noir égyptien de Viagra, 200 francs la pilule, ce seraient donc 62 milliards de francs qui auraient fini dans le bas ventre des Mickey et autres Jerry. Du délire qu'aucun responsable n'avait encore démenti trois jours après l'annonce de la nouvelle! Mais même si on peut soupçonner une erreur ou une exagération, la quantité de «citrate de Sildenafil» disparue doit, quand même, être impressionnante. Dans le pays des obélisques, les douaniers annoncent presque chaque jour la saisie milliers de cachets de Viagra de contrebande, et ce depuis l'invention de la dragée du bonheur intra et extra conjugal.

Selon une étude (de source vaguement «pharmaceutique») récemment publiée par un journal officieux, les Egyptiens consommeraient annuellement pour 14 milliards de francs de Viagra ! Au prix international cela ferait 200 millions de pilules pour quelques 20 millions d'Egyptiens adultes mâles. Un trafic presque aussi lucratif que celui de la drogue (200% de bénéfice) avec le risque en moins. En Egypte, un trafiquant de drogue risque la pendaison.

Quoiqu'il en soit, la nouvelle a permis aux Egyptiens de faire des gorges chaudes. On imagine les mulots copulant comme des dératés, on prévoit un baby-boom chez les rongeurs ou on a pitié des Don Juan sur le retour. Quelques esprits chagrins se demandent quand même si ces pilules, tellement prisées par la gent masculine, n'ont pas fini sur le marché. De quoi inspirer les dessinateurs de journaux qui montrent des rats excités poursuivant les jeunes femmes dans les rues.

Le caricaturiste du journal officieux Al Akhbar, lui, a épinglé les gabelous. Il a publié un dessin des douanes d'Alexandrie : tous ceux qui y travaillent, du directeur au docker, sont des rats ! Et puis, dans les années soixante, n'avait-on pas justifié une panne générale de courant au Caire par un rat ? Ce champion qui était censé avoir sectionné un câble d'une douzaine de centimètres de diamètre avait été surnommé «Le rat de Sabtéya». Grâce à ce rongeur hors du commun, des pièces à conviction ont disparu des greffes des tribunaux et des colis précieux se sont volatilisé des magasins des postes. Des Egyptiens proposent l'ajout d'une nouvelle espèce de rat : l'Egyptianus, un coupable idéal et tout désigné chaque fois qu'une grande affaire finit en queue de poissonà ou de rat !



par Alexandre  Buccianti

Article publié le 07/05/2001