Egypte
Le coût de la guerre
Extérieure au conflit, l’Égypte n’en est pas moins sérieusement affectée par celui-ci. C’est surtout le tourisme qui souffre.
De notre envoyé spécial au Caire
Les touristes se font rares sur les rives du Nil. En face du musée égyptien, au centre ville, le vendeur du Bazar Nefertiti se lamente : «Depuis les frappes sur l’Irak, je n’ai même pas fait pour 50 livres de vente. Avant la guerre, il y avait du monde dans la rue. Maintenant regardez ! Il n’y a personne !». L’absence de touristes est la conséquence la plus visible de la guerre en Irak sur l’Égypte. Dans les hôtels, en pleine saison touristique, le taux d’occupation est tombe a 30 ou 40%. Ibrahim, propriétaire du Dahab Hotel, très prisé des routards, fait ses comptes : «Actuellement 13 chambres sur 38 sont occupées. Dans une semaine, il n’y en aura plus que 5 ou 6. Les gens ont peur de prendre l’avion. J’ai des réservations pour le mois d’avril, des familles qui veulent venir. Je prie Dieu pour qu’il n’annule pas». Dans un pays ou un égyptien sur dix vit du tourisme, ce coup dur n’a rien d’anecdotique. Comme après le 11 septembre 2001, l’Égypte subit les répercussions d’une crise qui se passe pourtant loin de ses frontières.
«L’Égypte est un pays qui bénéficie de "rentes" économiques : le tourisme, les revenus pétroliers, les recettes du Canal de Suez et l’argent envoyé par les travailleurs immigres dans le golfe, explique Hervé Piquet, chef de la mission économique française au Caire. Ces quatre rentes sont fortement exposées aux chocs extérieurs et seront nécessairement touchées par ce qui se passe en Irak. La grande question est de savoir combien de temps la guerre va durer.» Sans compter que L’Irak absorbe pas loin du quart des exportations égyptiennes (20%) : un milliard de dollars. Conscients du risque pour l’Égypte, les États-Unis s’apprêtent a débloquer une aide exceptionnelle de 300 millions de dollars. Une goutte d’eau, comparée à la facture de 6 et 8 milliards de dollars de manque de gagner estimé par le gouvernement égyptien.
La guerre tombe au plus mauvais moment pour l’Égypte
Depuis deux ans, l’économie bondissante du «Tigre du Nil» est en panne. La récession menace et surtout, depuis la dévaluation de la livre qui a perdu plus de 20% de sa valeur depuis janvier, tous les égyptiens constate la valse des étiquettes. Les produits importes bien sur, mais aussi le sucre, l’huile, la farine, le lait… Malgre les subventions annoncées ces derniers jours par le ministère de l’Approvisionnement sur certains produits de première nécessité, l’immense majorité des egyptiens ressent une réelle dégradation de son niveau de vie. Le chômage augmente, y compris parmi les diplômes et depuis quelques semaines certaines entreprises payent leurs employés avec retard. Ce mécontentement s’ajoute au sentiment de frustration de la ‘rue égyptienne’ face a une guerre vécue comme «une agression contre le monde arabe et musulman».
Les touristes se font rares sur les rives du Nil. En face du musée égyptien, au centre ville, le vendeur du Bazar Nefertiti se lamente : «Depuis les frappes sur l’Irak, je n’ai même pas fait pour 50 livres de vente. Avant la guerre, il y avait du monde dans la rue. Maintenant regardez ! Il n’y a personne !». L’absence de touristes est la conséquence la plus visible de la guerre en Irak sur l’Égypte. Dans les hôtels, en pleine saison touristique, le taux d’occupation est tombe a 30 ou 40%. Ibrahim, propriétaire du Dahab Hotel, très prisé des routards, fait ses comptes : «Actuellement 13 chambres sur 38 sont occupées. Dans une semaine, il n’y en aura plus que 5 ou 6. Les gens ont peur de prendre l’avion. J’ai des réservations pour le mois d’avril, des familles qui veulent venir. Je prie Dieu pour qu’il n’annule pas». Dans un pays ou un égyptien sur dix vit du tourisme, ce coup dur n’a rien d’anecdotique. Comme après le 11 septembre 2001, l’Égypte subit les répercussions d’une crise qui se passe pourtant loin de ses frontières.
«L’Égypte est un pays qui bénéficie de "rentes" économiques : le tourisme, les revenus pétroliers, les recettes du Canal de Suez et l’argent envoyé par les travailleurs immigres dans le golfe, explique Hervé Piquet, chef de la mission économique française au Caire. Ces quatre rentes sont fortement exposées aux chocs extérieurs et seront nécessairement touchées par ce qui se passe en Irak. La grande question est de savoir combien de temps la guerre va durer.» Sans compter que L’Irak absorbe pas loin du quart des exportations égyptiennes (20%) : un milliard de dollars. Conscients du risque pour l’Égypte, les États-Unis s’apprêtent a débloquer une aide exceptionnelle de 300 millions de dollars. Une goutte d’eau, comparée à la facture de 6 et 8 milliards de dollars de manque de gagner estimé par le gouvernement égyptien.
La guerre tombe au plus mauvais moment pour l’Égypte
Depuis deux ans, l’économie bondissante du «Tigre du Nil» est en panne. La récession menace et surtout, depuis la dévaluation de la livre qui a perdu plus de 20% de sa valeur depuis janvier, tous les égyptiens constate la valse des étiquettes. Les produits importes bien sur, mais aussi le sucre, l’huile, la farine, le lait… Malgre les subventions annoncées ces derniers jours par le ministère de l’Approvisionnement sur certains produits de première nécessité, l’immense majorité des egyptiens ressent une réelle dégradation de son niveau de vie. Le chômage augmente, y compris parmi les diplômes et depuis quelques semaines certaines entreprises payent leurs employés avec retard. Ce mécontentement s’ajoute au sentiment de frustration de la ‘rue égyptienne’ face a une guerre vécue comme «une agression contre le monde arabe et musulman».
par Karim Lebhour
Article publié le 04/04/2003