Egypte
Verdict très sévère contre des homosexuels
Vingt-trois Egyptiens accusés d'homosexualité ont été condamnés mercredi 14 novembre à des peines allant jusqu'à cinq ans de prison par la Haute cour correctionnelle de la sécurité de l'Etat du Caire. Vingt-neuf des cinquante deux accusés arrêtés le 11 mai ont été acquittés. Un mineur de 16 ans avait été condamné, dans le cadre de la même affaire, à 3 ans de prison le 18 septembre.
De notre correspondant en Egypte
«Procès inique». C'est ainsi que l'organisation internationale de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW) a qualifié le procès commencé le 18 juillet. «Par ce procès, le gouvernement voulait apparemment détourner l'attention de l'opinion publique de ses politiques impopulaires et apaiser les éléments conservateurs de la société égyptienne» a déclaré M. Joe Stork, directeur pour le Proche-Orient de HRW, avant d'appeler Le Caire à «relâcher les condamnés immédiatement et sans conditions». Gayegypt.com, dernier site homosexuel égyptien sur Internet, a été encore plus dur. Il a condamné «le régime égyptien de plus en plus répressif» et appelé les touristes à boycotter l'Egypte «pour ne pas subventionner la torture». Le site rappelle que plusieurs des accusés ont affirmé avoir été torturés mais que le tribunal a refusé de faire vérifier leurs allégations par des médecins alors qu'il a accepté de leur faire subir une visite médicale «visant à déterminer s'ils avaient pratiqué des rapports anaux».
Pour les observateurs, ces condamnations vont probablement constituer le début d'une levée de bouclier qui risque d'être embarrassante pour le gouvernement égyptien soucieux de son image de marque en Occident. En effet, plusieurs organisations de défense des droits de l'homme avaient condamné les procès dès son ouverture tandis que plusieurs chancelleries avaient dépêché des diplomates assister aux séances. Amnesty International avait estimé que les inculpés étaient «des prisonniers de conscience qui doivent être immédiatement relâchés si tout ce qu'on leur reproche est leur comportement sexuel présumé».
L'affaire avait aussi provoqué la «désapprobation» de 35 membres du Congrès américain qui ont adressé une lettre de protestation, le 3 août, au président égyptien Hosni Moubarak. Ils y rappelaient notamment qu'une partie des contribuables payant les impôts servant à fournir annuellement deux milliards de dollars d'aide économique et militaire à l'Egypte étaient «des gay et lesbiennes».
«Un vice condamnable»
Les «déviants sexuels», comme les appelait la presse égyptienne, avaient été arrêtés le 11 mai dans une discothèque sur le Nil. Après publication de leurs photos, noms, occupation et même adresses dans la presse 52 d'entre eux ont été traduits devant la cour de la sécurité de l'Etat, qui est tribunal d'exception dont les jugements sont sans appel auprès d'une cour supérieure. La législation égyptienne, largement copiée sur le droit français, ne considérant pas l'homosexualité comme un crime ou même un délit il fallait recourir à une cour de la sécurité de l'Etat pour pouvoir juger les accusés. Cette cour est, en effet chargée des affaires d'atteinte à la sécurité de l'Etat considérées comme trop graves pour être jugées par un tribunal normal. Le procureur a choisi de se cacher derrière l'islam pour formuler ses accusations de «mépris de l'islam» et de «pratiques sexuelles contraires à l'islam». L'islam est considéré comme une base essentielle de la sécurité de l'Etat et plusieurs personnes (athées, libres penseurs) ont déjà été condamnées pour «mépris de l'islam».
Selon les observateurs, c'est la multiplication des sites, listes de mailing et de forum homosexuels égyptiens sur Internet qui ont provoqué la violente réaction des autorités. Le ministère de l'Intérieur dispose depuis peu d'un département chargé des «crimes et délits» liés à Internet. Profitant du fait que l'opinion publique considère l'homosexualité comme «un vice condamnable» le gouvernement avait décidé de faire d'une pierre deux coups : occuper l'opinion avec une affaire scabreuse et donner une pâture peu coûteuse aux Frères musulmans dont 17 membres ont été élus au parlement. Un mauvais calcul au vu des réaction internationales condamnant cette chasse aux sorcières !
«Procès inique». C'est ainsi que l'organisation internationale de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW) a qualifié le procès commencé le 18 juillet. «Par ce procès, le gouvernement voulait apparemment détourner l'attention de l'opinion publique de ses politiques impopulaires et apaiser les éléments conservateurs de la société égyptienne» a déclaré M. Joe Stork, directeur pour le Proche-Orient de HRW, avant d'appeler Le Caire à «relâcher les condamnés immédiatement et sans conditions». Gayegypt.com, dernier site homosexuel égyptien sur Internet, a été encore plus dur. Il a condamné «le régime égyptien de plus en plus répressif» et appelé les touristes à boycotter l'Egypte «pour ne pas subventionner la torture». Le site rappelle que plusieurs des accusés ont affirmé avoir été torturés mais que le tribunal a refusé de faire vérifier leurs allégations par des médecins alors qu'il a accepté de leur faire subir une visite médicale «visant à déterminer s'ils avaient pratiqué des rapports anaux».
Pour les observateurs, ces condamnations vont probablement constituer le début d'une levée de bouclier qui risque d'être embarrassante pour le gouvernement égyptien soucieux de son image de marque en Occident. En effet, plusieurs organisations de défense des droits de l'homme avaient condamné les procès dès son ouverture tandis que plusieurs chancelleries avaient dépêché des diplomates assister aux séances. Amnesty International avait estimé que les inculpés étaient «des prisonniers de conscience qui doivent être immédiatement relâchés si tout ce qu'on leur reproche est leur comportement sexuel présumé».
L'affaire avait aussi provoqué la «désapprobation» de 35 membres du Congrès américain qui ont adressé une lettre de protestation, le 3 août, au président égyptien Hosni Moubarak. Ils y rappelaient notamment qu'une partie des contribuables payant les impôts servant à fournir annuellement deux milliards de dollars d'aide économique et militaire à l'Egypte étaient «des gay et lesbiennes».
«Un vice condamnable»
Les «déviants sexuels», comme les appelait la presse égyptienne, avaient été arrêtés le 11 mai dans une discothèque sur le Nil. Après publication de leurs photos, noms, occupation et même adresses dans la presse 52 d'entre eux ont été traduits devant la cour de la sécurité de l'Etat, qui est tribunal d'exception dont les jugements sont sans appel auprès d'une cour supérieure. La législation égyptienne, largement copiée sur le droit français, ne considérant pas l'homosexualité comme un crime ou même un délit il fallait recourir à une cour de la sécurité de l'Etat pour pouvoir juger les accusés. Cette cour est, en effet chargée des affaires d'atteinte à la sécurité de l'Etat considérées comme trop graves pour être jugées par un tribunal normal. Le procureur a choisi de se cacher derrière l'islam pour formuler ses accusations de «mépris de l'islam» et de «pratiques sexuelles contraires à l'islam». L'islam est considéré comme une base essentielle de la sécurité de l'Etat et plusieurs personnes (athées, libres penseurs) ont déjà été condamnées pour «mépris de l'islam».
Selon les observateurs, c'est la multiplication des sites, listes de mailing et de forum homosexuels égyptiens sur Internet qui ont provoqué la violente réaction des autorités. Le ministère de l'Intérieur dispose depuis peu d'un département chargé des «crimes et délits» liés à Internet. Profitant du fait que l'opinion publique considère l'homosexualité comme «un vice condamnable» le gouvernement avait décidé de faire d'une pierre deux coups : occuper l'opinion avec une affaire scabreuse et donner une pâture peu coûteuse aux Frères musulmans dont 17 membres ont été élus au parlement. Un mauvais calcul au vu des réaction internationales condamnant cette chasse aux sorcières !
par Alexandre Buccianti
Article publié le 15/11/2001